Vent, soleil et eau… Du haut de la Tour la Marseillaise où RTE Méditerranée présente son bilan régional 2023 les éléments naturels se contemplent à perte de vue. Et font écho aux derniers chiffres présentés par l’opérateur public gestionnaire du réseau de transport d’électricité français. Les énergies renouvelables (ENR) comme le solaire et l’hydraulique se portent bien et sont en progression par rapport à l’année précédente.
Des facteurs conjoncturels expliquent le rebond de l’énergie issue des barrages avec la recharge en eau des principales ressources affectées par les sécheresses des dernières années (Serre-Ponçon notamment).
Mais pour le solaire, la croissance est liée au développement du parc qui continue de croitre même si l’essentiel relève des nouvelles installations de petites unités sur toiture de bâtiments divers. Le développement des parcs photovoltaïques en Provence-Alpes-Côte d’Azur dispose désormais d’une capacité installée de 2,3 GW soit une augmentation de 15% par rapport à 2022. Les capacités solaires ont doublé en sept ans.
Cette dynamique laisse espérer une sortie progressive des énergies fossiles pour produire de l’électricité. Pour peu que d’autres sources s’y mettent vraiment comme l’éolien. En attendant les futurs parcs commerciaux en mer, la part du vent stagne, tout comme celle de la production des centrales thermiques renouvelables et à partir de déchets.
Au total avec 5800 MW installés, le parc des énergies renouvelables représente 69% des capacités installées de la région. Cela équivaut à un volume comparable à environ un tiers de sa consommation en 2023 observe RTE.
Pétrole et gaz au plus bas depuis 2014
Les énergies fossiles (pétrole, et gaz) sont en recul. Le volume de production thermique fossile a baissé presque de moitié par rapport à l’année précédente, passant de 9 TWh en 2022 à 4,7 TWh en 2023, soit son plus bas niveau depuis 2014. Le même phénomène est constaté en France.
Dans l’ensemble, en Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2023, le volume total d’électricité produite (17,4 TWh) retrouve un niveau similaire à celui de 2021 (17,7 TWh).
Autre nouvelle plutôt satisfaisante pour nos ressources, la consommation électrique a baissé en 2023 par rapport en 2022. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la consommation (corrigée des aléas météorologiques et calendaires) de l’année 2023 s’élève à 39 TWh et a diminué de 3% par rapport à 2022. Mais elle reste largement (plus du double) supérieure aux capacités de production évoquées de 17,7 TWh.
Des efforts de sobriété ont été réalisés par les particuliers, les entreprises et les collectivités se félicite Gilles Odone, le délégué régional de RTE Méditerranée. Mais ces économies d’énergies ne doivent pas masquer les besoins croissants qui sont devant nous. Ils sont nombreux et variés. Les économies d’énergie déjà enregistrées sont en quelque sorte les plus faciles à réaliser comme l’installation pompes à chaleur chez le particulier. Les prochaines comme les économies énergétiques lourdes comme par exemple « sur les bâtiments HLM seront plus longues à obtenir » explique le dirigeant.
Et surtout, de nouveaux besoins nouveaux et usages émergent, notamment du côté des activités économiques liées tant à la décarbonation des industries en général que des nouveaux projets notamment sur la zone Fos-Berre, avec les projets sur l’hydrogène mais aussi sur les besoins des data-centers ou de l’alimentation des navires à quai. « On pressent une augmentation de la demande qui sera peut-être très progressive mais qui sera de plus en plus marquée au plus on arrivera à l’échéance 2030 2035 pour atteindre la neutralité carbone » observe Gilles Odone.
Face aux besoins, 1,22 milliard d’investissements programmés jusqu’à 2027
« Les besoins d’électricité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur vont connaître une augmentation considérable d’ici 2030. Cette tendance haussière sera le résultat d’une part par la dynamique de transition énergétique engagée sur le territoire, avec notamment l’électrification des usages pour les particuliers et le vaste mouvement de décarbonation de l’industrie locale, notamment à Fos-sur-Mer 2e zone la plus émettrice de gaz à effet de serre de France. Cette très forte croissance des besoins électriques implique d’adapter le réseau électrique » renchérit RTE dans un communiqué.
Pour y répondre, l’entreprise continue ses investissements (78 millions en 2023) et les estime à 1,22 milliard d’euros sur la période 2023-2027. Trois gros dossiers sont identifiés. 300 millions (d’ici 2028) sont fléchés sur la ligne à haute tension de 400 000 volts pour sécuriser l’alimentation électrique de la région Provence Alpes Côte d’Azir. 400 millions (d’ici 2033) sont programmés dans la moyenne Durance avec neuf postes pour accueillir les énergies renouvelables. Une autre tranche de 400 millions d’investissement est annoncée (d’ici 2040) dans les Alpes-Maritimes pour fiabiliser le réseau avec 300 km de liaisons aériennes à réhabiliter ou reconstruire, 580 pylones en acier noir à traiter en zone de forte corrosion.
Une consultation publique sur le schéma décennal de développement du réseau
La concertation publique préalable sur la ligne à haute tension Jonquières (Gard) – Fos qui vient de se clôturer ne doit masquer une autre consultation actuellement en cours, ouverte aux contributions jusqu’au 30 avril. Elle concerne le schéma décennal de développement du réseau (SDDR). C’est est un plan – programme national. Il a pour but de garantir que le réseau public de transport d’électricité est adapté aux objectifs de politique énergétique fixés par l’État et que son développement ne constitue pas un frein à l’atteinte de ces objectifs.
La dernière édition du SDDR de RTE date de 2019. « Depuis cette date, l’État a redéfini l’orientation de sa politique énergétique : relance du nucléaire, accélération des renouvelables en mettant l’accent sur l’éolien en mer et le solaire, priorité à la réindustrialisation via le développement de zones industrielles bas-carbone. Ces orientations visent à renforcer la souveraineté énergétique du pays en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles importées, en développant sa capacité de production d’électricité décarbonée et en relocalisant sur le territoire des composants clés de la chaîne de valeur pour les technologies d’avenir. Le réseau est au coeur de cette transformation. La nouvelle édition du SDDR doit tirer les conséquences des nouvelles orientations de politique énergétique, et proposer une stratégie réseau séquencée dans le temps, chiffrée sur le plan économique et évaluée sur le plan environnemental » explique RTE sur le site dédié avec documents à l’appui et ouverture aux contributions.
Document source : L’essentiel de RTE en Provence Alpes-Côte d’Azur
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