Pierre Laffitte porte trois ruptures
On ne bâtit pas une cité avec des murs mais avec des cerveaux. La première implantation qu’il pilote, conçoit et dirige à Sophia, sera l’établissement décentralisé de l’École des Mines. Un symbole. À partir de cet établissement de recherche et d’enseignement, il va attirer les grands leaders mondiaux de l’innovation et de la technologie à Sophia.
Il faut une « raison d’être » pour prendre sa place dans un marché mondialisé. Pierre Laffitte sera le metteur en mot de ce projet, le porte-parole, l’hôte de Sophia. Ses petits-déjeuners seront toujours un sas vital pour les nouveaux venus. Mais la Fondation Sophia Antipolis ne deviendra jamais, sous son autorité, un monstre architectural ou administratif.
« Sophia Antipolis c’est la Fondation Maeght plus l’Aéroport de Nice ».
Pierre Laffitte
La place Sophie Laffitte, le lieu mythique et historique de tous les rendez-vous n’offrait que quelques bureaux, conçu à l’origine raconte la légende pour être des garages. Une équipe restreinte, mais fidèle et déterminée, un café, une pépinière d’entreprises et surtout dans la cour écrasée de soleil des œuvres d’art contemporain monumentales. Pierre Laffitte aura cette formule lapidaire : « Sophia Antipolis c’est la Fondation Maeght plus l’Aéroport de Nice ».
L’environnement est dès 1960 le moteur de la Cité. Il ne voulait pas séparer innovation économique, écologique et culturelle. Pierre Laffitte est écologiste avant l’heure. Il milite au siècle dernier pour la voiture électrique, il est l’auteur du Rapport fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques en 1993 sur « L’intérêt du véhicule électrique au regard de la protection de l’environnement ».
Sénateur des Alpes-Maritimes de 1985 à 2008
Mais ces ruptures dérangent. Nous sommes au temps de la toute-puissance de Jacques Médecin qui voit d’un mauvais œil se développer un pôle économique hors de Nice, avec une population internationale et diplômée qui échappe à ses réseaux. La gouvernance de Sophia Antipolis sera et reste l’enjeu de rapports de force politiques et immobiliers. Pour faire avancer la technopôle, il entrera en politique, au parti radical et sera sénateur des Alpes-Maritimes de 1985 à 2008.
« Nous ne devons pas nous laisser aller à la surconsommation du béton »
Pierre Laffitte
Le succès aidant, la tentation récurrente de réduire Sophia à un parc de bureaux lucratifs est forte. Dans une de ses dernières interviews, Pierre Laffitte déplore les divergences « entre ce qui se prépare et ce qui devait être. Nous ne devons pas nous laisser aller à la surconsommation du béton, au détriment de la protection de la nature. (2)» et il déplore l’abandon par la Fondation du projet culturel sophipolitain.