Qu’attendre du Congrès mondial qui se tient au Parc Chanot. Pour les lecteurs de Gomet, le secrétaire général du comité français de l’UICN, l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui organise le Congès, Emmanuel Delannoy, consultant du cabinet Pikaïa , acteur et auteur engagé en trace les enjeux.
Christian Apothéloz : Ce Congrès mondial de la nature est protéiforme avec de nombreuses réunions encastrées, des rendez-vous multiples et des invités de toute nature. Quels en sont les enjeux?
Emmanuel Delannoy : Je distingue trois enjeux
- Le premier enjeu est interne à l’UICN : c’est l’occasion de se rencontrer. L’instance de gouvernance de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Assemblée générale réunit tous les quatre ans les membres de l’UICN, les 1300 organismes membres et 15 000 experts présents dans 160 pays. Cette assemblée prépare l’agenda de l’UICN et la manière de nourrir les autres instances internationales, comme la conférence des parties de la Convention sur la biodiversité biologique (la CDB compte 193 parties).
- Le deuxième enjeu est d’engager une mobilisation de haut niveau, c’est le Forum. Il est le lieu où se rencontrent les chefs d’État, des ministres, des décideurs de la sphère économique, des représentants des grandes ONG. Comment répondre aux grands défis de la biodiversité ? Comment conjuguer, plutôt que de les opposer, dans un même élan, l’adaptation aux effets du changement climatique et la préservation de la biodiversité. Pour la première fois les chercheurs du GIEC, se sont associés à la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) , ils ouvrent des voies d’analyses convergentes. L’enjeu est d’harmoniser les politiques nationales et internationales de lutte contre le changement climatique défense du climat et de défense de la biodiversité. Enfin, les instances nationales et locales qui accueillent le Congrès ont voulu une mobilisation du public et des parties prenantes : les collectivités territoriales, les élus, les entreprises, le grand public, les milieux scolaires pour entrainer l’adhésion de ces publics sur les enjeux de biodiversité, ce qui passe par des partages de compétences
- Le troisième enjeu est celui du partage, de la mobilisation. Les « Espaces génération nature » sont ainsi des lieux de débat, de transmission de savoir. Ces ateliers publics vont démontrer que lorsque l’on agit localement, à son niveau, comme citoyen ou comme consommateur, les effets sont mesurables. Aménagement du territoire, espaces verts urbains, alimentation, transformation du paysage, circuits courts : les effets sont visibles et à court terme, et cela donne envie de continuer.
Certains s’inquiètent, comme l’a fait Mgr Aveline, que l’on s’occupe plus de la nature que de l’homme, de l’environnement, que de la pauvreté…
E.D. : Il n’y a pas d‘opposition ou d’alternative entre le combat pour la biodiversité et le combat social. Ce n’est pas une question de hiérarchie, ni une question de séquence. Si l’on ne prend pas soin de la biodiversité, on va vers une aggravation des souffrances humaines, des maladies, des famines, des pandémies, du mal-être et finalement le vivre ensemble sera impossible. Si on ne fait rien pour la biodiversité, la production agricole va baisser, la qualité de l’air va se dégrader, et nous aurons l’arrivée inéluctable de nouvelles pandémies.