6e Festival des sciences et des arts : un dialogue entre savoirs et croyances

Le 4 septembre, aux Grandes Tables de la Criée, élus, chercheurs et responsables culturels se sont retrouvés autour d’un petit déjeuner pour lever le voile sur la 6ᵉ édition du Festival des sciences et des arts. L’événement se tient du 16 au 20 septembre à Marseille, Aix-en-Provence et Aubagne.

Maryline Crivello (AMU) : « La science est en danger »

« Science et art sont un moteur dans notre réflexion », a lancé Robin Renucci, directeur du Théâtre de la Criée, en ouvrant la rencontre. Selon lui, ce festival s’inscrit dans « une lutte contre l’obscurantisme » et dans l’idée d’un « public émancipé ».

Cette année, le thème choisi — Science et croyances — résonne avec l’actualité. Pour Maryline Crivello, vice-présidente du conseil d’administration d’Aix-Marseille Université et conceptrice du festival, « la science est en danger ». Elle rappelle que « pour penser un sujet, on ne peut pas rester seul dans sa discipline », et insiste sur la dimension collective : « Ce festival est un véritable travail en partenariat. Le mot clé du festival, c’est l’ouverture. »

100 intervenants de 27 disciplines différentes sur cinq jours

Durant cinq jours, plus de cent intervenants de 27 disciplines différentes animeront le festival. Les rencontres se déroulent dans plusieurs lieux emblématiques : le Mucem à Marseille, la MMSH (Maison méditerranéenne des sciences de l’homme) à Aix, le Satis à Aubagne. Conférences, expositions, performances ou ateliers se succéderont avec une ambition commune : croiser les savoirs et ouvrir le dialogue.

Ce festival est aussi l’occasion de « fêter la rentrée », souligne Rémi Baille (Revue Esprit et producteur de podcast), coordinateur du festival, qui rappelle que l’événement est entièrement pensé pour les étudiants. « Une vie étudiante est compliquée », regrette-t-il. C’est pourquoi toutes les propositions sont gratuites, et les pique-niques du midi offerts. À Aix, le directeur de la MMSH, Cyril Isnard, voit quant à lui dans l’événement, « l’occasion de montrer ce que nous faisons ». L’institution met d’ailleurs à disposition du public des surplus de livres de recherche et présentera deux expositions.

Lors des journées à Aix, la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme accueille une table-ronde sur les religions, mais aussi une performance où un violoniste et un anthropologue feront « parler les fées ». À Marseille, le Mucem propose une visite de l’exposition Lire le ciel, mise en regard avec une table-ronde animée par Aurélie Biancarelli, adjointe au maire de Marseille, déléguée à l’enseignement supérieur, la vie étudiante et la recherche. D’autres rendez-vous explorent des terrains sensibles : un débat sur la liberté académique avec des chercheurs en exil, ou encore une réflexion sur la place des croyances dans la médecine, organisée par l’Institut Paoli-Calmettes.

« C’est un partenariat solide et très puissant, insiste Anne Faure, représentante du Mucem. Le Mucem a cette vocation d’être une cité culturelle. »

Rendez-vous au Mucem les 18 et 19 septembre pour les Festival des sciences et des arts — Le Mucem accueille le Festival des sciences et arts durant deux jours sur l’ensemble de l’établissement, soit la plateforme J4 et le Fort Saint-Jean (Crédit : archives Gomet’)

10 000 visiteurs attendus en 2025

Depuis sa création en 2019, le Festival des sciences et des arts a pris de l’ampleur. Après l’interruption causée par la pandémie de Covid-19, il a rassemblé 3 000 visiteurs en 2022 puis 6 000 en 2024. Les organisateurs visent désormais 10 000 participants. Mais au-delà des chiffres, Maryline Crivello préfère retenir « la qualité des rencontres » ainsi que « toutes les rencontres improbables » que l’événement suscite.

Côté budget, la Ville de Marseille soutient le festival à hauteur de 25 000 euros par an depuis trois ans. Elle précise que ce budget s’ajoute aux millions déjà engagés dans le CPER et aux dispositifs de lutte contre la précarité étudiante. Le Département participe également, mais aucun montant n’a été mentionné. En revanche, la Drac, qui participait aux financements jusqu’à présent, n’a pas reconduit sa subvention cette année.

« Ce qui nous réunit, c’est l’émotion, la surprise, l’interrogation , résume Aurélie Biancarelli, adjointe de la Ville de Marseille. Cette création d’émotion se construit dans les rencontres. » Et le rendez-vous ne s’arrête pas au 20 septembre. Le Théâtre de la Criée accueillera le 6 octobre un débat consacré aux pouvoirs publics et à la culture. De quoi prolonger le dialogue.