La chasse aux particules est ouverte à Marseille. Dans le cadre du projet de recherches européen SCIPPER (Shipping Contributions to Inland Pollutions – Push for the Enforcement of Regulations), les équipes d’AtmoSud et du Laboratoire de chimie et de l’environnement (LCE) bénéficient jusqu’au 23 juillet d’appareils derniers cris. Drones renifleurs, navires d’observation et microcapteurs sont notamment déployés autour du port de Marseille afin de calculer l’impact des émissions maritimes.
Plus précisément, la campagne SCIPPER 2021 doit permettre à AtmoSud d’estimer la contribution des navires du premier port de France dans la pollution de l’air. Comment ? En analysant la composition des panaches de fumées des ferrys à destination de la Corse et du Maghreb. L’objectif principal de cette opération est de comparer les résultats avec ceux obtenus à Marseille en 2019 lors de la première campagne de mesures, avant la mise en place de la nouvelle réglementation¹. Une manière pour l’observatoire d’affiner les connaissances acquises deux ans en arrière.
1. Depuis le 1er janvier 2020, une nouvelle réglementation internationale impose à tous les navires du monde de réduire leurs émissions d’oxydes de soufre afin de ne pas dépasser la norme de 0.5%, contre 3.5% auparavant.
Le programme européen SCIPPER, financé par plus de 17 partenaires (dont Aix-Marseille Université) et neuf pays, intervient de manière stratégique en pleine période estivale, point culminant du trafic maritime en Europe. « Pendant l’été, on a beaucoup plus de navires de croisière, et donc beaucoup plus d’émissions maritimes », explique Alexandre Armengaud, responsable de la coopération scientifique et internationale pour AtmoSud. Certes, l’observatoire surveille attentivement les émissions soufrées des navires, mais Alexandre Armengaud assure que « les particules, les composés organiques volatiles, les oxydes d’azote et tous les autres polluants » sont eux aussi farouchement traqués.
Une « armada de moyens » européens déployée cet été à Marseille
Au cœur des panaches de fumée, rien n’échappe aux navires d’observation et aux drones renifleurs. « Les drones décollent depuis la digue du large, puis on les fait voler dans les panaches des navires », explique Alexandre Armengaud. Grâce à leurs capteurs, ces petits engins volants transmettent aux équipes du LCE toutes les données nécessaires pour connaître la composition exacte des fumées. Une manœuvre réalisée avec l’autorisation du Grand port maritime de Marseille (GPMM) et de la capitainerie des compagnies maritimes investiguées (La Méridionale et Corsica Linea).
Les sites fixes d’AtmoSud, disposés de la côte jusqu’au centre-ville de Marseille, sont lourdement équipés en microcapteurs. Ils évaluent en permanence la pénétration des panaches de bateaux dans les terres. Enfin pour étoffer encore un peu plus son artillerie, l’observatoire récolte également les données des quelque 2000 « capteurs citoyens » de la métropole, et de satellites postés dans les cieux de la cité phocéenne. Les premier résultats de l’opération seront dévoilés en septembre selon Barbara d’Anna, chercheuse au CNRS et responsable de la campagne SCIPPER à Marseille.
L’électrification des navires comme solution ?
Dans le cadre du projet « Escales zéro fumée » initiée en 2019 par la Région Sud, six navires des compagnies Corsica Linea et La Méridionale sont électrifiés et branchés à quai. « On s’aperçoit que lorsqu’un navire est branché électriquement à quai, on coupe toutes les émissions de gaz à effet de serre et de particules », remarque Alexandre Armengaud. Une innovation très efficace selon le responsable de la coopération scientifique et internationale d’AtmoSud, mais qui « n’enlève pas toute la pollution de Marseille, puisque celle-ci provient également du trafic routier ». Toutes les données sur la qualité de l’air de votre commune sont disponibles sur le site d’AtmoSud.
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