Une semaine : c’est donc le temps qu’aura survécu la « corona-piste » cyclable du Prado 1. Commencée mardi 12 mai, achevée une semaine plus tard, elle a été démantelée par les services de la Métropole dans la nuit du 25 au 26 mai. C’est un communiqué diffusé dans l’après-midi du 25 par la collectivité dirigée par Martine Vassal (LR) qui a signé l’arrêt de mort de cet axe cyclable qui faisait partie des 9 kilomètres de “corona-pistes” censées offrir une alternative aux usagers des transports en commun en période de déconfinement. « [La piste cyclable] du Prado n’a pas trouvé son public » avance la Métropole, sans toutefois fournir de comptage officiel. Ainsi, alors que l’ambition cyclable de départ semblait déjà minimale avec 9 petits kilomètres annoncés – en comparaison des 50 kilomètres de pistes déployés à Lyon par exemple et aux 1000 kilomètres observés au niveau national – elle se réduit désormais à peau de chagrin.
« L’expérimentation s’avère particulièrement concluante sur La Canebière » tente tout de même de nuancer la Métropole, qui pourrait y pérenniser les aménagements temporaires mis en place. En ce qui concerne le Prado, la collectivité invoque « une délicate cohabitation entre les différents modes de déplacements et un sentiment d’insécurité pour les usagers cyclistes qui, positionnés entre voie de bus et voie de circulation étroite pour les voitures, doivent également faire face à l’incivilité de certains conducteurs de deux-roues motorisés ». Un manque de sécurité pourtant imputable à la nature des aménagements réalisés par la Métropole, mais utilisé comme justification à la suppression d’un équipement avec lequel les usagers n’ont eu que quelques jours pour se familiariser.
Gaspillage d’argent public et incohérence : la colère des usagers
« Quel gaspillage de l’argent public ! » s’exclame l’association Ramdam dans un communiqué du 26 mai, qui reconnaît que « coincée entre une voie automobile impatiente et un couloir de bus qui vous frôlaient sans crier gare, il n’y avait rien de sécurisant à emprunter [la piste cyclable du Prado] ». « Jamais les associations n’auraient préconisé une telle solution et nous avons été fort dubitatifs quand on nous l’a présentée » est-il écrit dans le communiqué, qui pointe « l’influence néfaste d’une municipalité que l’on sait acquise à l’automobile depuis plus de 25 ans », et déplore que « tout ce qui touche à la circulation automobile et à son stationnement sur l’espace public relèvent d’un casus belli que personne ne doit aborder ».
C’est inacceptable . De l’argent jeté par la fenêtre en pleine crise. C’est arrogant, c’est irresponsable ! Un projet à peine abouti et détruit. https://t.co/J0aaDEm5Tq
— A.Levy-Mozziconacci (@levymozzi) May 26, 2020
Cette décision a par ailleurs soulevé de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Annie Levy-Mozziconacci, conseillère municipale PS et candidate aux municipales sur la liste EELV Debout Marseille!, s’interroge : « A peine installée déjà enlevée ! Où est la cohérence ? Qu’on m’explique ! ». Ainsi, après la marche arrière de Maryse Joissains à Aix, c’est au tour de Marseille de connaître une reculade sur la question du vélo. Toutefois, pour la Métropole, le cap ne change pas d’un pouce, en apparence : « De nombreux aménagements cyclables supplémentaires continueront à voir le jour dans le centre-ville de Marseille d’ici la fin de l’été, notamment sur les boulevards Baille et de la Blancarde et la rue d’Aix » détaille le communiqué. Un discours, et des actes, pour le moins ambigus, alors que reprend la campagne de second tour des élections municipales dans la cité phocéenne.
Document source : le communiqué de la Métropole
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