Prise en étau entre la D20 et la falaise « La Cuesta », la gare TER de Vitrolles Aix-Marseille Provence (VAMP) est isolée. Mais la station s’apprête enfin à changer de visage pour fluidifier le trafic de la zone saturée en voitures. D’un côté, un ascenseur fera la jonction à partir de 2024 avec le pôle d’échanges multimodaux (PEM) de la gare routière en travaux, proche de la future zone d’activité Cap Horizon de 50 hectares. De l’autre, la gare sera reliée à l’aéroport Aix-Marseille Provence par un téléphérique à double sens à partir de 2027.
« On va changer de siècle », lance Jean-Luc Chauvin, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Aix-Marseille Provence. Le représentant du monde économique se réjouit d’une meilleure desserte du bassin de plus de 30 000 emplois, à cheval entre Marignane et Vitrolles. Ce vivier d’emplois est en grande partie drainé par les activités de l’aéroport AMP (4 500) et Airbus Hélicopters (9 000), deux des employeurs les plus attractifs de la Métropole.
Le projet de téléphérique de type Funitel prévoit ainsi un arrêt au siège d’Airbus Helicopters. Deux câbles de trois cabines sont envisagés pour acheminer jusqu’à 120 personnes toutes les six minutes « en simultané. » La Métropole table sur un potentiel de 1 200 personnes déplacées en heure de pointe qui justifie la pertinence de cet investissement. « Aujourd’hui, 900 000 passagers viennent à l’aéroport en bus. La rentabilité se verra immédiatement », assure Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix-Marseille venue faire une première visite de terrain le 4 avril.
Des financements amenés à être revus
Le conseil métropolitain a voté le projet le 19 janvier pour un coût chiffré à 31 millions d’euros. Ce montant découle des premières études de faisabilité du projet réalisées en 2019, car la construction d’un téléphérique urbain à Vitrolles remonte à 2018. « Ça n’avançait pas faute de financements », rappelle Martine Vassal qui dirigeait déjà l’institution à l’époque. C’est le plan Marseille en Grand de l’État qui a réanimé le projet en septembre 2021, débloquant un milliard d’euros pour impulser 15 projets prioritaires de transports en commun.
Depuis le vote, la Métropole a dépensé six millions d’euros pour financer les premières de faisabilité et les études techniques. Mais le financement du reste des opérations n’est pas figé. La hausse du coût des matières premières et l’inflation pourraient en effet augmenter le coût de l’infrastructure supporté à 80% par la Métropole AMP.
Par ailleurs, les participations de l’aéroport AMP et d’Airbus Helicopters pourraient être réajustées. En janvier, chaque participation était fixée à trois millions d’euros, soit 10% du montant du projet. En revanche, la Métropole ne peut plus affirmer de chiffre. « Ce n’est pas encore acté. On ne peut pas communiquer dessus », explique-t-on du côté de l’aéroport.
Améliorer l’expérience voyageur
Pour les dirigeants de l’aéroport, ce téléphérique tombe à pic. Les travaux du nouveau « cœur » seront achevés au printemps 2024 pour accueillir les voyageurs des Jeux Olympiques (voir notre article). La desserte du téléphérique viendra compléter son offre de service à partir de 2027 au niveau du parking 6, juste à côté du cœur. « Ce transport de bord à bord sans rupture de charge est essentiel », souligne Philippe Bernand, le président de l’aéroport.
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Jean-Luc Chauvin, également vice-président du conseil de surveillance de l’aéroport dont la CCI AMP est actionnaire à 25%, vante ainsi un trajet plus attractif pour les voyageurs : « Quand vous sortirez de l’avion, vous pourrez survoler une vue sur la mer. » Ces oeufs mécaniques « évitent un foncier déjà saturé » en construisant en l’air, souligne le directeur industriel de Airbus Helicopters, Laurent Vergely, qui entend inciter ses personnels à la réduction de l’usage de la voiture, rappelant l’étendue d’un parking « usine » de 8 200 places.
Il faut dire aussi qu’actuellement « l’expérience voyageur n’est pas exceptionnelle », admet le maire de Vitrolles, Loïc Gachon. L’élu socialiste adoube ce projet par câble qui « répond à un vrai besoin. »
Raccorder le pôle d’échanges multimodaux (PEM), la gare de Vitrolles et Cap Horizon
L’édile réaffirme en parallèle son projet d’ascenseur incliné de 100 mètres de hauteur, doublé d’un escalier, pour raccorder la gare TER à la plateforme multimodale plus haut. Le parking de la PEM actuellement en travaux verra le jour en 2024 pour favoriser le stationnement des voitures et l’arrêt du Zenibus, un bus à haut niveau de service (BHNS) qui dessert Marignane, Saint-Victoret, Vitrolles et les Pennes-Mirabeau.
« Je veux un mobilier urbain le plus robuste possible », explique Loïc Gachon dont l’intérêt est d’attirer des habitants et des travailleurs sur la future zone Cap Horizon, un parc tertiaire mixte de sept bâtiments sur plus de 50 hectares.
Mais l’édile vitrollais ne se contente pas d’applaudir l’accélération du projet. Auprès de Gomet’, il réitère sa volonté d’adresser toutes les problématiques de ce plateau complexe. « La Métropole doit encore travailler sur la sécurisation de la desserte routière de l’aéroport et d’Airbus qui depuis la D20. Mais si nous parvenons à accélérer le report modal ici, il y aura peut-être moins d’urgence à le faire. »
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