Parmi les actions « emblématiques » qu’Aéroport Marseille Provence souhaite mettre en place, vous évoquez la création d’une centrale photovoltaïque. En quoi cela consiste exactement ?
Philippe Bernand* : L’idée est d’équiper le dernier étage des parkings silo que l’on va construire avec une centrale photovoltaïque. On est complètement tournés sur des schémas d’autoconsommation pour réduire notre facture électrique et pour que nous consommions de l’énergie produite par des sources renouvelables. Cette centrale sera aussi destinée à terme à fabriquer 10% de l’électricité que nous consommons annuellement.
Outre l’électricité, c’est aussi votre centrale de production de chauffage et climatisation que vous souhaitez changer. Il y a quelques mois, Dalkia faisait part de sa volonté de créer à Marignane la plus grosse centrale géothermique de la région, avec l’aéroport comme premier client ciblé. Ce projet est-il dans les tuyaux ?
P.B : On a en effet un projet global de reconstruction complète d’une centrale de chaud et de froid. Mais pour l’instant, nous sommes dans une procédure de consultation : nous avons fait un appel à candidature et nous avons sélectionné des candidats. Mais le choix n’a pas encore été fait. On vient chercher auprès d’eux un résultat : une fourniture de chaleur ou de frigorie pour alimenter nos installations. À eux maintenant de nous proposer des solutions techniques, avec des idées innovantes pourquoi pas.
Pour réduire votre impact environnemental, vous ne visez pas seulement les actions internes ou en lien avec les avions, mais aussi la mobilité en général et notamment les transports en commun. Quels sont vos objectifs dans ce domaine ?
P.B : Aujourd’hui, un passager sur six vient à l’aéroport en transports en commun. C’est un taux déjà très élevé, beaucoup d’aéroports peinent à y arriver. L’une de nos ambitions est de passer à un passager sur quatre à l’horizon 2025, bien que la desserte ne dépende pas seulement de nous mais aussi des collectivités, notamment de la Métropole Aix-Marseille-Provence. En 2019 par exemple, la fréquence de la navette avec la gare Marseille Saint-Charles va augmenter avec un car toutes les 10 minutes, soit une hausse de capacité de 30%. Plus notre aéroport sera accessible, plus on pourra faire venir des passagers de zones de chalandise très larges. Aujourd’hui, la moitié de nos passagers vient de plus loin que le département des Bouches-du-Rhône et on compte encore augmenter cela.
L’@aeroportmp veut encore augmenter les #transports en commun. “En 2019, il y aura entre l’aéroport et la gare de #Marseille Saint-charles 1 navette toutes les 10 minutes, soit une augmentation de capacité de 30%” pic.twitter.com/L8pbvsQrme
— Gomet’ (@Gometmedia) 8 février 2019
Vous disiez il y a quelques semaines vouloir atteindre le cap des 10 millions de passagers en 2019, contre 9,4 millions en 2018. L’annonce de l’ouverture de la ligne Marseille-Moscou devrait y contribuer. Quelles autres lignes sont prévues pour cette année ?
P.B : 21 nouvelles lignes sont déjà programmées en 2019. Celle avec Moscou devrait permettre au territoire de profiter de 30 millions d’euros de retombées économiques. La base Volotea continue en parallèle de se développer (ndlr : elle a été inaugurée en avril 2018, comme nous vous en parlions ici) avec quatre nouvelles destinations pour l’été 2019. Et on continue bien entendu à travailler sur des perspectives de développement.
Qui dit développement touristique dit création d’emplois. Votre objectif d’ici 2027 est justement de passer de 13 200 emplois induits par l’activité de l’aéroport aujourd’hui à 17 500. En incluant au mieux les populations locales…
P.B : C’est en effet déjà un de nos défis actuellement de proposer au maximum nos emplois aux populations riveraines. Avec ces 13 200 emplois, c’est l’équivalent d’une petite ville qui travaille tous les jours, sept jours sur sept, au service de son territoire. C’est donc important que l’on vive au contact direct de ce territoire sur lequel on est implanté. On veut d’ailleurs aider les habitants à accéder aux offres de l’aéroport, tous listés sur la plateforme Aérojobs. On réfléchit par exemple à proposer des cours d’anglais aux personnes qui souhaiteraient travailler à l’aéroport mais qui n’ont pas un niveau d’anglais suffisant.
Créer du lien avec les territoires est essentiel selon vous ?
P.B : Oui et c’est l’un des axes sur lesquels on veut agir dans le futur. On veut créer des chartes de partenariat avec les communes qui nous entourent. Si un aéroport ne travaille pas de manière étroite avec son territoire, les choses se passeront mal. C’est vraiment une conviction ancrée dans les équipes de l’aéroport Marseille Provence pour développer ce mode de coopération avec le territoire.
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* Interview publiée en avant-première dans Le Digest Hebdo n°91 réservé aux abonnés à Gomet’Premium.