Lorsque la base spatiale de Kourou se dote d’un parc photovoltaïque d’une surface de cinq hectares et d’une capacité de 4,2 mégawatts, le CNES choisit Voltalia ; lorsque la City, la Bourse de Londres veut verdir son énergie avec une centrale solaire de 50 mégawatts, la Corporation de la City de Londres choisit Voltalia ; lorsque le Brésil équipe le plus grand complexe hybride éolien et solaire du monde, Serra Branca, dans l’État du Rio Grande do Norte, Voltalia en assure l’exploitation et la gestion.
Cette gazelle des énergies renouvelables de 1 280 salariés s’est développée depuis Aix-en-Provence, l’Arbois et aujourd’hui la Duranne. De la start-up de 2005, au groupe qui allie à la fois la production d’énergie et la prestation de services, qui bénéficie de l’appui de Créadev, la société d’investissement de famille Mulliez et déploie une stratégie d’entreprise à mission, Patrick Delbos, son directeur France nous retrace l’itinéraire et dévoile les coulisses d’une réussite mondiale et discrète.
Vous êtes un ancien de l’École de la marine marchande. Vous appelle-t-on « mon capitaine » ?
Patrick Delbos : Vous pourriez, je suis capitaine de première classe de la marine marchande, j’ai fait trente mois de navigation pour avoir mon diplôme. Je suis officier avec une formation polyvalente : l’officier est au four et au moulin, il fait de l’électricité, de l’hydraulique, de la commercialisation, de la navigation… Quand j’ai quitté la marine, je me suis intéressé à la production d’énergie, car sur un navire nous sommes déjà des producteurs d’énergie complètement autonomes.
Et comment passez vous de la mer aux énergies ?
Patrick Delbos : De fil en aiguille, je suis entré dans les énergies renouvelables, d’abord avec l’éolien. En 2004, j’ai rencontré Robert Dardanne (1), fondateur de Voltalia qui avait déjà l’expérience d’une centrale hydroélectrique en Guyane. Nous avons travaillé six mois sur le projet, sur sa stratégie. Notre vision était déjà de maîtriser la totalité du cycle d’un projet, d’investir les quatre énergies renouvelables : l’éolien, le solaire, l’hydroélectricité et la biomasse. Nous avons depuis complété la panoplie avec le stockage qui est vraiment un élément décisif pour pouvoir produire en continu avec nos énergies internes.
Lui était plutôt parisien et il connaît les partenaires financiers. Moi, je suis bien dans le Sud. Et j’affirmais, ce que je crois toujours, que le centre des énergies renouvelables sera en Provence Alpes Côte d’Azur. Et je le convaincs, même si le siège est à Paris, de monter la direction opérationnelle à Aix. Nous nous installons dans un petit bureau à la pépinière de l’Europole de l’Arbois. Il mesurait 4 ou 6 m2 ! Nous sommes partis vraiment en mode start-up, il a fallu tout créer ! Nous avions un point d’ancrage en Guyane et nous voulions nous lancer dans toute la France avec des partenariats.
En 2009, la start-up accueille un investisseur majeur !
Patrick Delbos : Nous sommes d’abord entrés en Bourse sur le marché libre en mai 2006 ! Tout simplement parce que le développement des projets demande pas mal de cash, c’est très « capital intensive ». Il fallait chercher des investisseurs pour nous accompagner. L’énergie est toujours une industrie capitalistique. Nous mettons 95 % du capital sur le marché.
Cette introduction nous permet de financer nos premières opérations pour constituer notre portefeuille, notamment en France. Nous commençons par de l’éolien, nous l’avons déjà développé au Brésil où l’on a un gros portefeuille. Nous avons ouvert une antenne en Grèce et puis il y a toujours la Guyane. Ces quatre territoires constituent notre première base. Les investisseurs d’alors sont des partenaires financiers que connaissait bien Robert Dardanne. Ils avaient mis des tickets entre 100 000 et 500 000 €.
En 2009, nous recherchons un investisseur de taille, nous avons besoin de plus de financements pour les opérations lancées. À travers Créadev, société d’investissement de la famille Mulliez fondée en 2002, nous trouvons un partenaire en recherche justement d’investissement dans les ENR. Ils entrent à la faveur d’une augmentation de capital. Nous nous développons dans l’éolien au Brésil, mais à des échelles 10 fois plus grandes qu’en France pour chaque installation ! Une installation en France fait vingt mégawatts, au Brésil les projets atteignent 300 mégawatts.
Fin 2011, Créadev monte à 85 % du capital. Robert Dardanne quitte la direction, mais reste associé à nos projets. Nous recrutons notre nouveau directeur général, Sébastien Clerc (2). Il apporte du sang neuf, l’expérience de la finance et le goût de l’international.
