Le fondateur de Sophia Antipolis est décédé à 96 ans et ses obsèques ont eu lieu à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes) mardi 13 juillet dans une indifférence qui interpelle. Pas de grande figure politique ni nationale ni régionale, pas plus que des représentants de l’État dont il fut pourtant un grand serviteur. Notre confrère Webtime Media décompte deux cents personnes avec fidèles, des élus des Alpes-Maritimes des chercheurs et des entrepreneurs. Mais la French Tech, les pôles de compétitivité, les pépinières, les incubateurs et autre labs, les acteurs de notre développement impulsé depuis des années dans notre région sur la base de la technologie, de la science et du savoir lui doivent tout. Il est l’inventeur en France du modèle économique qui fait de l’innovation son carburateur.
Une vision : un quartier latin au champs
En 1960, lorsqu’il lance l’idée d’un « Quartier latin aux champs » (voir document source), qu’il voit d’abord près de Paris, il est une jeune géologue brillant. Né dans une famille engagée, passionnée de culture et de politique, devenue juste parmi les nations, et il a fait Polytechnique. Sorti ingénieur des Mines, il est devenu directeur du Bureau de recherche géologique et géophysique puis il rejoint l’École de Mines où il développe la recherche en mathématiques appliquées, en matériaux, en énergétique, en économie, en gestion scientifique et en sociologie et les liens avec les entreprises. En 1974, il est nommé directeur de l’École des mines de Paris et il sera nommé 1980, à la présidence du Comité de recherche du Plan.
Il a renoncé à Paris et c’est au-dessus d’Antibes, Antipolis en latin, qu’il inaugure en 1969 son projet d’une « Cité internationale de la sagesse des sciences et des techniques », la « Florence du XXIe siècle » qui portera un nouveau modèle de croissance basée sur la fertilisation croisée, sur l’ouverture de l’industrie à la recherche, de l’innovation à l’entreprise, du territoire à la culture. Il est déjà un chercheur reconnu qui apprend des expériences les plus avancées dans les universités anglo-saxonnes en particulier.
Il est un apôtre de ce que le prospectiviste André-Yves Portnoff appellera la « Révolution de l’intelligence » (1). Alors que la France vit encore de sa sidérurgie, de son textile, de sa réparation navale, il pressent que c’est le facteur intellectuel, la concentration de matière grise, dans un univers neuf et propice qui attirera les entreprises.