On entend que les logiques « comptables » seraient à l’origine des défaillances des hôpitaux, qu’en pensez-vous ?
il faut une régulation qualitative, plus que quantitative avec une identification fine des postes de gaspillage dans le système de santé
Bruno Ventelou
Bruno Ventelou Il faut être sûr, que si l’on augmente les dépenses, ce seront des bonnes dépenses et qu’il ne s’agit pas simplement de faire transiter du revenu supplémentaire vers des professions qui tirent parti d’un savoir d’expert, en position de rente informationnelle. On peut penser par exemple à certains médicaments qui restent sur le marché malgré un manque d’efficacité démontré. Si on veut, il faut une régulation qualitative, plus que quantitative avec une identification fine des postes de gaspillage dans le système de santé. Nous devrons légitimement continuer à regarder le coût d’une pathologie, la quantité de personnel par patient, bref surveiller des indicateurs, et faire des chiffrages précis : il faut bien réguler pour traquer les poches d’inefficacité.
Avec cette crise, les médecins vont regagner du pouvoir dans l’institution hospitalière…
Bruno Ventelou : La profession médicale va regagner des marges de décisions qu’elle avait perdues, mais je ne suis pas sûr que ce soit toujours souhaitable. L’hôpital est un endroit où le pays alloue des ressources et donc il faut des gens formés à l’efficacité de l’allocation des ressources avec des méthodes, avec une culture de bonne gestion, des analyses coûts/bénéfice. Mais c’est le bon moyen de dégager des fonds pour réinvestir en santé, là où il y a des défaillances. Encore une fois, on peut très bien augmenter le niveau global de la dépense, pourquoi pas vers 15 % du PIB, mais tout en continuant de veiller à ce que chaque sou dépensé reste efficace.