Mardi 23 janvier, nous vous proposions notre premier volet consacré aux premiers travaux de la ville de Marseille sur son big data de la tranquillité publique. Voici, notre deuxième partie sur le sujet. L’adjointe au maire de Marseille déléguée à la sécurité publique et à la prévention de la délinquance réfléchit déjà aux prochaine briques big data pour Marseille.
Gomet’. Quel peut être l’impact du big data de la tranquillité publique sur la sécurité à Marseille ?
Caroline Pozmentier. La ville de Marseille a engagé depuis de nombreuses années un vaste projet de renforcement de la sécurité. Il s’appuie sur le renforcement des moyens humains et matériels mais aussi sur la modernité numérique. Nous savons que nous disposons d’un grand volume de données, à la fois historique et alimenté en temps réel. L’outil big data va permettre d’alimenter notre information décisionnelle. C’est un projet unique, sans doute le projet le plus innovant en matière de SafeCity en Europe.
Comment en envisagez-vous la gouvernance, de très nombreuses entités étant concernées ?
C. P. : Pour qu’un tel projet fonctionne, il est essentiel de «dé-siloter » l’action publique. Pour que les résultats en matière de sécurité soient le plus efficace possible, je vais par exemple devoir parler de façon encore plus régulière avec les personnes en charge des emplacements. Plus globalement, il va falloir mettre en place une nouvelle gouvernance des données. Elle concernera tout le monde, les services de la ville, les partenaires comme l’AP-HM, le secteur privé et les administrés. En France, l’ordre public est de la responsabilité de l’état, le big data de la tranquillité publique n’a d’ailleurs pas été conçu pour lutter contre le crime organisé mais nous allons travailler en bonne intelligence avec la Police nationale. Le préfet de police était d’ailleurs présent à la réunion de lancement du projet fin novembre.
C’est un projet qui pourrait essaimer au-delà de la sécurité ?
C. P. : L’observatoire de la tranquillité publique est une première brique. Cette démarche pourrait tout à fait être appliquée à d’autres domaines, on peut penser à l’urbanisme, à la culture, au tourisme,…
Une extension technologique est déjà prévue avec un projet européen, en quoi consiste t-il ?
C. P. : Grâce au big data de la tranquillité publique, Marseille a réussi à se tailler une place de ville innovante en matière de sécurité. Avec Atos, nous avons déposé un dossier H2020 (programme-cadre européen de recherche et d’innovation, ndlr) pour faire émerger de nouveaux cas d’innovation à Marseille. Je suis allée à Bruxelles rencontrer à ce sujet le commissaire Julian King. L’idée est de faire appel à des réseaux neuronaux placés dans des calculateurs très puissants, interagissant avec des données de terrain, y compris collectées par des capteurs. Le système pourrait alors se voir doter d’une certaine forme d’intelligence lui permettant de savoir ce qui est normal et anormal.
Liens utiles.
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