Jean Daniel Beurnier : « Le passé n’est là que pour nous apprendre »
Pas question pour les fondateurs de lâcher prise. Le passif est évalué, par les magistrats consulaires, à plus de 60 millions €. Négociateur hors pair, Jean Daniel Beurnier obtient des établissements de crédit et des principaux fournisseurs un abandon des créances de 76,5 %, soit 27,4 millions d’euros. Le reste du passif évalué à 16,4 millions d’euros est étalé sur dix ans, avec des remboursements progressifs. « Avec Robert Schiano, souligne Jean Daniel Beurnier, on ne baisse jamais les bras, on essaie toujours de s’en sortir, seuls. Il faut de la résilience et regarder l’avenir; le passé n’est là que pour nous apprendre et nous donner des leçons, je n’ai pas de nostalgie ». Adieu donc les boutiques et les centaines de salariés, Avenir Télécom s’invente un nouveau modèle en développant une relation privilégiée, nouée, de longue date avec le groupe américain Energizer, leader mondial des piles et des batteries. AT a signé dès 2010 un accord de licence stratégique, exclusive et mondiale et cette activité devient l’activité principale d’Avenir Télécom (71 % du chiffre d’affaires). Moins de commerciaux scotchés au téléphone au siège, mais une équipe d’ingénieurs et de designers qui travaille avec une dizaine de leurs collègues en Chine, dont un pôle qualité dédié, à Shenzhen.
La licence exclusive de la marque Energizer est renouvelée jusqu’en 2026. Les équipes du boulevard de Plombières conçoivent les produits et rédigent les cahiers des charges pour une fabrication en Chine : une vingtaine de téléphones mobiles et plus de 200 accessoires. « Nous travaillons, explique Jean Daniel Beurnier, sur des produits garantis à vie, comme les câbles. L’obsolescence des produits est un de nos chantiers. Nous concevons des produits low-cost comme un téléphone à 20 € mais qui est néanmoins ouvert aux logiciels de Google. » La société a créé la marque Yezz pour les mobiles alternatifs et la gamme Oxo, pour une collection d’accessoires pour smartphones. Avenir Télécom vise les marchés émergents et réalise 92 % de son chiffre d’affaires à l’export. Avenir Télécom dans cette nouvelle vie est devenu un bureau d’ingénierie créative et de commercialisation.
Mais l’apurement des créances du redressement judiciaire pèse, même si le tribunal de commerce de Marseille a décidé que le remboursement des créanciers reprendrait en octobre 2022 repoussant ainsi la dernière échéance du plan de juillet 2027 à octobre 2028. Fin mars 2020, les capitaux propres d’Avenir Telecom sont toujours dans le rouge à -13,70 M€. Avenir Télécom doit gérer aussi sa présence an Bourse : la société est cotée depuis 1998 sur Euronext à Paris. L’action Avenir Telecom fait partie des indices CAC Mid & Small et CAC Technology et l’action a naturellement chuté au plus bas. Un coup d’accordéon a permis cet été de mettre à niveau le prix des actions.