Chaque année, selon l’Ademe, 110 000 tonnes de jouets se retrouvent à la poubelle et en moyenne au bout de huit mois un jouet acheté (135 euros par an et par enfant !) est remisé et oublié au placard. Le marché de la seconde main a donc un avenir avec des jouets qui n’ont pas le temps de vieillir, comme nos vieilles Dinky Toys.
La société aixoise Jouga invente un modèle original sur ce marché. Tout a commencé à l’initiative de sa créatrice Laura Bos, ingénieure agro, formée au marketing à l’IAE. C’est une spécialiste de la distribution passée par Auchan, Princesse Tam-Tam et Petit Bateau. L’idée cogitée pendant le Covid est de « trouver des jouets d’occasion, vérifiés et contrôlés, exactement de la même façon qu’on pourrait le faire sur un site de jouets neufs ». Lady Cocotte, nom de baptême, se lance, créée une plateforme d’achat et de revente en ligne avec collecte, contrôle et vente aux particuliers, y compris dans des boutiques éphémères.
Fin 2023, Laura Bos change de stratégie, elle s’intéresse de près aux rayons jouets de seconde main, que nombre de distributeurs alignent en surface généraliste ou spécialisée. Le marché du retail, du B2C, est encombré d’abord par les ancêtres, les brocantes et vide greniers, puis les sites comme Vinted, le Boncoin ou Ebay, enfin les boutiques de revente spécialisées se déploient.
La société rebaptisée Jouga se concentre depuis une année sur le seul B2B. Jouga collecte auprès d’associations qui sont rémunérées ; le jouet est contrôlé, repackagé et vendu à Intermarché, Leclerc ou Super U. Marie-Anne Falconet, ingénieure chimiste qui a travaillé une quinzaine d’années dans les cosmétiques rejoint l’aventure en juillet 2024, elle est associée et directrice générale. La start-up emploie une douzaine de salariés. En 2024, elle a remis 25 000 jouets en circulation, a réalisé un chiffre d’affaires de 160 000 euros et vise l’équilibre en 2026. « C’est un métier de logisticien, précise pour Gomet’ Marie-Anne Falconet, il faut optimiser nos process pour réduire les coûts. »
Jouga achète auprès de « collecteurs » comme le Petit magicien ou l’Enfant bleu entre 8 et 15 % du prix du neuf. « Nous ne reprenons que ce qui est en bon état » précise la directrice générale. Dans l’entrepôt de 400 m 2, à Aix, l’équipe contrôle, éventuellement complète, met des Lego en vrac, mais ne répare pas.
Jouga : démocratiser la seconde main
Ce nouveau modèle, de niche, l’expérience des deux associées et leur parcours en distribution ont séduit Rise Partners, société de conseil en financement et innovation de Biot (06) qui a piloté une levée de fonds de 275 000 € auprès d’investisseurs privés et business angels (qui restent minoritaires au capital). Jonathan Laroussinie, président de Rise Partners, ajoute : « Cette levée de fonds témoigne du potentiel de Jouga à répondre aux enjeux actuels de durabilité tout en structurant sa croissance. »
L’objectif pour 2025 est d’atteindre 100 000 jouets remis sur le marché, tout en accélérant le développement et la structuration de l’entreprise. Les fonds levés permettront à Jouga d’automatiser ses processus, d’augmenter ses capacités de stockage et de recruter de nouveaux talents, tout en pérennisant les emplois actuels. « C’est un enjeu clé pour démocratiser la seconde main et faire du réemploi la norme » plaide Laura Bos.
Lien utile :
Le baromètre régional des levées de fonds