Un débat sous haute tension. La réunion publique pilotée par la Commission nationale du débat public (CNDP) et consacrée aux « solutions alternatives au projet de ligne THT aérienne entre Fos et Jonquières », ce lundi 2 juin au Palais des congrès d’Arles, a vite tourné à la démonstration de force des opposants au projet.
Dans la rue, d’abord, où plusieurs organisations et syndicats originaires du Gard et des Bouches-du-Rhône, notamment la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale, mais aussi la fédération des manadiers, la fédération des ovins, l’association des arrosants de la Crau bovins 13, l’AOP taureaux de Camargue ou encore le syndicat des riziculteurs de France et filière, ont bruyamment, mais dans le calme, manifesté leur opposition à ce projet.
Bloquant notamment la route nationale 113, une centaine de manifestants, à cheval ou en tracteur, ont convergé à l’heure de pointe, sur les coups des 17h, vers le Palais des Congrès, occasionnant de très fortes perturbations. Le tout au son de slogans eux aussi convergents : « Enterrez la ligne », « Zéro pylône », « Pas touche à ma Camargue » ou encore « Décarboner oui, saccager non. »
Une forte mobilisation qui s’est poursuivie à l’intérieur du Palais des Congrès où près de 800 personnes ont pris place en début de soirée, dans une ambiance électrique, en présence du préfet de Région Provence Alpes Côte d’Azur, Georges-François Leclerc, des représentants de RTE, porteur du projet, mais aussi de l’association THT13/30, à la pointe du combat avec son projet alternatif, tout enterré.
Pour rappel, le prolongement de la ligne THT depuis le poste de Jonquières, dans le Gard, jusqu’à Fos, sur 65 km, est appelé à répondre à la forte croissance de la demande d’électricité de la région Provence Alpes-Côte d’Azur, portée d’abord par les usages du quotidien mais aussi par les projets industriels de décarbonation sur la zone industrielle de Fos-Berre (acier vert, hydrogène, bio-carburants…).
Un projet soutenu par les industriels, qui attendent des garanties, et des élus, Renaud Muselier, le président de la Région Sud en tête, mais vivement contesté sur le terrain par des associations de protection de l’environnement, mais pas uniquement, ainsi que par d’autres élus, comme le maire d’Arles, Patrick de Carolis, qui a ouvert les débats en rappelant son hostilité, en l’état, à voir son territoire traversé par la ligne.
Après avoir présenté un tracé de moindre impact en septembre 2024, l’Etat, comme il s’y était engagé dans le cadre du débat en cours sur l’avenir industriel de la zone Fos-Berre, a rendu public vendredi 23 mai la tierce expertise qu’il avait commandée à la suite de la présentation du projet par RTE. Une tierce expertise rédigée et présentée par Marc Petit, professeur à CentraleSupélec et directeur du département d’enseignement sur les systèmes d’énergie électrique, qui soumet de nouvelles pistes, tant techniques que temporelles, on y reviendra.
Des pistes de dialogue qui, comme on pouvait s’y attendre, ont vite tourné au dialogue…de sourd, balayées par un vent de fronde puissant. Et sans aucun doute durable. S’ils l’avaient oublié, les différents porteurs du projet, malgré des avancées ou concessions notables, auront pu mesurer le degré de colère et de rejet qui accompagne aujourd’hui leur dossier, bien mal engagé.
« On n’est plus au siècle dernier. Les projets, aujourd’hui, doivent être acceptés par les territoires qui sont traversés, par les populations, les élus, les citoyens, les associations » a plaidé Jean-Luc Moya, l’un des fondateurs de “THT13/30”. Or, ce projet ne comporte rien sur l’acceptabilité. Il faut nous entendre ! On doit parler d’un véritable projet global de territoire, il faut mettre a solution alternative d’une ligne souterraine au coeur des débats. On n’acceptera jamais des pylônes. »
« La décision n’est pas prise, on en est loin, a tenté de rassurer en clôture, tard dans la soirée, le préfet Georges-François Leclerc. Il devra être tenu compte de l’ensemble des débats mais aussi de la tierce-expertise qui, clairement réinterroge les délais et permet d’explorer d’autres perspectives. »
Et de donner rendez-vous mi-juilet : « Le débat a permis d’exprimer des positions vigoureuses et j’ai été sensible notamment à des questions environnementales et de biodiversité, mais aussi autour de la question de l’agriculture, dont il faudra tenir compte. Il y a aura mi-juillet le rapport de ces débats puis ensuite l’enquête publique qui seront deux autres rendez-vous très importants. »
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