Le mélanome cutanée cause plus de 1 600 décès chaque année en France et se classe au 16e rang des cancers les plus mortels. Pourtant, il se soigne désormais plutôt bien s’il est diagnostiqué suffisamment tôt. Bernard Fertil, ancien directeur de recherche au CNRS spécialisé dans l’exploration des données, et André Fond, docteur en génie biomédical, travaillent depuis six ans sur Anapix, un outil d’imagerie en temps réel permettant de différencier les grains de beauté non-dangereux des « vilains petits canards ».
Skinshot, une application de suivi pour les particuliers
Les co-fondateurs de la société présentent aujourd’hui la première version de leur solution qui se décline en deux produits, une application mobile pour les patients et un logiciel, plus complexe, pour les dermatologues. Skinshot, téléchargeable gratuitement, permet aux particuliers de photographier leurs grains de beauté à l’aide d’un dermoscope, un appareil grossissant disposé sur le smartphone qui offre des images de haute qualité. Des notifications invitent l’utilisateur à reprendre régulièrement des clichés du grain de beauté afin de suivre son évolution tout en le comparant aux autres grains de beautés : « La force de notre système est la détermination de ce qu’on appelle l’effet vilain petit canard, c’est-à-dire une différenciation d’un grain de beauté dans le temps comparé aux autres. L’application est capable ainsi de détecter très tôt un candidat possible au mélanome », explique Bernard Fertil. Ce suivi autonome est particulièrement utile aux patients habitant dans les zones rurales qui doivent parfois attendre plus de six mois avant d’obtenir un rendez-vous avec un dermatologue.
Skinapp, une aide au diagnostic pour les dermatologues
Pour les médecins, Anapix a développé Skinapp qui propose une application mobile et une plateforme logicielle de service. Elle intègre l’acquisition et le stockage d’images avec une aide au diagnostic. La solution communique directement avec la version Skinshot des patients pour échanger des données mais également avec les confrères afin de multiplier les avis médicaux et améliorer la prise de décision. « Près de 95 % des ablations de grains de beauté sont actuellement injustifiées car les dermatologues préfèrent ne pas prendre de risque en cas de doute », avance Bernard Fertil. Anapix espère réduire le nombre d’actes chirurgicaux inutiles et progresser dans la détection précoce des mélanomes.
Anapix veut lever 600 000 euros avant la fin de l’année
Actuellement en test chez des professionnels, les solutions d’Anapix seront commercialisées d’ici le mois de novembre. L’entreprise prépare actuellement une levée de fonds de 600 000 euros auprès d’investisseurs privés et institutionnels. Le tour de table sera bouclé avant la fin de l’année. La société table sur un chiffre d’affaires de plus de 400 000 euros pour le premier exercice et espère dépasser le million d’euros l’année suivante. Outre le grand public et les dermatologues, Anapix discute également avec les mutuelles propriétaires d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) afin de les équiper en Skinshot. Un juteux contrat qui pourrait lui permettre de faire décoller ses ventes en France avant de s’attaquer éventuellement aux autres pays européens.