A plusieurs titres, le secteur 6-8 est l’un des plus chargés d’enjeux dans l’optique du second tour des élections municipales à Marseille. Tout d’abord symbolique pour la candidate LR Martine Vassal, qui n’a pas le droit à l’erreur dans ce fief électoral historique de la droite phocéenne. Or au premier tour, elle n’a devancé que de 806 voix sa rivale Olivia Fortin, tête de liste dans ce secteur pour la liste d’union des gauches du Printemps marseillais. Le jeu des alliances s’avèrera déterminant dans le résultat final.
Quelles réserves de voix pour Martine Vassal et Olivia Fortin ?
En arrivant en tête du premier tour dans le 6-8 avec 27,17 % des suffrages, Martine Vassal a sauvé les meubles. Toutefois, elle a récolté 23 points de moins que Jean-Claude Gaudin il y a 6 ans, qui avait été élu dès le premier tour dans ce bastion de la droite avec 50 % des voix. Pire, elle est talonnée par Olivia Fortin, sa concurrente du Printemps marseillais arrivée deuxième avec 24,41 % des voix. En cela, la division de la droite lui aura été préjudiciable. Toutefois, on peut considérer avec raison que la présidente de la Métropole et du Département devrait bénéficier du report des 8,79 % d’électeurs qui ont voté pour Ludovic Perney, candidat tête de la liste dissidente DVD de Bruno Gilles dans ce secteur. Mais le report de voix sera-t-il total alors que la division s’est installée dans ce camp.
De son côté, Olivia Fortin devrait logiquement recevoir le soutien de la candidate écologiste Christine Juste, arrivée en cinquième position avec 11,94 % des voix. Quant au candidat du RN Bernard Marandat, avec ses 13,3 % obtenus au premier tour, il devrait se maintenir. Ainsi, en additionnant des reports de voix naturels, on obtient une égalité presque parfaite : 36,5 % pour Martine Vassal, 36,4 % pour Olivia Fortin. Toutefois, cette élection ne devrait pas se jouer sur de simples additions, d’autres facteurs cruciaux étant appelés à influer sur le résultat final.
Yvon Berland et les abstentionnistes en arbitres
La grande inconnue de ce second tour dans le 6-8 concerne Yvon Berland, candidat tête de liste société civile soutenu par LREM, arrivé en quatrième place avec 12,25 % des voix. La consigne de vote qu’il pourrait donner pour l’un ou l’autre candidat pourrait s’avérer cruciale. S’il n’est un secret pour personne que l’homme incline personnellement plutôt vers la droite, il doit faire face au sein de son camp à un courant favorable à un rapprochement avec le Printemps marseillais. Il n’est pas impossible également que survienne un retrait pur et simple de sa candidature, sans consigne de vote, auquel cas il est difficile de prévoir à quel camp iront les votes de ses électeurs.
Alors que LREM est en position de faiblesse sur l’ensemble de la ville, Yvon Berland se retrouve donc dans un rôle d’arbitre dans le 6-8, en vertu duquel il pourrait être tenté de rejoindre le camp le mieux placé pour l’emporter. Enfin, la forte abstention du premier tour (62,88 % des inscrits), liée en partie à l’épidémie de coronavirus, est un facteur important à considérer. Elle aura probablement plus pénalisé Martine Vassal, du fait qu’une partie de son électorat traditionnel plus âgé n’aura pas jugé prudent de se déplacer aux urnes le 15 mars dernier, en pleine vague épidémique. L’élection paraît donc plus que jamais ouverte dans ce secteur outrageusement dominé par Jean-Claude Gaudin depuis 25 ans.
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