Biotech Dental (Salon) : Une usine pour conquérir le marché des aligneurs invisibles

L’entreprise spécialisée dans les prothèses dentaires Biotech Dental investit 15 millions d’euros dans une nouvelle usine à Salon-de-Provence pour ses aligneurs invisibles Smilers. L’équipement doit lui permettre de fournir suffisamment d’unités pour répondre aux marchés européens et américains en pleine expansion.

A l’Atrium de Salon-de-Provence, devant une trentaine de personnes réunies le 10 juin, le patron de Biotech Dental Philippe Veran l’affirme : « Les nouveaux aligneurs dentaires invisibles sont une véritable révolution ». Avec sa filiale créée en 2015 Smilers, il fabrique ces nouvelles gouttières en plastique qui doivent à terme remplacer les appareils en fer classique et annonce la création d’une nouvelle usine dernier cri sur la zone de la Crau, toujours sur le territoire de sa commune d’origine. Un projet salué par les politiques et les représentants du monde économique local venus saluer cet investissement.

La deuxième plus grande usine d’aligneurs dentaires d’Europe

« D’ici trois ans, le marché des aligneurs dentaires aura dépassé celui des implants », explique à Gomet’ Philippe Veran. Il estime la croissance à 25% par an, un eldorado qui attire de plus en plus d’entreprises du monde entier. Pour leur damer le pion, Biotech dental doit aller vite et investir lourdement dans la production. Depuis 2015, il dispose d’une usine de 500 mètres carrés capable de fabriquer 2 000 aligneurs par jour. « Mais ce n’est pas suffisant pour répondre à la demande croissante », prévient le dirigeant. Il a d’ailleurs déjà loué un autre bâtiment voisin pour doubler sa capacité de production. Mais surtout, il dépense 15 millions d’euros pour se doter d’une nouvelle usine high tech sur la zone de la Crau d’une capacité de 10 000 aligneurs par jour.

Avec son usine historique, cela fera 12 000 unités quotidiennes « soit la plus grande usine d’aligneurs d’Europe », se félicite Philippe Veran. Enfin presque… Car il y a quelques semaines, son principal concurrent, Align Technology, leader du marché, a annoncé la construction d’une usine en Pologne bien plus importante avec 2 500 ouvriers attendus sur le site. Si avec ses 70 millions d’euros de chiffre d’affaires, Biotech Dental ne tient pas vraiment la comparaison face aux 2,4 milliards d’euros de l’américain, il n’a pas non plus à rougir. Biotech Dental annonce tout de même la création de 300 emplois dans les cinq ans à venir. « Sans les entrepreneurs comme Philippe Veran, beaucoup de gens n’aurait pas d’emplois ici », salue d’ailleurs le maire de Salon-de-Provence Nicolas Isnard.

Salon-de-Provence, capitale des aligneurs dentaires

« On embauchera des profils très variés, du plus qualifié aux petites mains », précise Philippe Veran. Biotech dental réalise ses aligneurs invisibles Smilers avec des machines d’impression 3D. Chaque modèle est unique et personnalisée réalisée à partir d’une empreinte physique ou numérique réalisée par le dentiste. Les logiciels Smilers commandent ensuite l’impression 3D contrôlée par les techniciens. Biotech Dental recherche donc des techniciens machines, des spécialistes de la conception fabrication assistée par ordinateur, des agents de maintenance… « Nous n’avons pas de mal à trouver ces compétences dans les environs de Salon-de-Provence. C’est aussi ce qui nous a conforté dans le choix de réaliser notre usine ici », explique Philippe Veran. Pour répondre à ses besoins spécifiques, il travaille tout de même avec le lycée Saint-Jean à Salon-de-Provence sur la création de formations spéciales : un BTS prothésiste et une troisième année de spécialisation en infographie. « Si tout va bien, la première promotion démarrera en septembre prochain », espère le patron de Biotech Dental.

