En ouverture du conseil municipal du lundi 23 novembre, Michèle Rubirola a rappelé les conditions particulières qui entourent ce nouvel exercice. A cause de la crise sanitaire, la nouvelle majorité a décidé de modifier l’ordre du jour en supprimant un certain nombre de dossiers clivants comme l’aide aux migrants et la réponse aux recommandations de la chambre régionale des comptes. « J’ai souhaité aujourd’hui un conseil municipal apaisé. Il n’est pas question d’évacuer les débats sur ces sujets qui seront étudiés ultérieurement. La démocratie y gagnera un temps de réflexion », explique la maire de Marseille. En plus de ces rapports reportés, l’équipe municipale a également mis à l’ordre du jour de nouvelles mesures de soutien à la population pour faire face à la crise sanitaire.
Pas de trêve pour l’opposition malgré la crise sanitaire
Les dix premiers rapports de ce nouveau conseil municipal sont consacrés à la lutte contre l’épidémie : doublement de l’aide alimentaire avec 1 000 repas et 2 000 masques quotidiens distribués par les équipes du Samu Social, la création d’une cellule d’écoute et de réponses à la situation de la crise sanitaire sur Allo mairie, identification de logements scolaires vacants pour accueillir les personnes vulnérables… Autant de mesures que l’opposition de droite a décidé d’approuver annonce Catherine Pila, présidente du groupe Une volonté pour Marseille. « Aujourd’hui, notre groupe va vous soutenir en votant la totalité des rapports que vous présentez contre la crise sanitaire. Certains étaient tentés de mettre en balance votre action en comparaison avec les 200 millions d’aides de la Métropole et du Département. Je ne le ferai pas ».
Mais la trêve n’aura pas duré. La présentation des premiers rapports tourne rapidement à la joute verbale entre les deux camps. Dès son propos introductif, Catherine Pila attaque le fameux binôme Rubirola-Payan à la tête de la Ville citant l’article de Paris Match « La maire fantôme et son omniprésent premier adjoint » : « Quel choc pour les Marseillais de découvrir cette réalité ! ». Le maire des 9e et 10e arrondissements de Marseille, Lionel Royer-Perreaut, estime pour sa part que la mairie pourrait faire mieux pour cette crise sanitaire : « Nous avons la sensation que vous apportez des réponses de droit commun sans aller au-delà. Nous aurions pu imaginer des mesures encore plus exceptionnelles », avance-t-il.
L’ancien président du groupe majoritaire de Jean-Claude Gaudin, Yves Moraine, souhaite pour sa part rappeler ce que son équipe a fait dans les domaines de la solidarités, de la santé et de l’économie : 2 000 repas par jour dans les centres sociaux, 4 000 paquets de couches distribués, ouverture de douches et toilettes des gymnases pour les SDF, 4 millions d’euros de participation aux fonds de soutien des entreprises, report de la taxe de séjour pour l’hôtellerie… « On peut rentrer dans les détails si vous le souhaitez, lui rétorque Audrey Garino, déléguée aux affaires sociales, à la solidarité, à la lutte contre la pauvreté et à l’égalité des droits. Et oui, on fait mieux avec 43 000 couches dans un rapport voté aujourd’hui ou encore les gymnases ouverts toute la journée pour les SDF. J’avais par visio la semaine dernière le responsable d’une des plus grandes associations d’aide alimentaire et il m’a appris que c’était la première fois qu’un adjoint de la mairie le recevait », ajoute Audrey Garino.
Emmanuelle Charafe réclame une position claire de la mairie sur le projet économique à Sainte-Marguerite
A l’occasion du rapport n°11 sur le projet municipal de santé, la vice-présidente à la santé de la Métropole Emmanuelle Charafe, également conseillère municipale d’opposition, interpelle Michèle Rubirola sur le projet de création de village d’entreprises sur le site de l’hôpital Sainte-Marguerite : « Acté il y a quelques mois à la Métropole, le projet est en attente de votre vision politique sur le sujet. Vous êtes désormais présidente du conseil d’administration de l’AP-HM », lui explique-t-elle. « Au prochain conseil municipal, nous aurons une délibération pour confirmer notre soutien à l’AP-HM », lui répond de manière évasive la maire de Marseille. Et d’ajouter en précision que « l’élection à l’AP-HM n’ pas encore eu lieu ».
La droite dénonce le manque de soutien aux commerçants
L’adjoint en charge de la tranquillité publique, la prévention, la écurité et l’espace public, Yannick Ohanessian, présente pour sa part une nouvelle exonération de la taxe d’occupation du domaine public pour les commerçants pour le mois de novembre. Sur ce sujet, Une volonté pour Marseille dépose un amendement pour réclamer une extension de cette exonération à la taxe locale sur les publicités et sur la totalité des neuf mois de l’année depuis avril. « Nous n’hésiterons pas à voter une nouvelle exonération en décembre si il le faut », répond Yannick Ohanessian mais l’amendement est finalement rejeté. Le conseiller municipal d’opposition Didier Tani, lui-même restaurateur, regrette cette opposition : « Nous organisons avec les commerçants une grande manifestation jeudi prochain sur le Vieux-Port. Je vous déconseille de venir car ce sera difficile pour vous car aujourd’hui, tout le monde a vu que vous avez voter contre une aide aux commerçants qui en ont tant besoin », prévient-il à l’adresse de Michèle Rubirola. « J’ai décidé que cette exonération se décidera mois par mois, je n’ai pas changé d’avis », lui répond la maire.
Toujours dans le cadre de la crise sanitaire, le Printemps Marseillais interpelle la Métropole sur la création de nouvelles pistes cyclables. Il dresse une liste de 23 axes éligibles (lire par ailleurs) comme les deux avenues du Prado, le boulevard de Paris (2e) ou encore les rues du projet Quartiers libres de la Belle-de-Mai. La majorité municipale souhaite que Marseille rattrape son retard : « Nous en sommes à 100 kilomètres de pistes cyclables alors qu’ils en ont 800 à Paris ou encore 600 à Strasbourg, sur des superficies bien plus petites », rappelle Rolland Cazzola, élu des 15e et 16e arrondissements. Martine Vassal, la présidente de la Métropole, présente dans la salle renvoie les élus de la Ville au conseil de la Métropole s’étonnant de ne pas avoir « entendu d’intervention jeudi dernier dans l’hémicycle métropolitain ».