La flambée des prix de l’énergie touche le portefeuille des personnes les plus précaires. C’est ce que rappelle le directeur de l’Agence régionale des habitats à loyer modéré (ARHLM), Robin Hamadi. « Avec la crise, le prix du mégawattheure est passé de 29 à 97 euros ! Actuellement, le coût des provisions pour charges d’énergie pour les locataires de HLM s’élève à environ 1450 euros par an, et pourrait encore croître ».
Une flambée déjà réduite par le bouclier tarifaire instauré par le Gouvernement, mais qui reste cependant insuffisant, selon Robin Hamadi : « Cela représente environ une économie de 13 euros du Mwh. » Il soulève en outre les limites de ce bouclier pour les bailleurs, qui ne s’applique qu’à partir d’un certain seuil (lorsque le coût atteint 78,5 €/ Mwh) mais reste plafonné. La situation est d’autant plus préoccupante que Marseille dénombre 27 000 logements qui nécessitent une rénovation énergétique.
Côté bailleurs, l’inflation leur coûte 300 millions d’euros supplémentaires, selon l’ARHLM. Un surcoût qui se répercute sur les locataires, et augmente in fine le nombre d’impayés. Une étude de l’Union sociale pour l’habitat, relayée par l’ARHLM, établit en effet un lien direct entre l’augmentation de ces coûts et la proportion de retards de paiement, voire d’impayés.
Pour éviter d’alourdir la facture trop, les bailleurs disposent de quelques outils. Par exemple, l’échelonnement du paiement. Ils peuvent également prélever le surplus sur les provisions déjà versées par les locataires sur l’année précédente.
Un dispositif d’aide chez cinq bailleurs sur huit
À ce jour, cinq bailleurs marseillais sur les huit interrogés par l’ARHLM disposent d’un dispositif d’aide – le nom des bailleurs concernés n’est pas renseigné par l’ARHLM pour des raisons de discrétion. La mise en place d’un tel dispositif « dépendant des moyens de chacun des bailleurs. »
Cette aide peut prendre deux formes. D’un côté, le « fonds bailleurs », qui consiste à augmenter légèrement le loyer (3,6%) afin de constituer une épargne, et venir en aide aux locataires les plus précaires. Et de l’autre, l’information.
Certains bailleurs choisissent en effet de communiquer sur le fonds énergie d’Action logement, chiffré à 45 millions d’euros. Il permet de bénéficier d’une aide financière pouvant aller jusqu’à 600 euros. Cette aide se combine par ailleurs avec les chèques énergies de 100 à 200 euros mis en place par le Gouvernement.
En parallèle, les bailleurs sensibilisent leurs locataires aux nouveaux enjeux énergétiques, et appliquent eux-mêmes des mesures d’économie, ou de sobriété, comme « l’allumage du chauffage un peu plus tardif ».
Des propositions pour contrer la crise énergétique
Le mouvement de l’union sociale pour l’habitat (USH), dont l’ARHLM est une instance, dresse une liste de mesures poussées aux niveaux national et local. Parmi elles, l’augmentation du forfait charge des aides pour le logement, la prolongation du bouclier tarifaire ou encore l’exonération de la taxe intérieure sur la consommation du gaz naturel (TICGN).
L’USH plaide aussi en faveur d’une meilleure reconnaissance de certaines énergies renouvelables, comme le biogaz, dans le calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE), ainsi que l’utilisation du photovoltaïque sur les immeubles.
2000 logements sociaux construits par an ? « Il faudra du temps pour atteindre cet objectif » pour Robin Hamadi
Interrogé par Gomet’ sur la rénovation des immeubles en centre-ville de Marseille par la société publique d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN), Robin Hamadi se réjouit de l’appel à manifestation lancé auprès des bailleurs sociaux fin 2022 pour gérer les futurs logements : « Nous avons hâte que tout cela s’accélère. C’est une très bonne chose. Le fait que la SPLA-IN assure le gros oeuvre facilite les choses pour nous… »
Son enthousiasme s’affaiblit au moment d’évoquer la politique de la Ville en matière d’urbanisme. La mairie de Marseille a fixé le nombre de logements construits par an à 4500 dont 2000 logements sociaux : « Les bailleurs sont prêts à construire des logements. Mais il faudra, je pense, plusieurs années. Nous sommes actuellement à une moyenne de 1000… Le plan local pour l’habitat va arriver prochainement. Il faudra un travail avec les élus pour débloquer les permis de construire, que les bailleurs aient les moyens, et veiller à l’acceptabilité des projets par la population ».
Il se réjouit en outre du travail mené aux côtés de la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) pour la rénovation du centre-ville de Marseille. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé fin 2022 auprès des bailleurs sociaux pour gérer les futurs bâtiments rénovés, dont les résultats seront dévoilés en avril.
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