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Olivier Guitard (Sartorius) : « Aubagne nous offre toutes les compétences industrielles et R&D »

par Julie Rampal-Guiducci
12 janvier 2022 at 08h18 (Updated on 12 janvier 2022 at 12h04)
Olivier Guitard Sartorius

Olivier Guitard, directeur général France de Sartorius, lors de la venue de la ministre de l'Industrie sur le site d'Aubagne (crédit : JYD / Gomet')

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Le groupe aubagnais spécialisé dans la confection de poches hermétiques, très utilisés en cette période d’épidémie pour le transport des vaccins contre le covid-19, a annoncé fin novembre 2021 un plan très ambitieux de développement de ses trois sites français : Lourdes, Cergy et Aubagne, son siège. L’objectif de cette opération est de doubler ses capacités de production et donc son chiffre d’affaires, le portant ainsi à 5 milliards d’euros d’ici 2025. Un projet à 100 millions d’euros, pour lequel Sartorius s’est vu allouer 18 millions d’euros par l’Etat, annoncés à l’occasion de la venue sur le site d’Aubagne de la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Olivier Guitard, directeur général de Sartorius France, détaille pour Gomet’ ce projet et les ambitions du groupe.

Quelles vont être les activités qui seront développées sur la partie élargie du site d’Aubagne (4000 m² supplémentaires de salles blanches) ?

Olivier Guitard : Les surfaces additionnelles de salles blanches seront consacrées à la production d’assemblages stériles tels que des poches de fermentation petits et grands volumes, et des autres solutions flexibles destinées aux acteurs de l’industrie biopharmaceutique, fabricants des médicaments et des vaccins.

Agnès Pannier-Runacher à Aubagne chez Sartorius (Crédit Gomet’/JYD)

Vous prévoyez la création de 400 emplois d’ici 2025. A combien cela correspond-t-il sur le site d’Aubagne ? Quel type d’emploi ? 

O.G : Nous estimons à date que la majorité de ces créations sera dédiée au site d’Aubagne. Ces emplois seront en CDI. Sartorius recrutera à tous les niveaux jusqu’au doctorat pour tous types de métiers, dans les domaines des opérations (responsables de production, opérateurs sur machine, responsables amélioration continue, etc.), du développement produits (ingénieurs, analystes de données, etc.), et du marketing.

Avec ce plan de développement à 100 millions d’euros, vous prévoyez de réduire également votre impact environnemental. Pourriez-vous préciser ?

O.G : Depuis de nombreuses années, Sartorius s’engage à réduire son empreinte environnementale avec par exemple la réduction de ses déchets de l’ordre de 60% en deux ans (2018-2020). Aujourd’hui, 90% des déchets sont recyclés. Les 10% restants sont des résidus de laboratoire pollués qui sont incinérés. Ce plan de développement s’inscrit logiquement dans une démarche de développement durable : amélioration continue de la gestion de nos déchets, bâtiments à économie d’énergie, pose de panneaux photovoltaïques, etc.

Sur quelles autres innovations, hormis les poches intelligentes visant à transporter les vaccins, travaillez-vous au sein du site d’Aubagne ?

O.G : Les acteurs majeurs engagés dans la lutte contre la covid-19 utilisent les technologies Sartorius fabriquées sur le site d’Aubagne dans la production de protéines recombinantes (anticorps monoclonaux utilisés dans le traitement des cancers, ou traitements thérapeutiques pour la Covid par exemple), de vaccins et de thérapies cellulaires. Notre gamme vise à couvrir chaque étape du bioprocédé de nos clients, les entreprises biopharmaceutiques.  Les technologies Flexsafe® (poches de conservation et de transports de médicaments, ndlr), Celsius® CFT et FFT ( solutions de contrôle des température des substances contenues dans les poches, ndlr) jouent un rôle essentiel dans les étapes de fabrication de nos clients qui comprennent le stockage, le mélange, le transfert et la congélation/décongélation. Nos solutions innovantes prennent en compte des solutions d’assemblage stériles mais aussi les étapes de transfert de fluide, la connexion et déconnexion aseptique ou encore le prélèvement et le dosage en condition aseptique.

Sartorius
Une salle blanche sur le site aubagnais de Sartorius, où sont confectionnées les poches aseptiques (crédit : JYD / Gomet’)

Pouvez-vous détailler le principe de fonctionnement des poches stériles et leur rôle dans le transport des vaccins ?

O.G : Sartorius développe et fabrique sur le site d’Aubagne des solutions stériles et flexibles qui sont fournies pré-stérilisées et prêtes à l’emploi pour stocker et expédier le vrac de vaccins sur les sites de conditionnement final sous format liquide et congelé. Ce sont des solutions complètes qui combinent les containers de stockage et leurs solutions de transport associés garantissant l’intégrité du produit d’un point de vue stérilité et stabilité. Nous sommes continuellement en train de développer des solutions innovantes pour répondre aux besoins grandissants du marché.

