Voilà une tradition que les habitants de Bogota ont été heureux de retrouver début février, après des mois d’interruption pour cause de Covid. Dans la capitale colombienne, dimanche rime avec “Ciclovia”, un immense succès populaire qui tire son nom de ces avenues fermées à la circulation automobile le dimanche et les jours fériés.
Ciclovía de Bogota : 127 kilomètres de routes réservées les dimanches et jours fériés
Chaque dimanche et les jours fériés, des millions de citoyens de Bogota envahissent les 127 kilomètres d’avenues et de routes mises à la disposition des vélos de 7 à 14 heures. Week-end après week-end, la manifestation est un immense succès populaire, dans les riches quartiers du Nord comme dans les zones populaires du Sud. Dans cette métropole saturée d’un trafic automobile que rien ne semble pouvoir endiguer, la Ciclovia constitue une vraie bouffée d’oxygène pour des habitants réconciliés avec le bitume le temps de quelques heures.
Vécue à vélo ou à pied, la Ciclovía s’inscrit comme un exemple exceptionnel en tant qu’initiative permettant la réappropriation de l’espace public par les citoyens. Et qu’on ne s’y trompe pas : elle ne vient pas masquer un quelconque manque d’infrastructures cyclistes dans la ville. De fait, en 2021, Bogota possède à son actif un réseau de 550 kilomètres de pistes cyclables, qui a récemment été renforcé par 84 nouveaux kilomètres de « pistes Covid » temporaires dans toute la métropole. Une véritable leçon en matière de mobilités actives que nous donne cette capitale perchée à 2650 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Et cette manifestation n’a rien d’une nouveauté. Vieille de presque déjà un demi-siècle, elle est désormais une institution.
La Ciclovía, une tradition citoyenne colombienne qui remonte à… 1974
Ces dernières années, la Colombie a fait un retour fracassant sur la scène du cyclisme mondial, avec une génération exceptionnelle de champions incarnés par les Quintana, Uran et autres Bernal. Toutefois, il y a déjà belle lurette que les habitants de ce pays andin apprécient les plaisirs de la petite reine.
De fait, la grande tradition de la Ciclovía bogotona fut lancée dès le 12 décembre 1974, pour ne plus jamais être évincée du calendrier de la ville. À l’origine, elle avait réuni quelque 5000 militants pro-vélos. Seules deux avenues avaient été coupées à la circulation automobile, pour une durée de trois heures.
Plus de 45 ans plus tard, plus personne ne songe à remettre en cause une tradition qui a pleinement intégré le folklore urbain de cette métropole tentaculaire. Si les élus politiques de tous bords se sont depuis lors approprié les mérites de la Ciclovía Bogotana, c’est pourtant bien dans la société civile qu’il faut rechercher son origine. Dénommé à l’origine « rencontres en faveur du vélo », cette manifestation émergea en effet d’une association dont le nom reflétait à lui seul le projet : « Pro-Cicla » (pro-vélo en français). Le but de ses membres : lutter contre la pollution atmosphérique, la prolifération automobile et le manque d’offre récréative dans la ville.
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