Depuis début juin, le Conservatoire du littoral est devenu le gestionnaire des 850 hectares de domaine public maritime au large des îles du Frioul. Cette décision permet de mettre en cohérence les gestions territoriale et marine, puisque le Conservatoire est propriétaire de 138 hectares d’espaces naturels protégés sur les îles du Frioul. Une gestion intégrée sera donc assurée sur près de 1000 hectares qui sont placés sous la protection du Conservatoire avec un pilotage quotidien qui associe le Parc national des Calanques et la Ville de Marseille.
Les services de l’État, ont donc cédé le domaine public maritime au droit des îles (voir carte) y compris autour du Château d’If, pour mettre en place une “gestion intégrée, efficiente, cohérente” entre les parties terrestres et maritimes, de la côte à 500 m en mer. François Fouchier, directeur du Conservatoire, nous précise qu’il s’agit “d’avoir un outil moderne qui permet au gestionnaire d’avoir autorité en tant qu’inspecteur de l’environnement”. Très concrètement les personnels de la Ville, du Parc et du Conservatoire auront un pouvoir de police de l’environnement, d’éducation, de prévention sur les 990 hectares. Le Conseil municipal de Marseille devait dans sa séance du 30 juin voter un avenant qui permette la mise en place de cette nouvelle gestion. Didier Réault, vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence délégué à la mer, au littoral, au cycle de l’eau président du Parc des Calanques nous confie qu’il aurait préféré une mise en place “moins précipitée, plus concertée et consensuelle”.
Les nombreuses pressions d’usages
Dans un langage choisi le communiqué fait état des “nombreuses pressions d’usages qui s’exercent sur ce territoire marin extrêmement fréquenté et des enjeux de protection du milieu naturel particulièrement fragiles” . Chacun sait que la zone du Frioul est le territoire privilégié des plaisanciers, marseillais en particulier, que certains pêcheurs y ont leur zone de travail, et que les îles de Ratonneau et Pomègues connaissent en mer une surfréquentation touristique estivale nuisible à la faune et à la flore.
Le Comité de gestion des espaces naturels protégés terrestres qui depuis 2014 réunit les acteurs concernés va s’élargir au milieu marin ; il va définir les actions à mettre en œuvre pour mieux préserver les habitats naturels et la biodiversité. Le communiqué évoque une potentielle “spécialisation des activités” limitant les effets négatifs et les pressions sur le milieu naturel avec report des mouillages hors des herbiers de posidonie ou installation de mouillages fixes pour les clubs de plongée etc. Ce comité de gestion pourrait ainsi proposer aux autorités de l’État (qui restent compétentes en matière réglementaire) des mesures d’organisation de l’espace. Pour l’instant, ce transfert de compétences n’apporte ni « mise sous cloche », ni aucun changement de réglementation, il élargit les pouvoirs de police aux trois institutions qui interviennent au Frioul. Dès cet été, grâce au nouveau dispositif financier de garde régionale marine mis en place par la région, la ville de Marseille a recruté deux écogardes saisonniers complémentaires en mer ; leur action consistera à sensibiliser les usagers aux bonnes pratiques de mouillage afin de mieux préserver les herbiers de posidonie qui séquestrent au mètre carré beaucoup plus de carbone que la forêt amazonienne. Lors de leur patrouille, ces gardes effectueront un relevé de fréquentation du plan d’eau qui alimentera une étude menée par le Parc pour organiser le mouillage afin de mieux préserver l’herbier de posidonie et concilier les différents usages.
Dans une première étape seront donc privilégiés l’information, la sensibilisation, la mobilisation des visiteurs et habitants des îles sur la richesse et la fragilité des milieux naturels marins. Des réserves côtières à visée pédagogique pourraient permettre d’accueillir les scolaires et à partir du printemps 2025, l’ouverture de la Maison des îles et du littoral offrira un lieu pédagogique dédié au patrimoine naturel et culturel des îles ouvert à tous.
Ce transfert de compétences opérationnelles intéresse le Conservatoire du littoral, vers la Côte bleue avec la perspective d’attribution des 10 000 hectares du parc marin, en continuité des espaces terrestres qu’il a déjà en gestion.
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