Lors de sa rentrée économique, mardi 12 septembre, l’Ordre des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d’azur a présenté son baromètre de la croissance des TPE-PME sur le deuxième trimestre 2023. Globalement, l’Ordre constate une tendance à la hausse dans toute la région, avec une croissance de 3,7%, tous secteurs confondus. Cette croissance ne permet cependant pas de compenser totalement l’inflation galopante, qui atteint sur la période 4,9% … « C’est un train positif, qui compense en partie l’inflation mais ne la comble pas totalement » note ainsi en préambule Nicolas Férand, président de l’Ordre des experts comptables.
Par département, ce sont les Alpes-Maritimes qui tirent le mieux leur épingle du jeu avec une hausse de l’activité des entreprises de 6,2%. A côté, les Bouches-du-Rhône sont à la traîne avec une croissance de seulement 2,9%.
La construction dans le rouge, l’hôtellerie-restauration dopée par la Coupe du monde de rugby
Lorsqu’on regarde par secteur, les entreprises de la construction sont les plus en difficulté. Elles continuent d’être frappées de plein fouet par la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, mais aussi la chute du logement neuf et de la commande publique. C’est ainsi une décroissance constante qui est engagée depuis le troisième trimestre 2021 (voir le graphique ci-dessous). « Ce constat vaut aussi bien pour le gros œuvre que pour tout ce qu’il y a autour : la maçonnerie, les travaux d’installation thermique et de climatisation … » analyse le président de l’Ordre des experts comptables. D’autres secteurs comme la boulangerie-pâtisserie, également touché par la hausse des prix de l’énergie, « parviennent à se tenir à flot » poursuit Nicolas Férand, qui voit là un effet positif du bouclier tarifaire mis en place par l’Etat.
Autre secteur concerné par la hausse des prix de l’énergie : la coiffure. Les professionnels du secteur ont dû répercuter cette hausse sur leur prix. Or, en période de crise économique, « nous sommes conscients que des arbitrages sont faits pour les particuliers, et que la coiffure n’est pas prioritaire … » déplore Franck Attoyan, administrateur régional du Conseil National Entreprises Coiffure (Cnec). Malgré tout, l’activité parvient à maintenir une croissance de 3,3% sur l’année.
S’il y a un double-secteur qui s’en sort mieux que les autres, c’est celui de l’hôtellerie et de la restauration. Si l’été 2023 a plutôt été morose, compte tenu de l’inflation qui pèse sur les ménages et du fait que Marseille reste une destination très « franco-française », « les hôtels comme les bars et restaurants sont très contents des dernières semaines qui se sont écoulées » affirme Vincent Gaymard, vice-président de l’Umih 13 et directeur du Sofitel Vieux-Port. D’autant que les peuples anglo-saxons, venus soutenir leur équipe respective au Vélodrome pour la coupe du monde de rugby, sont des populations qui « traditionnellement consomment beaucoup », souligne sobrement Vincent Gaymard, qui désigne à demi-mots la consommation dans les bars …
« Une agence a été mandatée par l’organisation des JO pour réserver des chambres d’hôtels et les hôtels marseillais ont déjà booké la moitié de leurs chambres »
Vincent Gaymard, vice-président de l’Umih 13
Une période faste que les professionnels du secteur espèrent renouveler l’an prochain lors des Jeux olympiques, durant lesquels la cité phocéenne accueillera les épreuves de voile et de football. Selon le vice-président de l’Umih, une agence a d’ores et déjà été mandatée par l’organisation des JO pour booker la moitié des chambres d’hôtel de la ville et l’hôtel Nhow – situé à côté de la marina olympique – afficherait déjà complet pour l’été 2024. Une précaution de bonne augure pour le secteur de l’hôtellerie, qui redoute la concurrence de plateforme telles qu’Airbnb.
Une recrudescence des défaillances d’entreprises
Egalement présent lors de la conférence, le président du tribunal de commerce de Marseille Jean-Marc Latreille apporte une vision judiciaire de la situation : « Nous constatons aujourd’hui une lente remontée vers le niveau de défaillances d’entreprises de 2019», période précédant le covid et ses multiples aides d’Etat. Plusieurs indicateurs sont à la hausse : le nombre de liquidations judiciaires simplifiées (qui concernent les entreprises en cessation de paiement, dont le redressement n’est pas possible), les redressements judiciaires, ou encore les injonctions de payer (+70%), dont beaucoup dans le secteur du bâtiment. « Je ne vous cache pas que cela me fait très peur », admet le président du tribunal de commerce. Si l’instante judiciaire ne recense pas pour l’heure de requête en lien avec les récentes émeutes, Jean-Marc Latreille n’exclut pas d’en voir arriver prochainement.
L’Ordre des experts-comptables signe une convention avec l’Urssaf
A l’occasion de la présentation du baromètre, le président de l’Ordre des experts comptables Provence-Alpes-Côte d’azur a signé une convention avec l’Urssaf (Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales) régionale, représentée par son directeur général Franck Barbe. L’objectif est triple : fluidifier les relations entre les deux institutions pour « dégriper” les situations bloquantes, regrouper dans certains cas les demandes de divers clients auprès de l’Urssaf, et enfin mettre à disposition des experts comptables des documents et informations utiles pour leurs clients.
Document source : le baromètre régional des experts-comptables Provence-Alpes-Côte d’azur
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