Première épreuve du feu pour l’entité née le 22 novembre dernier de la fusion de la Banque Populaire Provençale et Corse et de la Chaix (BPCX) avec la Banque Populaire Côte d’Azur (BPCA), la grande Banque Populaire Méditerranée qui couvre désormais neuf départements, de l’Hérault à la Corse, en passant par la Drôme. La fusion étant rétroactive à compter du 1er janvier 2016, la direction a pu présenter lundi 24 avril à son siège de l’avenue du Prado à Marseille les résultats de sa première année d’exercice.
Un produit net bancaire en baisse de 4,4 %
Le mariage entre les entités régionales du groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne) n’est pas intervenu au moment le plus favorable pour le secteur bancaire. Depuis plusieurs années, la banque centrale et la Fed américaine maintiennent les taux d’intérêt à de très bas niveaux et les banques ont du renégocier leur taux avec un fort impact sur leurs résultats commerciaux. Si le volume des renégociations sur l’année dernière est moins important qu’en 2015, elles pèsent toujours sur le produit net bancaire qui a reculé de 4,4 % en 2016 à 361 millions d’euros (M€) contre 378 M€ un an auparavant. Point positif, les commissions commerciales ont tout de même augmenté de 1,5 % pour contenir cette baisse. « Ces premiers résultats sont en total accord avec la tendance du secteur. Les autres banques souffrent autant, si ce n’est plus de ces taux bas », justifie Christophe Bosson, le directeur général de la Banque Populaire Méditerranée.
Ce premier compte de résultat est évidemment largement impacté par le coût de la fusion. Évalué à environ 35 millions d’euros, la banque a décidé d’absorber ces dépenses très rapidement, sur deux ans au lieu de cinq habituellement. Elle a déjà fait passer 15 millions d’euros sur le dernier exercice et prévoit donc d’imputer 20 millions d’euros à l’année en cours. Le poste de dépense le plus important pour la fusion des deux entités concerne la mise en place d’un système informatique unique. Les travaux ont d’ores et déjà commencé et la fusion des trois systèmes informatiques doit être effective pour le week-end du 17/18 juin 2017. La Banque Populaire Méditerranée mise fortement sur le digital pour moderniser son offre et soutenir sa croissance.
Un virage vers la banque digitale
Les banques rivalisent d’inventivité pour séduire de nouveaux clients et contrer l’assaut des banques dématérialisées. Et l’arrivée d’Orange Bank courant mai inquiète de plus en plus. Elles se lancent dans une grande course au rachat des fintech comme BNP Paribas avec Compte-Nickel ou Leetchi pour le Crédit Mutuel Arkéa. La BPCE n’est pas en reste sur ce terrain car elle s’est déjà portée acquéreur de trois start-ups prometteuses : lepotcommun.fr, depopass et Fidor. « Ces nouvelles fintechs se positionnent essentiellement sur les paiements mais elles ont besoin de volumes pour grossir. C’est pourquoi elles doivent se rapprocher des banques », explique Christophe Bosson.
La Banque Populaire Méditerranée est également précurseur sur le paiement à distance. Elle est la première à avoir signé un partenariat avec Appel Pay et vient d’élargir cette solution au système d’exploitation Androïd. Elle a récemment débauché l’ancien directeur général de voyages-sncf.com pour développer de nouveaux outils sur les ouvertures de comptes et de crédits en ligne. Beaucoup de ses concurrentes s’intéressent aux start-ups qui ont développé des agrégateurs qui regroupent l’ensemble des comptes d’un client sur une seule plateforme. Certaines ont déjà pris des participations dans ces sociétés mais la Banque Populaire a fait le choix de développer sa propre solution en interne. « Ce n’est pas pour autant que nous ne nous intéressons pas aux start-ups. Notre société de capital-risque, SCR Provençale et Corse, soutient activement les projets locaux car elles peuvent nous permettre d’optimiser nos achats ou d’apprendre de leur culture d’entreprise plus souple », rappelle Christophe Bosson.
Si le digital est au cœur de la stratégie de la Banque Populaire Méditerranée, le réseau n’est pas délaissé pour autant : « Beaucoup de Cassandre prédisent la fin des agences. Absurde ! Les clients ont besoin de plus d’autonomie sur certains services simples mais la proximité est essentielle pour notre expertise et un suivi », insiste le directeur général de la banque. Malgré tout, les regroupements et les transfert de point de vente sont inévitables et à terme, le nombre d’agences sera réduit d’environ 5 %. En clair, certains territoires considérés comme « non-stratégiques » seront délaissés au profit de points névralgiques qui eux vont grossir. Pour les salariés non plus, la fusion ne sera pas neutre. Un plan de réduction de 270 postes sur trois a été engagé mais ne devrait concerné que des départs à la retraite pour la plupart. La banque souhaite investir dans la formation de ses plus jeunes collaborateurs pour les faire en monter en compétence sur la gestion de patrimoine ou l’accompagnement crédit par exemple.
Retrouver la croissance en 2017
Malgré un coût de la fusion plus important en 2017, la Banque Populaire Méditerranée table sur un redressement significatif de ses résultats d’ici la fin d’année. « L’environnement économique régional s’est nettement amélioré et nous comptons bien en profiter », promet Christophe Bosson. Le coût du risque bénéficie déjà de l’amélioration de la conjoncture. En repli de 46 %, il s’établit à un niveau faible de 17,2 millions d’euros. La production de crédit immobilier a atteint un niveau record en 2016 avec plus d’un milliard de crédits nouveaux et une année 2017 attendue encore supérieure.
Au total, la Banque Populaire Méditerranée a enregistré 1,9 milliards d’euros de nouveaux crédits l’an dernier jouant pleinement son rôle de banque de financement des entreprises. « Avec la fusion, nous atteignons la taille suffisante pour répondre à des besoins plus importants pour les grosses PME et les ETI », explique Christophe Bosson. Il compte ainsi s’appuyer sur l’expertise des deux anciennes enseignes pour servir notamment les secteurs les plus dynamiques de la région : l’hôtellerie-tourisme pour la Côte d’Azur et l’industrie pour la Provence. La banque peut s’appuyer d’ailleurs sur une agence spécialisée entreprises à Marseille pour répondre aux besoins spécifiques des patrons. Fort de sa nouvelle force de frappe et d’une conjoncture favorable, la Banque Populaire Méditerranée est confiante pour l’exercice en cours avec un objectif de croissance de 2 à 4 % de son produit net bancaire : « Pour infléchir la baisse des taux qui risque de durer, nous allons devoir augmenter nos volumes », prévient le directeur général de la banque.
Chiffres-clés :
> 2 380 collaborateurs
> 520 000 clients (5 000 entreprises, 63 000 professionnels, 450 000 particuliers)
> 160 000 sociétaires (1 client sur 3)
> 244 agences sur 9 départements
> PNB 2016 : 361,8 millions d’euros (-4,4 %)
> 481,2 millions d’euros de capital (+9,2 % en 2016)
> 2,3 milliards d’euros de nouveaux crédits accordés en 2016
> Résultat Net en comptes IFRS : 35,5 millions d’euros