Les projets devenaient de plus en plus structurants, de plus en plus lourds et donc il fallait quelqu’un qui stabilise nos investissements. Les résultats de l’année 2021 démontrent une bonne capacité à transformer cette belle entreprise.
Le rachat d’une entreprise innovante par un grand groupe se traduit souvent par une perte de l’ADN de la start-up. Créadev est aujourd’hui actionnaire à 71 %, Voltalia est-il toujours Voltalia ?
Patrick Delbos : La famille Mulliez ne fait pas d’acquisitions simplement pour augmenter un portefeuille, ce n’est pas du rachat pur, ils choisissent des entreprises comme Voltalia qui sont cohérentes avec la stratégie de l’association familiale ; ils accompagnent les dirigeants pour les faire grandir. Ils sont d’abord venus à une hauteur de 35 % pour observer cette activité et au fur et à mesure, ils ont investi (5) en laissant à des professionnels la gestion de l’activité.
Dès l’origine en 2009, ils faisaient une analyse comparative des supermarchés et d’un parc éolien ou d’un parc solaire. Il faut 3,4, 10 ans pour sortir un projet, après la construction est assez rapide et derrière vous exploitez pendant vingt 30 ou 40 ans. Il y avait une bonne compréhension de notre business model.
Quelle est la part aujourd’hui de l’international et du national, dans votre activité ?
Patrick Delbos : Sur les chiffres 2021, la France représente 20 % de la puissance installée. Notre entreprise est à 80 % à l’international avec des grosses opérations au Brésil. Notre portefeuille de projets en opération est à 70 % de d’éolien, 25 % du solaire et 5 % la biomasse. Et puis le stockage avec la Guyane.
Dans les trois, quatre, cinq années à venir il y aura un transfert vers le solaire. Nous allons vers une répartition 50/50 solaire éolien.
Et l’éolien en mer ?
Patrick Delbos : J’observe, de loin, les éoliennes flottantes qui vont s’installer au large de Fos ou des projets au large de Saint-Brieuc, mais pour l’instant Voltalia ne s’est pas positionné sur ce créneau.
Nous préférons accélérer le stockage comme à Mana en Guyane. La plateforme de stockage de Mana est le premier site français en termes de capacité de stockage d’électricité, c’est une plateforme de stockage par batterie. Il améliore les performances du système électrique guyanais tout en réduisant la consommation de combustibles fossiles, notamment en réduisant la nécessité de démarrer des centrales diesel aux heures de pointe.
Est-ce qu’il y a une possibilité de développer le stockage en Europe ?
Patrick Delbos : Tout à fait, nos projets les plus structurants sont en Guyane. Nous sommes le plus gros site de stockage en France. Depuis l’année dernière j’ai lancé le développement du stockage en Europe, c’est une opportunité, ça permet de stabiliser le réseau, de compléter en fait les productions intermittentes de nos énergies éoliennes où solaires.
Nous venons d’installer en Angleterre un complexe de stockage. Voltalia y a mis en service le projet Hallen, un système de stockage d’énergie par batteries (SSEB), une centrale de 32 MW / 32 MWh, située près de la ville de Bristol dans la région d’Avonmouth. Pour l’instant il n’y a pas de cadre réglementaire précis. Des premiers projets pilotes voient le jour en France ; nous espérons d’ici là la fin de l’année avoir une opération pilote.
Le développement de Voltalia se fera plutôt à l’international ou en France ?
Patrick Delbos : Je ne peux pas répondre, car nous mettons des moyens sur trois continents, sur 20 pays, sur tous les territoires où nous sommes positionnés et le home-market en fait partie.
En croissance externe ou par croissance organique ?
Patrick Delbos : Nous sommes attentifs aux opportunités qui permettent de compéter notre offre, mais nous comptons d’abord sur notre business model, sur nos investissements, sur la croissance organique.
Quelle est votre implantation aixoise ?
Patrick Delbos : À Aix, nous avons 140 collaborateurs à la Duranne sur plus de 1 000 m2. 80 sont rattachés directement au bureau d’Aix. Ensuite nous avons des agences à Lyon, à Dijon, à Nantes, à Bordeaux et nous ouvrons notre prochain bureau à Montpellier pas très loin du Millénaire avec plus de 30 personnes.
Comment regardez-vous, le “Nimby”, le rejet de projets éoliens ou solaires…
Patrick Delbos : Depuis cinq ou six ans c’est un peu partout pareil, il faut être vigilant. En France, nous sommes les premiers de la classe pour les études écologiques d’impact. Dans d’autres pays, on a laissé venir, maintenant, tout le monde a les mêmes exigences. Il faut intéresser les locaux et trouver des solutions nouvelles. En Haute-Savoie par exemple, la centrale hydroélectrique de Taconnaz a une capacité de 4,5 MW couvrant près de 90 % de la population des communes de Chamonix et des Houches, elle associe les communes qui ont investi 33 % du projet. Nous devons combiner la production d’électricité avec un accompagnement pour aider le monde agricole avec la coactivité.
