En procédure de sauvegarde depuis le mois de janvier, l’équipementier et ensemblier varois Cnim (Constructions navales et industrielles de la Méditerranée) passe à la barre du tribunal de commerce de Paris le 28 mai prochain. Les juges statueront sur le protocole de financement qui doit lui permettre de se redresser d’ici fin 2020. Compte-tenu de la dimension stratégique du groupe Cnim, le syndicat Force Ouvrière appelle l’État à intervenir par une prise de participation temporaire significative au capital, « et à l’assortir d’une aide de 100 millions d’euros pour traverser la crise », ajoute dans un communiqué Jean-Pierre Polidori, délégué syndical FO de Cnim.
Un danger de vente à la découpe pour Cnim
La situation fragile de CNIM n’a pas de lien direct avec la crise du Covid-19 mais a été provoquée par la défaillance de son partenaire anglais en génie civil depuis seize ans, l’entreprise Clugston, avec un impact direct sur la trésorerie estimé à 60 millions d’euros. Pour compenser ces pertes, Cnim a déjà vendu son siège parisien pour 41 millions d’euros. Le 29 avril, un protocole de conciliation a été signé avec un pool bancaire, l’actionnaire industriel historique allemand Martin Gmbh et l’État français, au terme duquel la Cnim doit se voir accorder de nouvelles lignes de crédit et de cautionnement pour un total de 400 millions d’euros.
Mais le protocole est assorti de conditions comme la création de quatre fiducies, pour diviser les titres des différents pôles d’activités, et la recherche de repreneurs ou d’investisseurs d’ici fin 2020. Jean-Pierre Polidori dénonce « une échéance irréaliste s’il s’agit de rechercher des partenaires industriels pérennes ». Pour le syndicaliste, seule une nationalisation partielle de la Cnim lui offrirait les conditions nécessaires pour sortir de la crise. Le 30 avril dernier, le gouvernement a débloqué 11 millions d’euros d’aide via un prêt de la BPI. « Cette réponse n’est pas à la hauteur des enjeux ni de la dimension stratégique du groupe Cnim », estime le syndicat.
Créé en 1856, la Cnim est un équipementier de premier rang de la direction générale des armées. Il emploie 2 600 salariés, dont près d’un millier à La Seyne-sur-Mer (Var). En 2019, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 588,4 millions d’euros.