Une montée en puissance de la production

Pour sa nouvelle usine, Philippe Veran a vu grand et acheté 30 000 mètres carrés de terrain. « Pour démarrer, on va occuper 10 000 mètres carrés pour une surface de plancher de 3 500 mètres carrés », explique-t-il. Avec ce bâtiment, il anticipe déjà une montée en puissance de la production avec un potentiel final de 20 000 unités par jour. « Et si le marché répond bien, on pourra encore aller plus loin avec d’autres usines sur le reste du foncier », prévient-il. Pour l’instant, Smilers réalise 12 millions d’euros de chiffres d’affaires et « cela pourrait monter à 60 millions d’euros », estime le patron. Mais pour y parvenir, il va devoir se faire une place aux Etats-Unis qui représente la moitié du marché mondial.

La conquête de l’Amérique

Bien implanté en Europe, Biotech Dental doit encore transformer l’essai sur le continent américain. Le député de la circonscription de Salon-de-Provence, Jean-Marc Zulesi (dont Philippe Veran est le suppléant, NDLR), salue d’ailleurs « le courage du patron qui part à la conquête des Etats-Unis face à des géants ». Début janvier, le groupe a racheté Integrated Dental Systems (IDS), l’un des principaux fournisseurs d’implants dentaires outre-Atlantique. Cette acquisition lui offre une bonne ouverture sur ce marché avec un grand réseau de 2 500 représentants. « Nous sommes très concentrés sur cette offensive américaine et notre nouvelle usine doit permettre de répondre à la demande de ce marché quand il décollera », explique Philippe Veran. Il va directement se confronter au géant Align Technology qui détient le brevet originel des aligneurs invisibles depuis la fin des années 90. La force de frappe de son concurrent est très importante et il profite d’un avantage concurrentiel non négligeable : « Il ne paie pas de TVA sur les aligneurs. On perd donc 20% de marges par rapport à eux », regrette le patron de Biotech Dental qui espère un jour faire plier l’Etat français sur la question.

L’art de la fabrication additive

De son côté, l’entreprise salonaise joue la carte de la qualité de fabrication des produits. En 2013, la holding de Philippe Veran et de son associé Bruno Thévenet, UpperSide, ont racheté Poly-Shape, une start-up à la pointe de la fabrication additive par impression laser et 3D. Cette pépite a été rachetée par Michelin en 2018 mais Biotech Dental a conservé le savoir-faire et s’est doté des meilleurs équipements en la matière. Pour sa nouvelle usine de La Crau, elle a notamment développé une machine de thermoformage et de découpe automatique de ses aligneurs en plastiques. Pour aider les dentistes, elle est également en train de finaliser la conception d’un nouveau tomographe pour scanner les mâchoires des patients et créer le moule numérique qui servira de support à chaque aligneurs. « Ils sont tous uniques et sur-mesure pour chaque patients », rappelle Philippe Veran.

Contrairement à certains de ses concurrents, Smilers s’appuie énormément sur la communauté des médecins pour fournir ses aligneurs invisibles. « Cela reste un dispositif médical et il peut y avoir des conséquences graves sans le suivi d’un spécialiste », prévient le patron. Aussi, l’entreprise dispose d’un réseau déjà bien installé de professionnels qui lui achètent ses produits depuis longtemps. Pour le président de la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille Provence Jean-Luc Chauvin, pas de doute, « Biotech Dental est aujourd’hui le leader européen et bientôt mondial » assure-t-il lors de la présentation du projet d’usine à Salon-de-Provence.

Biotech Dental repart en croissance

Si Smilers ouvre des potentialités exponentielles, Biotech Dental n’oublie pas pour autant ses premiers amours. En l’occurence, les implants dentaires. Ils représentent toujours la majeure partie de l’activité de l’entreprise et le groupe vient d’ailleurs de moderniser son usine de Scionzier, près de Chamonix en Savoie. « Un investissement de plusieurs millions d’euros également », avance Philippe Veran. En 2020, Biotech Dental n’a pour la première fois de son histoire pas signé de croissance de son activité. Mais il a tout de même réussi à la stabiliser au niveau de 2019, soit 70 millions d’euros de chiffres. Et la crise Covid semblant s’essouffler, les affaires reprennent de plus belle. L’entreprise enregistre une croissance record de 60% depuis le début de l’année : « Les marchés qui se rouvrent sont plus offensifs mais je reste prudent et attend que la dynamique se confirme », conclut-il.

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