L’agrivoltaïque constitue-t-il un business cible pour Voltalia ?
Patrick Delbos : Nous accompagnons le monde agricole depuis maintenant cinq ans, notamment par la coactivité. Depuis le 31 mars de cette année, Cap Sud, société spécialisée dans le développement, la construction et l’exploitation de centrales photovoltaïques en toitures de bâtiments agricoles a rejoint notre filiale Helexia. Cap Sud détient à ce jour 344 toitures agricoles photovoltaïques représentant une capacité en exploitation d’environ 35 mégawatts.
Voltalia développe des solutions agrivoltaïques plein champ. L’activité agricole se situe sous les panneaux solaires qui sont posés sur des structures adaptées pour ne pas gêner le passage des machines agricoles. Les panneaux solaires suivent la course du soleil pour optimiser la production agricole, et ils peuvent aussi adopter un angle permettant si nécessaire de s’effacer pour laisser passer la lumière ou protéger les cultures des évènements climatiques extrêmes (brûlure du soleil, grêle, gel printanier…). La centrale agrivoltaïque de Cabanon de trois mégawatts à Saint-Etienne-du-Grès (3) dans les Alpilles, en service depuis mars 2021 permet à une activité maraîchère, couplée à la production photovoltaïque de se développer. Des trackers solaires dynamiques, d’une hauteur de 4,5 mètres, permettent le passage des engins agricoles et protègent les cultures maraîchères d’aléas climatiques extrêmes.
Nous ne sommes pas attachés à une technologie, nous nous laissons la latitude de trouver la technologie la plus adéquate en fonction de l’activité ciblée.
Voltalia a conclu un accord de fourniture avec 10 entreprises françaises. Quel est leur intérêt ? Quel est votre intérêt ?
Patrick Delbos : Nous sommes en effet les premiers à lancer des contrats avec des partenaires de moyenne taille pour leur amener en direct de l’électricité verte. C’est un CPPA, un contrat long terme d’achat d’électricité verte ; un PPA, Power purchase agreement, est un contrat entre un acheteur et un producteur d’électricité à un prix défini pour une période déterminée.
Nous nous sommes associés avec LCL pour lancer une offre avec des contrats venant sécuriser sur une longue période leur approvisionnement en électricité́ verte d’origine France, à prix et capacités garantis. C’est le premier Green corporate power purchase agreement (Green CPPA) multi-acheteurs en France. Ce projet aboutira à la construction d’une nouvelle centrale photovoltaïque de 56 mégawatts en région Occitanie. Le contrat de fourniture d’électricité porte sur vingt ans. Les entreprises acheteuses sont Air France, Bonduelle, Daco Bello, Fournier, Gerflor, LSDH, Isigny Sainte Mère, Menissez, Paprec, Serge Ferrari. LCL sera aussi client, mais aucune des entreprises n’a pris plus de 15 % du total de l’électricité produite.
Est-ce que le fait d’avoir la famille Mulliez au capital vous donne l’ouverture pour couvrir toutes leurs grandes surfaces avec du solaire ?
Patrick Delbos : C’est une belle opportunité. Nous intervenons à travers notre filiale spécialisée Helexia qui fait de la toiture et des ombrières. Nous accompagnons l’ensemble des entités de la galaxie que ce soit Décathlon, Leroy Merlin ou Auchan etc. Mais ce sont des entités qui ont leur propre autonomie, il faut les convaincre ! ils font jouer la concurrence… ça prend un petit peu de temps, même si nous sommes proches.
Pourquoi notre région Sud n’a pas le leadership du solaire alors qu’elle devrait avec son soleil être un modèle ?
Patrick Delbos : J’ai été le premier à vendre les mérites de notre belle région, oui il y a du soleil, un petit peu de vent et puis aussi une qualité de vie qui permet de drainer des gens qui veulent travailler ici. Toutes mes équipes sont des ingénieurs, des jeunes avec une moyenne d’âge de 35 ans. Mais les projets, nous avons évoqué Saint Étienne du Grès ou Saint Jean Monclar sont longs et lourds à porter : nos services instructeurs prennent beaucoup de temps pour instruire le dossier. Il n’y a pas suffisamment de pédagogie et notre belle région ne fait pas partie des premiers, c’est désolant. Nous avons un beau portefeuille de projets, mais nous avons besoin d’un peu plus de dynamisme des services qui instruisent. Il y a beaucoup de vigilance, beaucoup de demandes, beaucoup d’exigences.
Vos projets font-ils face à des oppositions des habitants ?
Patrick Delbos : Non, les plus grands retards viennent du traitement des dossiers dans les services, ce ne sont pas les oppositions citoyennes. Les dossiers de qualité sont bien acceptés localement avec de bons soutiens des collectivités.
