Malgré de nombreuses oppositions d’élus, au cœur même de la majorité, la mairie d’Arles a lancé l’appel d’offres pour sélectionner l’opérateur qui réalisera un casino sur les rives du Rhône à Trinquetaille. Ce projet à 100 millions d’euros prévoit un établissement de jeux mais aussi un hôtel de luxe et une salle de spectacle.
En juin 2018, le conseil municipal d’Arles a adopté à l’unanimité le principe de création d’un casino sur le site de l’ancienne gare maritime à Trinquetaille. Un an plus tard, lors du conseil municipal du 16 octobre, le maire Hervé Schiavetti accélère la procédure et annonce le lancement de l’appel d’offres pour sélectionner le futur opérateur. Un empressement à quelques mois des élections qui surprend plusieurs élus d’opposition comme ceux de la majorité.
Un complexe avec casino, hôtel de luxe et salle de spectacle
« Je me demande bien pourquoi il est soudain si pressé de lancer ce marché. Il n’y a pas eu de consultation de la population et le dossier me semble bien fragile », critique Christian Mourisard (PS), l’adjoint au tourisme du maire en place. Interrogée, la mairie se défend de travailler dans la précipitation parlant d’un projet sur lequel elle travaille depuis 4 ans. Lors du dernier conseil municipal, elle a donc fait voter l’ouverture de la sélection des candidats malgré le vote contre du groupe PS.
Dans son rapport, le maire Hervé Schiavetti précise un peu plus les contours de ce casino : « un complexe de loisirs, composé notamment d’un hôtel haut de gamme, d’un restaurant de qualité, d’une salle de spectacle d’au moins 800 places avec espace modulable permettant les séminaires, les expositions, et d’un établissement de jeux. Cette offre complémentaire de tourisme générera pour la Ville des retombées importantes, en matière d’hôtellerie, restauration, secteur tertiaire, … et de nouvelles recettes fiscales », avance-t-il.
Sur les retombées financières pour la ville, l’étude ne donne pas de chiffre précis mais la mairie estime qu’elle pourrait dépasser les 2 millions d’euros par an. Cela représenterait environ 15 % ds revenus générés par l’établissement de jeux. Encore faut-il qu’il rencontre son public et l’adjoint au tourisme doute de son succès : « En regardant bien le projet, on se rend compte qu’il ne s’agit même pas d’un vrai casino. La mairie propose un lieu de baraque à sous, de bandits manchots. Plus de la moitié des casinos en France ne sont pas rentables, et ce sera pareil pour celui-ci », estime Christian Mourisard.
Sur le manque d’ambition du projet, il est rejoint par Monica Michel, la députée LREM de la 16e circonscription et candidate à la mairie d’Arles aux municipales de mars. Dans une lettre envoyée au maire le 28 octobre, elle se montre très critique même si elle dit ne pas être opposée au principe d’un casino : « Nous avons besoin d’un projet à la hauteur de Arles avec des établissements haut de gamme. L’hôtel doit donc être un 5 étoiles au minimum », propose-t-elle. Dans l’avis de concession, la mairie pose la condition de la création d’un hôtel 4 étoiles minimum, « insuffisant » pour la députée.