Ne leur parlez pas de « candidats ». Sophie Camard, suppléante du députée LFI (La France insoumise) de Marseille Jean-Luc Mélenchon, et Mohamed Bensaada, acteur associatif des quartiers Nord et militant LFI, seront les « co-chefs de file » de leur mouvement dans la cité phocéenne pour les élections municipales à venir. C’est ce qu’ils ont annoncé lors d’une conférence de presse conjointe tenue dans les locaux marseillais de LFI ce mardi premier octobre. C’est une « assemblée communale » du mouvement qui en a décidé ainsi samedi 28 septembre, validant également le rapprochement de LFI à Marseille avec le Mouvement sans précédent et le Pacte démocratique – deux collectifs citoyens issus de la société civile.
« Nous invitons EELV au rendez-vous de l’histoire »
Pas de candidat désigné donc, mais un mandat donné à ces deux chefs de file pour positionner LFI dans une union des gauches à construire. Là-dessus, Sophie Camard et Mohamed Bensaada se sont exprimés sur l’enjeu représenté par la constitution d’une liste commune avec EELV – parti sous la bannière duquel Sophie Camard fut conseillère régionale Paca de 2010 à 2015, d’autant plus important qu’un récent sondage publié par le journal La Tribune crédite le parti vert de 14 à 17,5 % des intentions de vote selon différents scénarios. « Nous les attendons au rendez-vous de l’histoire » a déclaré Sophie Camard sur le sujet, ajoutant à l’adresse des verts : « si on veut faire de l’écologie, donnons-lui les moyens de gagner », une façon d’appeler au rassemblement.
Sur une possible liste EELV indépendante à l’élection municipale, elle affirme que « d’expérience, l’autonomie chez les verts n’est pas forcément une ligne de conviction, c’est plus une ligne de rassemblement pour des gens qui ne sont pas d’accord entre eux ». Toutefois, pour les deux co-chefs de file LFI, « la stratégie ne se résume pas à une union de la gauche », insistant sur l’aspect participatif et citoyen de leur démarche et invitant à « une liste de dépassement des partis existants pour les municipales ». Néanmoins, Sophie Camard s’est montrée bien consciente des délais serrés qui contraignent cette démarche. « A la mi-octobre, il faudra qu’on y voie clair, ouvrir un nouveau cycle politique », a-t-elle ainsi affirmé.
Des « axes programmatiques » à défaut d’un programme
Tout comme LFI n’a pas de candidat déclaré à l’élection municipale, elle ne dispose pas de programme à proprement parler. Néanmoins, les deux co-chefs de file ont tenu à présenter des axes programmatiques, qu’ils inscrivent dans le cadre d’un « débat de projet » . En réponse à ceux qui pourraient les accuser de vouloir imposer leurs vues, Sophie Camard et Mohamed Bensaada ont ainsi précisé : « l’avantage de lancer quelques idées, c’est qu’elles vont faire leur chemin, peut-être ne seront-elles pas retenues, mais elles alimenteront le débat ». En cela, les deux militants LFI se font les portes-parole des collectifs citoyens dont ils se veulent l’émanation, et dont ils entendent porter les propositions.
Ainsi, quatre grands axes programmatiques ont été exposés, pour faire de Marseille « une cité accueillante et remarquable », « une cité active, avec des citoyens et des citoyennes », un « petit bout de République sociale » ou encore une ville « mobilisée pour l’urgence climatique ». Dans un document distribué à l’issue de la conférence de presse, les deux co-chefs de file LFI ont également présenté 15 « orientations fortes d’aménagement urbain », en forme de contribution à l’enquête publique sur le Plan local d’urbanisme intercommunical (PLUI). Des idées qui devront donc trouver leur voie au sein d’un rassemblement plus large – si celui-ci doit avoir lieu.
REPERES
Verbatim des axes programmatiques portés par LFI pour Marseille :> Sur le logement : « Nous ferons respecter la charte du relogement. Nous transformerons les outils publics de la ville (Soleam, Marseille Habitat », au service de la population. Nous lancerons des états généraux du logement à Marseille pour mobiliser tous les bailleurs sociaux de l’immobilier, et nous aider à transformer l’habitat. Nous ferons un recensement exhaustif des logements et bureaux vides pour les remettre à disposition du patrimoine locatif ».
> Sur le port de Marseille : « Nous ne sommes pas contre les ports. Au contraire, ce sont des lieux d’échanges et d’ouverture au monde, c’est une source d’activité et d’emplois considérable. Nous aimons le port qui a su accueillir l’Aquarius, le port qui permet les échanges entre les deux rives de la Méditerranée. Nous porterons la vision d’un port de la transition énergétique et de l’excellence environnementale, d’un port avec des critères d’emploi local et de normes sociales dans ses investissements, et qui améliore la concertation avec les riverains ».
> Sur la culture : « Il n’y a pas de politique culturelle digne de ce nom à Marseille. De notre côté, nous pouvons considérer que la culture n’est pas seulement un divertissement pour remplir les hôtels, mais aussi un levier de changement social, d’apaisement, de civilité, d’appropriation de l’espace public. C’est à nous d’identifier aussi ce qui crée du bien-être pour le développer ».
> Sur les espaces verts : « Un agent des parcs et jardins doit se sentir peu considéré aujourd’hui. Les espaces verts, c’est de de l’occupationnel. Mais demain, si vous donnez à la Direction des parcs et jardins une place stratégique dans les politiques d’urbanisme et les plans climat, si vous formez les agents au zéro pesticide et à la végétalisation de la ville, si vous leur donnez les outils appropriés, vous revalorisez le travail et vous changez les politiques publiques »
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