À Saint Jean Monclar, nous voyons aboutir un projet que j’ai lancé avec le maire Henri Savornin en 2008 ! Il est connu pour avoir, avec le financement des habitants, des agriculteurs créé une unité de captation d’eau minérale : Les sources de Monclar. De même il m’avait dit : « Je veux avoir ma propre production d’énergie solaire ». 14 années plus tard, une centrale solaire de 3,75 mégawatts sera construite sur une surface de 4,2 hectares à Côte Belle. Grâce à ses 8 600 panneaux photovoltaïques, la centrale permettra d’alimenter en énergie verte plus de 2 500 habitants. Une structure métallique innovante adaptée à la montagne et aux sites en fortes pentes accueillera des modules solaires à bas carbone et haut rendement. Il a fallu pour avoir l’ensemble des autorisations faire des explications de texte auprès des services instructeurs de Gap, puis nous sommes orientés vers ce projet montagnard innovant qui sera en test pour une année en 2023.
Vous avez adopté le statut d’entreprise à mission. Pourquoi ?
Patrick Delbos : En 2015, nous avons acquis la société Martifer Solar qui nous permettait de rentrer dans la prestation de service et nous sommes passés de 150 à 450 personnes. Nous avons voulu associer tout le monde et nous avons retravaillé en fait notre ADN. Depuis l’origine, notre raison d’être est d’améliorer l’environnement mondial en favorisant le développement local. Quand on décide de s’implanter dans un pays, on n’envoie pas des équipes françaises qui vont faire une opération et repartent, on va travailler avec des équipes locales. Lorsque la loi Pacte en 2019 a instauré le statut des entreprises à mission, il nous a semblé tout à fait naturel, dans la continuité de ce qu’on avait mis en place d’aller vers ce statut. Nous sommes une société cotée en Bourse (4) et nous avions déjà une évaluation des aspects extra-financiers de nos activités. Nous entrions dans une démarche RSE. Il a fallu effectivement intégrer dans nos statuts cet ADN. Nous avons créé notre propre entité RSE en interne, une équipe de six personnes et nous avons des conseils qui nous accompagnent.
Nous avons retenu trois objectifs environnementaux et sociaux :
- Agir pour la production d’une énergie renouvelable accessible au plus grand nombre
- Contribuer avec les habitants au développement durable des territoires
- Œuvrer pour la préservation des ressources de la planète
Le groupe fait partie du Gaïa-Index, un indice pour les valeurs moyennes socialement responsables, pour la troisième année consécutive nous sommes dans le top ten des producteurs d’énergies renouvelables. Nous avons l’habitude des audits et évaluations. Ça implique plus de contraintes, mais ça nous demande aussi de réfléchir à la façon dont nous travaillons, de formaliser, de faire du qualitatif, d’asseoir mieux notre stratégie et d’aligner l’ensemble des collaborateurs vers le même objectif, vers cette mission.
Voltalia applique aussi ces principes à l’international…
Patrick Delbos : Bien sûr. Nous avons des groupes de travail qui déploient des mesures d’accompagnement avec les entités locales. Là-bas il y a des actions beaucoup plus importantes que ce que nous pouvons réaliser en France, nous sommes carrément intégrés dans les territoires, les collaborateurs sont très sensibilisés, Voltalia s’implique, y compris dans la création d’écoles ou d’hôpitaux locaux. Cette démarche est très positive pour tous.
(1) Robert Dardanne, né en 1955, est un serial entrepreneur, actif dans les énergies, en Amérique latine , il est président de l’Association forêt vierge (AFV) et aujourd’hui administrateur de Voltalia.
(2) Sébastien Clerc est spécialisé dans le secteur des infrastructures, en particulier les énergies renouvelables depuis plus de 25 ans. Après 10 ans passés en financements de projets au sein du Crédit Lyonnais au Canada puis à New York, il rentre en France en 1999 pour intégrer Ixis, alors filiale de la Caisse des dépôts. En 2007, il participe activement au rapprochement entre Ixis et Natexis. Sébastien Clerc a été président de Natixis environnement et infrastructures de 2000 à 2011. Il est diplômé de l’IEP de Paris et de l’Université de Paris-X.
(3) La centrale de 3 MWc est située sur un terrain agricole de 4,5 hectares. En janvier 2021 un financement participatif sur la plateforme Lendopolis a permis de rassembler 700 000 euros .
(4) Voltalia est cotée sur le marché d’Euronext compartiment (FR0011995588 – VLTSA) et fait partie des indices Enternext Tech 40 et CAC Mid & Small.
(5) Selon des professionnels du secteur, l’investissement global, non communiqué, se situerait entre 300 et 500 millions d’euros.
Lien utile :
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