Avez-vous des concurrents ? Si oui, lesquels et quelle est votre stratégie pour vous démarquer ?

O.G : Nous avons des concurrents sur le même segment de produits, notamment des concurrents sur le marché américain. Pour se démarquer, Sartorius s’appuie notamment sur l’innovation et l’amélioration continue apportée aux produits ; un large portefeuille de produits avec par exemple le développement de ses propres capacités dans le domaine des milieux de culture cellulaire ; l’assurance d’un accès au marché dans chaque région.

Qui sont précisément vos clients parmi les entreprises de l’industrie pharmaceutique ?

O.G : Tous les laboratoires biopharmaceutiques fabriquant des vaccins, des anticorps monoclonaux et autres biomédicaments sont des clients ou des clients potentiels du groupe Sartorius. Nous travaillons avec la quasi-totalité d’entre eux (Sartorius travaille notamment avec Pfizer et Moderna, leaders actuels du marché du vaccin contre le covid-19, ndlr).

Nos sites fonctionnent 24h/24 et 7j/7 depuis le début de la crise.

Olivier Guitard

De quelle façon le covid-19 a-t-il impacté vos activités (en termes de chiffre d’affaires mais aussi d’activité, de ressources humaines etc.) ? En combien de temps avez-vous mis au point les innovations que vous proposez aujourd’hui aux entreprises qui fabriquent les vaccins ?

O.G : Depuis des décennies, Sartorius connaît une croissance pérenne. Le groupe devrait réaliser une croissance d’environ 45% cette année. La Covid-19 a été un accélérateur important depuis le début de la crise. Sur le plan des ressources humaines, le groupe connaît une augmentation accélérée du nombre d’employés dans le monde par rapport aux années précédentes résultant notamment de l’expansion des capacités de ses sites de production. Toutefois, en raison de la pandémie, l’augmentation de l’effectif a été sous-proportionnée par rapport aux prévisions. Concernant le développement de nos produits, même si de nombreuses solutions Sartorius utilisées par les fabricants de vaccins existaient déjà avant la crise de la Covid-19, nous avons dû réaliser des designs spécifiques liés aux besoins des laboratoires pharmaceutiques, et ce dans un temps record. Enfin, il nous a fallu augmenter le rythme de production de manière significative afin de répondre à la forte demande mondiale, c’est pourquoi nos sites fonctionnent 24h/24 et 7j/7 depuis le début de la crise.

Vos produits seraient-ils impactés par une éventuelle adaptation du vaccin au variant Omicronou à de futurs variants ? Avez-vous déjà eu à adapter vos produits aux précédents variants ?

O.G : Nous nous adaptons au processus de fabrication de nos clients. Si les clients adaptent ceux-ci, nous en ferons tout autant. A date, nous n’avons pas eu à adapter nos processus ou produits pour le variant Omicron.

En quoi Aubagne est-il un pôle stratégique pour Sartorius ?

O.G : Aubagne est depuis toujours notre centre d’excellence dans la fabrication de poches, tubes et connecteurs stériles et flexibles dans le monde. Nous y retrouvons toutes les compétences industrielles et en matière de recherche et développement qui touchent de près ou de loin à la technologie de gestion des fluides. Aubagne présente l’avantage de se trouver dans une Métropole attractive avec Marseille, 2e ville de France, comme ville centre. Ceci facilite le recrutement des talents nécessaires au développement de nos activités. Nous y trouvons notamment un grand port maritime et un aéroport international qui permettent à Sartorius de rayonner à travers le monde.

La ministre de l'Industrie, Agnès Panier-Runacher sur le site Sartorius en décembre 2021 (Crédit Gomet'/JYD)
Les personnalités locales et dirigeants lors de la visite de la ministre de l’Industrie, Agnès Panier-Runacher sur le site Sartorius en décembre 2021 (Crédit Gomet’/JYD)

Comptez-vous créer de nouveaux sites dans le Sud ?

O.G : A date, le groupe ne prévoit pas de créer de nouveaux sites dans la région Sud.

Que va-t-il se passer pour Sartorius si l’épidémie de covid-19 prend fin un jour ?  Comment comptez-vous adapter vos activités ?

O.G : Sartorius est un partenaire de premier plan de l’industrie biopharmaceutique. Le marché des biomédicaments, notamment des vaccins et des anticorps monoclonaux croient à travers le monde de manière rapide et continue. Comme nous l’expliquions précédemment, la Covid « n’a eu qu’un effet accélérateur ». Nous restons ainsi confiants dans la croissance à moyen-long terme du groupe Sartorius.

Liens utiles :

> [Aubagne] L’Etat débloque 18 millions pour le projet d’extension de Sartorius
> L’actualité économique à Aubagne dans notre rubrique dédiée

En savoir plus : Olivier GuitardSartorius
Julie Rampal-Guiducci

Julie Rampal-Guiducci

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