A mi-chemin entre la tour CMA CGM et le Dock des Suds, un chapiteau blanc pointe le bout de son nez. D’ici 2024, la Cité scolaire internationale Jacques Chirac s’érigera, sur ce terrain vague de 26 000 mètres carrés, comme un établissement d’excellence pour 2 190 élèves de la primaire au lycée. La première pierre est posée le 25 octobre 2021 : les prémices d’une “oasis” pédagogique qui se veut à la fois écologique et technologique dans le quartier d’Euroméditerranée.
Jacques Chirac en étendard
Une truelle, du béton et un sourire. Le président de la Région Sud,Renaud Muselier, recouvre la première fondation de l’édifice. Puis, il tire le drap blanc du pupitre avec Pierre-Marie Ganozzi, l’adjoint au Plan écoles de la ville de Marseille. Le nom de « Jacques Chirac » apparaît. L’élu ne cache pas sa fierté de rendre hommage à l’ancien chef de l’État français, celui« qui lui a tout appris». Renaud Muselier témoigne avec émotion : « Jacques Chirac, c’est un nom qui rassemble, qui mélange, qui défend la France en tant que famille unie et solidaire. »
Le nom de baptême séduit les autres parties prenantes du projet. Il rappelle l’engagement de l’ancien président pendant son mandat (1995 à 2007) : la relance du Plan cancer en 2004 à Marseille, l’organisation du sommet historique de l’Union européenne à Nice, l’inauguration de la ligne de TGV Paris – Marseille… « Il aimait profondément cette région » confie sa fille Claude, présidente de la Fondation Jacques Chirac, venue exprimer sa gratitude et celle de sa famille.
L’écologie au coeur du projet
Le projet architectural, à première vue, n’est que végétation luxuriante : les arbres, bosquets, plantes fleurissent sur les fenêtres, sur les toits etdans les cours-jardins. Une manière d’« apporter de la sérénité » selon les mots des deux architectes, Rudy Ricciotti et Roland Carta.En se rapprochant, une robe de béton fibré se distingue, comme la dentelle du Mucem,sur un côté de la façade extérieure. De l’autre, les stries ondulées qui rappellent les flots marins. La façade intérieure en fibre de lin témoigne la « posture idéologique » de l’architecte dans le choix des matériaux, biosourcés et sélectionnés en France. « L’école ne sera pas un catalogue de références internationales (…) de Chine, de Turquie, d’Allemagne…» assume Rudy Ricciotti qui martèle son ancrage « patriote ».
L’engagement environnemental passera aussi par le raccordement de l’établissement au réseau de géothermie Thassalia, qui puise l’eau de la mer pour optimiser les besoins en chaud ou en froid pour certains bâtiments du quartier Euromediterranée (le cinéma Pathé-Gaumont La Joliette, les Terrasses du Port…)
Protéger pour s’ouvrir ?
Avec cinq langues enseignées (anglais, allemand, espagnol, arabe et chinois), l’excellence pédagogique de la cité se mesure aussi à la technologie mobilisée. « C’est fini la craie et le tableau noir » ironise Renaud Muselier. Les élèves bénéficieront d’un Centre de documentation et d’informations connecté, dont l’ensemble des salles sera équipé de systèmes de visioconférence.
PourPierre-Marie Ganozzi, la Cité scolaire internationale est un « espoir pour la ville » qui répond aux « besoins urgents d’une école d’excellence dans un des quartiers les plus pauvres d’Europe ». De son côté, Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, souhaite que l’école « rayonne sur le territoire et à l’international» pour attirer des cadres dirigeants à l’instar de l’école internationale de Manosque pour les enfants des cadres d’Iter.
A la fois « protégée » et « ouverte sur le monde », la cité scolaire fait face à un double défi. Pierre-Marie Ganozzi affiche ainsi sa volonté de « recoudre le Nord etle Sud » au sein de ce lieu éducatif. Mais il insiste aussi sur la « sécurité » pour « rassurer les parents d’élèves au regard de l’actualité tragique » de ces derniers mois à Marseille. Au croisement d’un quartier de l’arrière-Port paupérisé et d’un centre d’affaires dynamique, la Cité scolaire internationale devra répondre à de nombreuses attentes : réussir à en faire un lieu de mixité et d’égalité des chances ainsi que d’attractivité territoriale.
Repères
La Cité scolaire internationale sera réalisée avec un budget total de 100 millions d’euros, cofinancé par la Région Sud (49%) pour 1100 lycéens, le Département des Bouches-du-Rhône (37%) avec 600 collégiens et la Ville de Marseille (14%) avec 400 primaires. Le démarrage des travaux est prévu au premier trimestre 2022 et l’ouverture annoncée pour la rentrée scolaire 2024.
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