Attaqué au tribunal par France nature environnement (FNE) et des habitants, le parc à thèmes Rocher Mistral construit sur le Château de La Barben a du plomb dans l’aile. Le projet a notamment reçu le soutien massif des collectivités via des subventions records. Le Département des Bouches-du-Rhône a voté une aide de 2,2 millions d’euros et la Région Sud apporte 3,35 millions d’euros sur un investissement total estimé à 30 millions d’euros.
L’utilisation de cet argent public alerte ainsi l’association Bouches-du-Rhône défense développement créée par l’ancien représentant local d’Anticor, Jean Sansone : « Je vais envoyer un courrier au procureur dans le courant du mois d’octobre pour lui demander d’enquêter », annonce à Gomet’ ce dernier. Et selon plusieurs sources, la gendarmerie aurait ouvert elle-même une enquête sur l’irrégularité des travaux entreprise par la SAS Rocher Mistral. Ces nouveaux éléments inquiètent de plus en plus les soutiens du projet, notamment la Région sur le point de faire machine arrière sur le dossier.
Document source : la convention de subvention entre la Région Sud et la SAS Rocher Mistral adoptée en décembre 2020
On ne joue pas avec l’argent public
Renaud Muselier
Interrogé en marge de l’élection de Sophie Joissains à la mairie d’Aix-en-Provence le 24 septembre dernier, Renaud Muselier indique : « J’ai toujours été clair sur le sujet. S’il s’avère qu’il y a un manquement à la loi, nous retirons notre soutien. On ne joue pas avec l’argent public ». Le Président de Région se prépare ainsi à réagir à une éventuelle condamnation du Rocher Mistral. Les trois millions d’aides prévus par la collectivité n’ont pas encore été versés et« pourraient ne jamais l’être», espère Stéphane Coppey, le responsable FNE 13.
Le tribunal judiciaire doit notamment se prononcer le 26 octobre prochain sur la plainte de FNE pour atteinte à une colonie de chauves-souris et construction sans permis. « Les travaux d’aménagement des souterrains du château réalisés sans aucune dérogation ni document d’urbanisme valables ont eu pour conséquence de nuire gravement à une colonie de chauve-souris, le murin à oreille échancrées (myotis emarginatus), la plus importante de toute la région Paca, avec 600 à 700 individus », explique l’association. De plus, France Nature Environnement dénonce également la construction du marché et d’un parking de 400 places sans permis. « Ils sont clairement passés outre les refus d’autorisations et de permis pour construire leur projet au mépris de l’environnement, du patrimoine et des habitants », explique Stéphane Coppey.
Contactée par Gomet’, la direction de Rocher Mistral se défend de nuire à la qualité de vie des habitants expliquant que la zone est déjà largement impactée par le tourisme : « Le château de La Barben est situé à 100 m du Zoo de La Barben, l’un des principaux sites touristiques des Bouches-du-Rhône. Il vient de fêter son demi-siècle d’existence et accueille des centaines de milliers de visiteurs chaque année », rappelle Frédéric de Lanouvelle, le directeur adjoint du Rocher Mistral qui ne souhaite pas commenter le reste de l’affaire.
L’avenir du Rocher Mistral est « très incertain » pour la préfecture
Sans préjuger de la décision du tribunal, la préfecture estime elle-même dans une note révélée par le site « La Tribune de l’Art » que « l’avenir du projet est très incertain ». La SAS Rocher Mistral présidée par Vianney d’Alançon a déposé le 30 juillet dernier auprès de l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine trois permis d’aménager pour lancer la deuxième phase du parc d’attractions, soit un parc de loisirs et une zone commerciale supplémentaire : « Dans l’immédiat, il apparaît que les dossiers sont incomplets », répond la préfecture qui ajoute même que deux d’entre eux « sont par ailleurs inexploitables en l’absence d’informations ». Selon les services de l’Etat, « il fait peu de doute que cette deuxième phase ne pourra pas être achevée pour l’été 2022 comme le souhaite le porteur du projet ». Pour rappel, le parc Rocher Mistral a ouvert ses portes le 1er juillet dernier et ambitionne d’accueillir 200 000 visiteurs pour sa première année.
Document source : la note de la préfecture sur la suite du projet Rocher Mistral :
Liens utiles :
> [Tourisme] Le château de La Barben devient le « Rocher Mistral »
> Vianney d’Alançon veut lever 10 millions de plus pour le château de La Barben
> Vianney d’Alançon rachète le château de La Barben