Mise sous cloche pendant plus de deux mois, la campagne municipale est repartie depuis l’annonce du gouvernement de fixer le second tour le 28 juin. Dans la cité phocéenne, les traditionnelles tractations d’entre-deux-tours ont fait leur grand retour, se cristallisant autour des secteurs qui peuvent faire basculer l’élection, les “swing secteurs” à l’image des “swing states” qui peuvent faire basculer aux Etats-unis le destin d’une élection présidentielle. Parmi ces secteurs, celui qui couvre les 2e et 3e arrondissements de la ville est marqué par un éclatement des voix au premier tour qui permet d’envisager toutes les combinaisons.
Dans les 2e et 3e arrondissements, le mano a mano qui a eu lieu au premier tour des élections municipales entre Solange Biaggi (LR) et Lisette Narducci (DVD, liste de Bruno Gilles) ressemble à s’y méprendre à la situation qui prévalut en 2014. En 2020, ce sont 24 petites voix qui ont séparé les deux candidates (16,71 % des voix pour la première contre 16,45 % pour la seconde), contre 53 en 2014 (24,18 % des voix pour Mme Narducci contre 23,80 % pour Mme Biaggi). La différence étant que, cette année, les deux femmes ne font plus la course en tête.
En effet, le conseiller municipal PS Benoît Payan est passé par là, récoltant 25,98 % des suffrages pour la liste d’union de la gauche du Printemps marseillais. Si le ralliement de la candidate EELV Nouriati Djambae (7,04 %) ne fait aucun doute, il est également crédible de voir Alain Lhote (DVG, liste de Samia Ghali, 9,99 % des voix) pencher pour la liste du Printemps marseillais. Ce qui donnerait une addition théorique de voix avoisinant les 43% pour le candidat Payan. La position de Maliza Saïd Soilihi (LREM, 8,25 %) reste quant à elle floue à ce stade, tout comme l’est celle de LREM à l’échelle de la ville.
Lisette Narducci en arbitre du match LR – Printemps marseillais ?
En politique, Lisette Narducci a tout du caméléon. Maire du secteur 2-3 depuis 2001, elle a porté dans le sillage de Jean-Noël Guérini l’étiquette PS jusqu’en 2014. Avant d’en être exclue en 2014, où elle scella une alliance surprise avec Jean-Claude Gaudin, qui lui permit de sauver son fauteuil de maire – cette fois avec l’estampille du Parti radical de gauche (PRG). Au détriment de Solange Biaggi, qui dut remiser ses ambitions au profit de sa concurrente.
Cette année, Lisette Narducci a décidé de rempiler avec une figure de la droite, en la personne de Bruno Gilles, candidat DVD dissident de LR. Or, à l’image du président LR de la Région Sud Renaud Muselier, nombreux sont ceux qui plaident désormais à droite pour une réconciliation de circonstance entre le sénateur des Bouches-du-Rhône et Martine Vassal – pourtant en mauvais termes. Si les deux concurrents parvenaient à s’entendre, Solange Biaggi pourrait-elle une nouvelle fois s’effacer au profiter de Lisette Narducci ?
Vers une quadrangulaire de tous les possibles ?
C’est en tout cas le souhait exprimé par Bruno Gilles dans un entretien publié sur Gomet’ le 25 mai, dans lequel le sénateur indique « travailler pour faire une liste avec Alain Lhote et Maliza Said », et où il invite Solange Biaggi à se retirer. Toutefois, les inimitiés entre Lisette Narducci et cette dernière sont connues, et l’élue LR aurait d’ores et déjà indiqué à ses militants qu’elle ne retirerait pas sa liste.
Si tel était le cas, c’est une quadrangulaire très incertaine qui se profilerait dans les 2e et 3e arrondissements, avec le probable maintien de la candidate RN Jeanne Marti (13,48 % des voix au premier tour). Encore une fois, le positionnement de Lisette Narducci – et au-delà celui de Bruno Gilles à l’échelle de la ville – sera décisif dans le résultat final, sur fond de lutte entre Martine Vassal et le Printemps marseillais pour la mairie centrale.
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