Rugulopteryx okamurae. C’est le nom de cette algue venue du Japon qui, depuis quelques mois, gangrène le littoral marseillais. Problème : cette espèce invasive, qui touche les ports, les plages mais aussi les Calanques, menace la biodiversité marine. Si elle s’observe déjà depuis 2018 à chaque période estivale, en particulier du côté de la Baie des Singes, la présence de cette algue est particulièrement accrue cette année.
Le Parc National des Calanques « ne dispose pas à proprement parler d’une compétence sanitaire pour lutter contre l’invasion », explique à Gomet’ un porte-parole du Parc, d’autant que Rugulopteryx okamurae est particulièrement coriace : même arrachée, elle revient inlassablement envahir les fonds de calanques et les ports. Le Parc travaille en revanche étroitement avec Aix-Marseille Université et plus spécifiquement avec les équipes du MIO (Institut méditerranéen d’océanologie), situé à Luminy et placé sous la tutelle d’AMU et de l’Université de Toulon).
Or, la présence de cette algue japonaise pose un double problème. D’une part, elle envahit et perturbe les habitats naturels sous-marins, ce qui se répercute sur la faune marine. Elle semble cependant épargner l’herbier de Posidonie, plante marine cruciale dans la conservation de l’écosystème qui vit dans les Calanques.
D’autre part, il s’avère que Rugulopteryx okamurae relâche du H2S lorsqu’elle échoue sur les plages ou à l’entrée des ports et qu’elle pourrit. En plus d’être hautement toxique, ce gaz diffuse une odeur particulièrement nauséabonde, « ce qui pourrait faire fuir les touristes », s’inquiète le porte-parole du Parc des Calanques.
« Ne jamais rien jeter dans la mer ! »
Comment cette algue venue du Japon s’est-elle retrouvée sur le littoral marseillais ? Présente depuis 2008 dans l’étang de Thau du côté de Montpellier, où elle est favorisée par l’activité de conchiculture avec des fruits de mer parfois importés du Japon, elle pourrait être parvenue jusqu’à chez nous par le rejet à la mer de coquilles par ceux qui consomment les mêmes fruits de mer. Cela pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi on retrouve cette algue à la Baie des Singes ou encore au Vallon des Auffes, où les restaurants qui proposent des fruits de mer sont nombreux.
Morale de l’histoire : « Il ne faut jamais rien jeter dans la mer ! », insiste-t-on du côté du Parc des Calanques. En effet, des résidus d’algues peuvent bien encore être présents sur vos coquilles d’huitres ou de moules…
La Ville mobilise le bataillon des marins-pompiers et demande à la Métropole d’agir
Pour stopper sa prolifération, la Ville de Marseille annonce dans un communiqué avoir sollicité le bataillon des marins-pompiers ainsi que la Métropole Aix-Marseille Provence, compétente en matière de ports, à laquelle elle demande « d’intensifier les actions de ramassage déjà engagées par la mairie sur les plages ». Enfin, la Ville rappelle que la baignade dans les ports est interdite.
Liens utiles :
> Le site de l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO)
> Calanques : sauver les herbiers de posidonies pour lutter contre la crise climatique
> L’actualité du parc des Calanques dans notre rubrique environnement