Approuvé lors du conseil municipal d’avril 2021, le dispositif « Petits piétons » est expérimenté aux abords de plusieurs écoles marseillaises depuis octobre dernier. L’objectif affiché de la municipalité est alors de recruter de jeunes retraités pour garantir la sécurité des élèves et de leurs parents à la sortie des établissements scolaires, tout en créant un lien intergénérationnel. Ce mercredi 15 juin, l’heure était au bilan, sept mois après sa mise en service : les soixante retraités volontaires pour mener l’opération dans 52 écoles sont venus témoigner à l’invitation de l’adjoint à la sécurité de la ville de Marseille Yannick Ohanessian.
« Quadrupler les effectifs d’ici 2026 »
« Dans cette ville du tout voiture, aux trottoirs trop étroits, nous ne devons pas céder au fatalisme et devons aller encore plus loin », promet Yannick Ohanessian en préambule. Il rappelle les funestes chiffres liés aux accidents de la route à Marseille : « En 2019, 61 enfants ont été victimes d’un accident de la route sur un passage piéton. Soyez-en sûrs, votre présence a permis d’éviter d’autres accidents. » L’adjoint à la sécurité entend ainsi recruter faire grimper les effectifs à cent retraités pour l’an prochain, et les quadrupler d’ici 2026. « A terme, nous souhaitons minimum un agent municipal – dispositif Petits piétons, médiateurs ou policiers – devant chaque école de la ville » assure-t-il.
Des lacunes en termes de sécurité
Du côté des retraités, le bilan est loin d’être aussi positif. Certes, tous accomplissent leur mission avec engagement, en contrepartie d’un défraiement d’environ 260 euros les mois pleins. Mais ils sont également nombreux, ce matin là, à pointer du doigt un sentiment d’insécurité dans l’exercice de leurs fonctions. « Quand on fait ce travail, il faut savoir se faire respecter », remarque un ancien chargé de sécurité privée, reconverti au service des petits marseillais. En effet, les volontaires des « Petits piétons » sont confrontés au quotidien à l’incivisme prégnant à Marseille. « Les chauffards n’ont pas peur de nous, ils nous disent de dégager. Et ce n’est pas en appuyant sur un petit bouton rouge qu’on va les empêcher de passer », témoigne un volontaire de l’école Aygalades Oasis. Une autre bénévole, cette fois-ci basée à la sortie de l’école du Roucas, dit avoir été carrément victime d’une agression.
« C’est pas en appuyant sur un petit bouton rouge qu’on va arrêter les chauffards ! »
Serge, volontaire à l’école Aygalades Oasis
Alors que certains suggèrent un agrément pour pouvoir tenir tête légitimement aux forcenés, Yannick Ohanessian tempère : « C’est une situation malheureuse que l’on connaît partout à Marseille. S’il faut mettre le paquet sur la sécurité des écoles, on le mettra. Cependant, votre mission doit se limiter à faire traverser les écoliers. Nous nous refuserons à ce que vous fassiez la police. »
Toutefois, face aux doléances, l’adjoint promet une mise en relation plus directe avec les services de police pour intervenir en cas d’urgence. Une formation de gestion des conflits viendra par ailleurs complétée celle déjà dispensée aux volontaires. Enfin, alors qu’une campagne de recrutement de 350 policiers est en cours, Yannick Ohanessian assure qu’une partie de ces effectifs sera affectée devant les établissements scolaires pour assurer la sécurité des écoliers … comme des retraités.
Un dispositif plus large de « rue des enfants » sur les rails
Présente aussi à l’occasion de ce bilan, l’adjointe à la petite enfance Sophie Guérard détaille pour Gomet’ un dispositif plus large dont l’objectif est d’assurer la sécurité autour des écoles mais aussi de tout établissement accueillant des jeunes enfants (crèches, centres sociaux). Intitulé « rue des enfants », il comprendra une série d’aménagement dans les rues comportant un de ces établissement : piétonnisation totale, piétonnisation pendulaire (aux heures d’entrée et sortie), chicanes, ralentisseur … « Ce sera au cas par cas : nous ne voulons pas trop entraver la circulation dans certaines rues », confie Sophie Guérard. La mairie vise ainsi une labellisation « ville des enfants » accordée par l’Unicef. Des dispositifs similaires sont par ailleurs déjà mis en place dans d’autres villes de France comme Lyon et Paris.
Récemment, la municipalité est intervenue rue Barthélémy pour sécuriser les abords de l’école en raison de chantiers privés empiétant sur les trottoirs (voir notre article). Cependant cette rue ne fera pas partie des premières aménagées dans le cadre de ce projet. L’adjointe, qui ne donne pas les emplacements précis des aménagements, espère voir de premiers aboutissements « avant septembre. » «Le processus est très long car c’est la Métropole qui est compétente en matière de voirie pour réaliser ces aménagements », explique celle qui est également membre de la commission métropolitaine en charge de la voirie. La donne pourrait toutefois changer lors du prochain conseil métropolitain, le 30 juin, au cours duquel la compétence voirie pourrait redescendre à la commune…
Liens utiles :
> « Petits piétons » : un premier pas pour sécuriser les abords des écoles à Marseille
> Rue Barthélémy : face aux échafaudages encombrants, un dispositif piéton mis en place
> Loi 3DS : les maires de la Métropole AMP ont commandé leurs nouvelles compétences