Avec Aventuriers de mers, l’exposition qui se tient au Mucem jusqu’au 9 octobre, c’est un nouveau rendez-vous proposé par L’Appel du large.
En pleine tempête, bruyante et mouvante vidéo, une énorme mâchoire garnie de dents de la mer aiguisées accueille le visiteur. La peur le saisit. Comme dirait don Quichotte, pour conjurer la frayeur, « si tu veux apprendre à prier, vas sur la mer». Et chacun redoute le sort de Jonas, englouti par un monstre aquatique, comme l’évoquent plusieurs illustrations. En dépit de ces craintes, les navigateurs les plus hardis s’engagent sur les flots tumultueux, à l’instar du grec Protis, qui trouvera l’amour en accostant au Lacydon, six siècles avant notre ère.
Mille ans d’échanges
L’exposition ne remonte pas aussi loin dans le passé, se bornant au survol d’un millénaire d’échanges marchands et culturels entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, du VIIe au XVIIe siècles. Les trésors conservés à Venise ou en Inde, comme à Singapour, en Turquie ou au Portugal ont été sollicités.
Quelques institutions ont ainsi prêté pour l’occasion leurs cartes du monde les plus élaborées. Vers 1450 , Fra Mauro dresse l’état des connaissances géographiques de l’époque. Y figure même l’île imaginaire du paradis, quelque part au large de la Chine. Nul n’osait alors douter de l’existence physique du paradis terrestre.
Perles et grain de folie
De ces lointaines contrées, les négociants rapporteront des textiles et des épices, des perles et autres objets de matériaux divers : porcelaine, métal, ivoire ou bois. L’une des pièces les plus étranges de ces vitrines de curiosité n’est pas très grande : 15 ou 20 centimètres, sur un socle d’or très travaillé, enchâssant une sorte de galet grisâtre, du volume d’un œuf d’autruche. Le musée autrichien de Vienne, qui possède cette merveille, venue d’Inde fin XVIIe, le nomme bézoard. Une sorte de pierre d’estomac qui, telle la corne de la mythique licorne, aurait la vertu de contrarier toutes sortes de poisons et venins, voire de guérir, sous forme de poudre minérale râpée, de la mélancolie !
En réalité ce bizarre bézoard viendrait de débris récupérés dans le système digestif de certains ruminants. Les plus jeunes lettrés se souviendront que le maître des potions à l’école des sorciers, dans la saga d’Harry Potter, y faisait référence.
Ce grain de folie non réaliste, cet appel à une véritable aventure extraordinaire, c’est peut-être ce qui manque au projet estival du Mucem. Mais libre à chacun de poursuivre l’expédition à sa façon, ne serait-ce qu’au travers de son imaginaire.
Informations pratiques
> Aventuriers des mers, du 7 juin au 9 octobre 2017,
> de 10 à 20h en juillet – août, sauf le mardi.
> Tarifs : de 9,5€ à 5 €