Une rencontre déterminante avec Yanis Varoufakis
L’ idée de réaliser un film sur la crise grecque germait depuis longtemps dans la tête de Costa-Gavras ; celle-ci a pris forme lorsque le metteur en scène a perçu dans ce drame un piège d’appauvrissement et d’impuissance dans lequel allait être pris la majorité du peuple grec : « C’est la deuxième fois dans ma vie depuis Z où je me suis senti très intéressé par ce qui se passait en Grèce. Depuis 2009-2010 j’ ai tout suivi et je voyais la situation catastrophique dans laquelle le pays commençait à être plongée, jusqu’au moment où la gauche a gagné les élections. Je pensais, il y a une nouvelle situation qui se crée, quelque chose va changer, mais rien n’a changé. Puis au bout de cinq mois il y a eu ce référendum. Ce qui m’a surpris énormément, c’est la démission du ministre des finances, c’était le seul. Avant il était vilipendé et moi aussi je me méfiais de lui ! Quand il a été un tout petit peu marginalisé, rien n’avait changé, alors j’ai voulu le voir » révèle le réalisateur. Une rencontre déterminante qui va orienter le scénario autour des réunions de l’Eurogroupe.
« C’était fascinant de découvrir comment ces réunions avaient lieu. »
« Avec tous les documents que j’avais rassemblés toutes ces années, j’avais commencé à esquisser un scénario où tout se passait à l’extérieur. Après ma rencontre avec Varoufakis, je comprends que le cyclone est à l’intérieur. Il m’a fait écouter les enregistrements qu’il avait faits et les notes qu’ils avaient prises lors des réunions de l’Eurogroupe, parce que dès le début, il s’est aperçu qu’il
n’y avait pas de compte-rendus comme on le fait habituellement. C’était fascinant de découvrir comment ces réunions avaient lieu. »
A cet égard la phrase que va lancer Christine Lagarde, alors présidente du FMI (Fonds monétaire
international), pour faire avancer les négociations : “Adults in the room” – il faut des adultes dans cette salle (qui a donné le titre au film) – prouve à quel point l’Eurogroupe n’en était pas à une contradiction près : « Ce sont les dialogues qui font progresser l’action. Je trouve que la phrase de Madame Lagarde dit tout. Au départ elle dit que les dettes doivent être payées mais qu’elles sont impossibles à payer. Quand elle voit que tous les autres membres de l’Eurogroupe disent “il faut les payer” alors ! Le cinéaste poursuit : On a bien vu cette stratégie établie par les allemands pour punir la Grèce . Alors il y a plein de contradictions ! »