Le Congrès mondial de la nature n’est pas juste un événement parmi tant d’autres à Marseille : il revêt une importance majeure pour le monde entier, à l’aune du dernier rapport du Giec. En effet, il doit permettre de définir les motions qui seront ensuite portées au niveau de la conférence sur la biodiversité Cop15, qui débutera en avril 2022 à Kunming, en Chine. Explications avec Bruno Oberle, directeur général de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
La conférence des Nations unies sur la biodiversité ouvrira officiellement en avril 2022 en Chine et réunira 190 pays autour de la table pour sortir de l’urgence climatique, dans le contexte alarmant décrit par le dernier rapport du Giec. Une première réunion virtuelle doit néanmoins se tenir du 15 au 21 octobre 2021, dont l’échéance approche à grands pas.
Le fait d’organiser le Congrès mondial de la nature permet donc de débroussailler en amont les textes qui vont être proposés et d’avancer dans les négociations afin d’accélérer le processus. « Parmi les Etats qui seront réunis à la Cop15, certains font partie de nos membres à l’UICN mais pas de la majorité à la Conférence des Nations Unies. Par conséquent, nous sommes ici pour pré-discuter, pour cerner les défis environnementaux et réfléchir à des solutions. Si nos membres arrivent à trouver un accord, ce sera déjà ça de fait », détaille Bruno Oberle, au micro de Gomet’.
Réunis tout au long de cette semaine de Congrès, l’Assemblée des membres envisage ainsi plusieurs pistes. Parmi elles, la motion 101, qui vise à protéger au moins 30% de la planète « aux bons endroits, en tenant compte des droits et des populations qui existent », précise Bruno Oberle. Au total, 137 motions sont ainsi examinées jusqu’à samedi 11 septembre. Elles seront ensuite rassemblées au sein de la déclaration finale, dévoilée lors de la clôture de l’assemblée des membres, vendredi 10 septembre prochain.
La Cop 26 en ligne de mire
L’enjeu va au-delà même de la Cop15 : « Nous sommes également en train de préparer des messages à faire passer lors de la Cop climat », explique en effet le directeur général de l’UICN. Et pour cause, la Cop26 doit théoriquement se tenir avant la Cop15, en novembre prochain à Glasgow, en Ecosse. Près de 1500 ONG du réseau Climate Action Change réclament cependant son report en raison de la faible vaccination des pays pauvres.
Mais peut-on encore attendre face à l’urgence ? Pendant cette semaine consacrée à la nature, les membres de l’UICN préfèrent prévenir que guérir. « Nous savons qu’une partie de la réponse face au réchauffement climatique réside dans la régénération des écosystèmes, par exemple en créant forêt. Notre message pour la Cop26 est le suivant : la nature est la solution à la majorité de nos problèmes », soutient Bruno Oberle.
Réfléchir à la sortie de crise sanitaire
Troisième et dernière grande thématique sur laquelle les 1400 membres et 10 000 experts de l’UICN doivent plancher : la sortie de crise sanitaire. Un sujet délicat : entre reprise économique et écologie, il convient de trouver le juste équilibre… « Les Etats du monde entier sont en train d’investir beaucoup pour soutenir l’économie, ce qui est une bonne chose. Mais il ne faut pas générer de nouveaux dégâts environnement. Il est possible d’investir de l’argent pour créer des emplois, soutenir les familles et en même temps créer de la biodiversité. Nous savons comment le faire, et nous sommes en train d’offrir ce savoir aux Etats et institutions financières ». Espérons que le message sera passé !
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