« Notre souveraineté alimentaire est mise à mal ». L’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, en déplacement à Marseille jeudi 10 mars à l’occasion d’une conférence organisée par le Mouvement Impact France, s’est entretenu avec la rédaction de Gomet’ sur ses nouvelles activités agricoles. L’ex-candidat à la présidentielle a co-fondé en 2018, aux côtés de François Moulias, la Compagnie des amandes (lire aussi notre précédent article), une société basée à Aix-en-Provence, et spécialisée dans l’accompagnement des amandiculteurs français. « Nous ne voulons pas être propriétaire, on n’achète pas la terre, explique son président Arnaud Montebourg, et d’ajouter : on s’associe avec les agriculteurs, ce sont eux les patrons ».
La Compagnie des amandes a effectué une levée de fonds de trois millions d’euros en décembre dernier. Elle porte ainsi son financement cumulé à plus de 7,70 millions d’euros. Des capitaux qui permettront notamment à la société aixoise de financer son tout dernier projet : ouvrir une casserie à Signes, dans le Var. Une usine à 12 millions d’euros, sur un terrain de 7400 m², acquis auprès de la chambre de commerce et d’industrie (CCI Var), et dont la construction prévue pour cette année est soutenue par la Région Sud (10%). Elle devrait voir le jour à la fin 2023. Arnaud Montebourg promet la création de trente emplois, dont 15 permanents.
Un business model « économique et écologique »
La Compagnie des amandes propose aux exploitants du Sud de la France un contrat de 25 ans, dans lequel elle s’associe aux agriculteurs, mais reste toujours minoritaire – avec 49% des parts. La société investit 25 000 euros par hectare, et laisse la main à ceux qui ont le savoir-faire. La compagnie assure le revenu des exploitants dès la plantation des arbres. Elle suggère au passage un itinéraire agroécologique pour faciliter la transition de l’exploitation vers un modèle plus vertueux et équitable – avec notamment un programme de recherche contre la guêpe ravageuse financé à 80% par Inrae, qui possède 6% du capital de la compagnie.
« Nous sommes également machiniste agricole », rappelle Arnaud Montebourg. La Compagnie des amandes offre en effet une réduction de 40% sur tous ses engins aux agriculteurs partenaires. Au vue de la dizaine de contrats en cours, l’ancien ministre annonce une implication de sa société sur 350 hectares d’ici la fin 2022 – avec notamment un projet à Eyguières. À l’horizon 2024, il vise même les 80 vergers, soit environ 2000 hectares. En France, 20% des terres agricoles sont abandonnées à la spéculation.
« Vendre au double, voire au triple du cours mondial »
Arnaud Montebourg assure que 95% des amandes disponibles sur le marché français proviennent de Californie. « Elles y sont cultivées avec des méthodes non durables », signale l’ex-ministre. Avec sa société aixoise, il souhaite réveiller une production française qui plafonne à 800 tonnes par an, contre deux millions de tonnes pour les États-Unis. Une manière, selon lui, de « relancer l’amandiculture dans son berceau méditerranéen » et de favoriser l’autoconsommation tricolore. Le marché est ouvert puisque les Français consomment 42 000 tonnes d’amandes chaque année.
Consommer de l’amande française au lieu de l’amande américaine, c’est diviser par trois la consommation d’eau nécessaire à la production.
Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg juge la capacité de production de sa société à 1,2 tonne/hectare – contre 3t/hectare aux États-Unis et 2 t/hectare en Espagne. « Nous acceptons un rendement moindre car nos amandes seront de qualité », commente l’ex-ministre socialiste. Sûr de son produit, il souhaite d’ailleurs vendre les récoltes « au double, voire au triple du cours mondial » – qui pointe déjà à 5,5 euros le kilo d’amande. Plus que jamais engagé pour le retour de l’agriculture “made in France”, l’homme d’affaires compte reproduire son business model avec d’autres produits alimentaires comme le lait, la glace ou encore le miel.
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