Le verdict est tombé. Le tribunal d’Aix-en-Provence a condamné dans son délibéré mardi 13 février Vianney d’Alançon et sa société SAS Rocher Mistral à la remise en état des lieux du château de la Barben, ainsi que, respectivement, 20 000 et 70 000 euros d’amende avec sursis.
Le délibéré, que Gomet’ a pu consulter, liste plusieurs lieux précis que la société devra ainsi remettre en état : il s’agit d’une dalle en béton et une tranchée, la rampe dans le jardin et tous les éléments de la “base vie”, ou encore la remise en l’état de l’ancien potager aujourd’hui occupé par une esplanade de 2500 m² où se tiennent les spectacles, ainsi que deux parkings du Rocher Mistral. Cette remise en état doit intervenir dans les neuf mois suivant la condamnation. Pour rappel, il est reproché au Rocher Mistral d’avoir procédé à ces aménagements sans autorisation et permis de construire.
Pour l’association France Nature Environnement, partie civile, cette condamnation n’est pas pleinement satisfaisante. « C’est un peu un coup de massue de voir le président du tribunal prononcer un non lieu dans l’affaire des chauves-souris. Il ne retient pas l’atteinte à la colonie, qui a pourtant été décimée », déplore Stéphane Coppey, représentant de FNE 13. En effet, l’association a porté plainte contre le Rocher Mistral pour atteinte à la biodiversité présente sur le périmètre du château. Il juge également le montant des dommages et intérêts versés à l’association – 2000 euros – très faibles en comparaison des frais de justice engagés, qui s’élèvent à 12 000 euros.
Rocher Mistral va faire appel et lance sa saison 2024
Du côté de la défense, si ce jugement est évidemment « un gros point négatif », l’avocat de la société et de Vianney d’Alançon, Me Bruno Rebstock, y voit quelques points de satisfaction, à commencer par un montant de l’amende « moindre que celui réclamé par la procureure (150 000 euros pour la société, ndlr) » et le sursis accordé, ainsi que la reconnaissance de « l’absence de volonté de nuire. »
« C’est la mort du Rocher Mistral, et aussi celle du château »
Me Bruno Rebstock
Malgré cela, une remise en l’état du patrimoine signerait, selon lui, « la mort du Rocher Mistral et également celle du château » : « Cela veut dire qu’il faut remettre le Rocher Mistral à l’état de délabrement dans lequel il se trouvait avant », déplore Me Rebstock. Dans un communiqué transmis par la direction du Rocher Mistral, cette dernière fait part de son « son incompréhension face à cette décision de justice. Plus de 25 millions d’euros d’investissements privés ont été réalisés pour ce projet et des centaines d’emplois directs et indirects ont été créés. Une initiative favorable à la sauvegarde du patrimoine et à l’économie de la région. »
Le Rocher Mistral confirme sa volonté de faire appel de la décision. Il lance également un pétition pour « soutenir ce projet artistique et culturel qui sauve le patrimoine » et confirme que le parc ouvrira ses portes les 30 mars pour sa saison 2024.
Egalement contacté par Gomet’, le maire de La Barben, Franck Santos, se satisfait de la décision : « la justice a reconnu qu’on ne pouvait pas faire n’importe quoi et n’importe comment. Elle reconnaît les infractions au code de l’environnement et de l’urbanisme commises par le Rocher Mistral. Même s’il y a appel, cela ne change rien au fait qu’ils sont condamnés et cela ne veut pas dire non plus que la Cour va revenir sur cette condamnation. »
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