Entre le tintement des tasses et le sifflement du mousseur à lait, les commerçants de Belsunce se retrouvent ce 8 juin à 9 heures du matin à l’Hôtel Sainte Marie sur le Cours Belsunce. En plus du café, du thé à la menthe, de la viennoiserie et des cornes de gazelle, il y a beaucoup de rires et de visages rayonnants. On se réjouit de se revoir. Les dernières rencontres de ce type ont eu lieu il y a trop longtemps. C’est la première fois depuis le début de la pandémie de Covid en 2020 que les petits-déjeuners relationnels économiques organisés par l’Acam, l’Association des commerçants et artisans Marseille Belsunce reprennent.
Mais la relance de cette activité n’est pas si facile. Avant la crise sanitaire, entre 20 et 30 commerçants du quartier participaient régulièrement au petit-déjeuner, contre une dizaine aujourd’hui. Certains arrivent en retard, d’autres partent plus tôt, soit pour ouvrir leur boutique soit pour amener les enfants à l’école. Parmi eux, des commerçants qui sont déjà la deuxième ou la troisième génération à tenir l’entreprise familiale, comme par exemple un magasin général, un atelier de retouche… Cette jeune femme, elle, veut faire partie des futurs commerçants de Belsunce avec la première librairie internationale du quartier. Mais en plus des petits défis du quotidien, la pandémie a mis la vie des commerçants à rude épreuve.
« Dans cette période de post-covid la problématique qu’ils [les commerçants] ont rencontré est la question du financement et la difficulté de faire des liens avec les banques qui en général ne financent pas des petites entreprises. Quand on a un petit porte-monnaie on a du mal à trouver une banque qui dise oui » explique Thérèse Basse, militante de l’association, engagée depuis 2008.
L’Acam s’est donc mobilisée pour trouver une solution, en l’occurence une banque qui accepterait de coopérer avec les commerçants de Belsunce. Parmi toutes les organisations bancaires que l’association a démarchées, c’est la Banque Postale qui a répondu présent pour soutenir les petites entreprises du quartier. Muriel Boukhan, directrice du centre d’affaires professionnel Méditerranée à la Banque Postale et son équipe étaient les invitées de la réunion matinale.« Il n’y a pas des petits clients chez nous, que des clients intéressants» dit-elle.« On est la banque pour tous, qui n’aime pas les inégalités. Il est important pour nous de vous faire des offres assez agressives en terme de tarifes, parce que vous êtes la clientèle la plus facturée de toutes les établissements bancaires.»
Le but de cette réunion est de présenter des dispositifs pour aider les commerçants au quotidien et qui devraient permettre de trouver une solution durable. Muriel Doukhan précise que 50 % des entrepreneurs« tombent » après trois ans à cause de problèmes de trésorerie. La Banque Postale veut donc proposer à cette clientèle des dispositifs qui permettent de réussir comme des remises jusqu’à 30 % pour l’ouverture de compte, des solutions monétiques pour faciliter le processus pour encaisser les clients, des découverts autorisés et des financements pour acheter du matériel, des murs professionnels et faire des travaux dans les commerces ou encore des programmes spécifiques selon la profession et l’âge du commerçant.
Les réactions des entrepreneurs et commerçants de Belsunce montrent que la banque a mis dans le mille avec cette offre. « Dans la culture française, quand on parle de l’argent, j’ai l’impression qu’on n’a pas droit à l’échec» dit une commerçante,« et on te met tout de suite dans une case » ajoute-elle pour préciser la difficulté de trouver une banque qui finance son entreprise.
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