Deos (pour Développement de l’éolien offshore), c’est parti. Le Grand port maritime de Marseille (GPMM) vient de mettre en ligne sur son site « l’Appel à manifestation d’intérêt (Ami) pour le développement et l’exploitation d’aménagements portuaires dédiés à l’éolien flottant ». Le but est d’identifier « les porteurs de projets souhaitant s’implanter au GPMM, à Fos-sur-Mer, en vue d’exercer des opérations sur les espaces aménagés au GPMM en lien avec l’éolien flottant : intégration de turbines, assemblage de flotteurs acier, construction de flotteurs béton, etc. » Les aménageurs sont aussi invités à se manifester s’ils sont intéressés par le site dédié aux activités de l’éolien flottant.
Le site concerné est celui du projet baptisé Deos. Rappelons que le montant des investissements prévu par le GPMM dans un communiqué s’élèverait à 550 millions d’euros. 1500 emplois seraient créés pour la construction des caissons et 200 emplois pour l’intégration des éoliennes, en mobilisant également l’ensemble des services portuaires maritimes. La construction de flotteurs en béton générerait des besoins d’approvisionnements maritimes supplémentaires de l’ordre de 500 000 tonnes de vrac ainsi que 15 000 à 20 000 tonnes d’aciers, à partir des capacités offertes par les installations existantes.
Le GPMM dispose d’un potentiel de l’ordre de 80 ha d’espaces à aménager à terre, adossé à quai pouvant aller jusqu’à 1 000 mètres linéaires ainsi qu’une zone de stockage à flot de l’ordre de 45 ha. Les espaces portuaires proposées concernent ainsi à la fois des terre-pleins, à créer, deux zones sur le plan d’eau (à quai et en mer) pour une période variable pouvant aller de quelques années à plusieurs dizaines.
Le GPMM ambitionne de construire des infrastructures portuaires permettant le déploiement des fermes de l’AO6. Au-delà de cette opération, il souhaite accompagner la montée en puissance de la filière avec le déploiement de fermes commerciales de plus grande envergure et adresser un marché méditerranéen avec des perspectives nationales et extra-nationales.
Attention, il s’agit bien de manifestations d’intérêt, l’Ami est une procédure qui n’engage pas le port sur les suites à donner mais qui vise à se doter d’un panorama complet des potentiels porteurs de projets avant de lancer une procédure davantage formelle de sélection, une procédure ouverte au dialogue et à la coconstruction du projet avec ses porteurs afin de créer les conditions les plus favorables à sa réussite. Le GPMM ne veut pas se lier les mains et reste libre de ses choix : « Le GPMM pourra engager – à sa seule convenance – met en garde le texte officiel, des échanges avec tout ou partie des soumissionnaires recevables après analyse de leur dossier. »
Le calendrier reste néanmoins serré si l’État affiche enfin un calendrier fiable, le planning prévisionnel de l’opération conduit à une livraison des infrastructures fin 2028 avec l’objectif d’être au rendez-vous de l’AO6.
Les candidats aménageurs ou consortium auront à leur charge les travaux d’aménagement qui consistent à bâtir :
- Un hub d’intégration des éoliennes permettant de recevoir des composants, de les stocker, puis de les assembler sur des flotteurs via une grue principale ;
- Des espaces aménagés permettant la construction industrielle de flotteurs, leur transfert sur barge et leur mise en flottaison ;
- Une zone dédiée aux ancres et aux lignes ;
- Une zone de stockage à flot permettant l’attente de flotteurs nus ou d’éoliennes intégrées ainsi que la réalisation des opérations de vérifications et essais avant mise en service
« Le projet, souligne le GPMM, est inséré dans les activités historiques et l’écosystème industriel du port de Marseille tout en réunissant sur un même site l’ensemble des fonctionnalités portuaires en lien avec l’éolien flottant. »
Qui paiera ? Quelle sera la contribution ou le bénéfice du Port ? Lors du séminaire du 23 avril 2024 sur le développement des infrastructures portuaires et industries de l’éolien flottant, organisé à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) en ouverture du forum FOWT 2024, Hervé Martel a très bien fait comprendre aux acteurs que la répartition de la valeur le long de la chaîne de production d’énergie en mer n’est pas encore définie.
Le port est en position forte, car il est incontournable pour tous ceux qui porteront des projets éoliens en Méditerranée occidentale. Il ne prendra donc pas le risque des équipements et attend sereinement que le consortium gagnant de l’appel AO6 ait besoin de surfaces à terre et en mer. Ceci non seulement pour la construction, la mise à flot, l’installation des éoliennes, mais aussi pour leur connexion au réseau (RTE prévoit une équipe de 25 personnes par éolienne) le fonctionnement et la maintenance. Les éoliennes reviendront-elles à quai pour des arrêts techniques ? À quel rythme ? Nul ne sait.
Les candidats ont jusqu’au 3 juin 2024 à 16 h 00 pour déposer un dossier exigeant !
Lien utile :
L’actualité de l’éolien flottant dans notre dossier