La Ville de Marseille a organisé jeudi 24 mars une rencontre avec des citoyens et associatifs dans la mairie des 4e-5e arrondissements. Un atelier consultatif pour détailler les enjeux de la nouvelle charte de construction durable, adoptée en conseil municipal le 1er octobre dernier. Le document se présente sous la forme d’une liste de dix engagements pour une mixité sociale, une végétalisation urbaine et une densité adaptée – « les dix principes clés du bon sens urbain », précise Mathilde Chaboche, l’adjointe au maire de Marseille en charge de l’urbanisme. Il a été rédigé par les services de la mairie, avec l’appui des associations et professionnels du secteur immobilier : promoteurs, constructeurs, architectes, bailleurs etc.
La ville durable, c’est une ville qui se rétracte, qui cherche de la hauteur pour libérer le sol.
Mathilde Chaboche
Cette réunion, c’est surtout l’occasion, selon Didier Jau, maire du troisième secteur, de « discuter avec les habitants, de leur donner la parole pour connaître les spécificités de chaque quartier ». Car le document en vigueur est contesté par certains professionnels. Notamment la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui voit en cette charte « une succession d’obligations unilatérales ». La FPI craint également que ce document ne provoque une hausse des prix. La fédération locale présage une augmentation de 16% des charges. À notre micro, Mathilde Chaboche défend sa charte. Selon elle, « Marseille n’a pas encore trouvé son urbanisme » et doit assumer une rupture avec les anciennes pratiques.
Que répondez-vous à la FPI qui estime que cette charte va provoquer une hausse du prix des charges ?
Mathilde Chaboche : Dès qu’on met un peu d’ambition dans ce qu’on fait, dès qu’on pousse les curseurs, il y a toujours des gens dont cela dérange les équilibres. Je suis convaincue que le monde de la construction est un monde très adaptatif, très agile, qui saura s’adapter à ces nouvelles contraintes, et recomposer les opérations un peu différemment. Comme il le fait d’ailleurs dans toutes les villes de France puisqu’elles ont toutes une charte de la construction, y compris Aix-en-Provence, qui ne me semble pas être une ville qui veille à ce que l’économie s’effondre.
Le Printemps Marseillais annonçait dans son programme un objectif de 5000 logements supplémentaires par an, où en est-on ?
M. C. : Les 5000 logements, c’est l’objectif cible à long terme. La situation dont on hérite quand on est élus (en juin 2020), c’est autour de 2000 par an. Effectivement, on ne passe pas en trois claquements de doigt de 2000 à 5000, on y va par étapes. La première année de notre mandat (…) on était sur une année d’effondrement, une année très compliquée avec la crise sanitaire. Nous avons sorti un peu moins de 2000 logements. Dès 2021, ça remonte un peu, on était environ à 2100. Et là, d’après les tendances actuelles, nous arriverions à 2600-2800 en fin d’année. L’idée c’est que ça continue.
L’État peut vous aider ?
M. C. : On signe avec l’État un contrat de relance du logement, dans lequel on prend un engagement de 3000 (logements) par an. C’est un seuil qu’il faudra dépasser, et à partir duquel l’État nous subventionne en partie (…) On y sera sans doute pas en 2022, mais on va travailler pour atteindre cet objectif dès 2023.
Document source : la charte de construction durable
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