Fermé d’abord pour cause de covid, puis occupé et empêché de rouvrir, le Théâtre national de Marseille La Criée reprend vie et présente sa nouvelle programmation pour la saison 2021/2022, qui débutera le 1er septembre 2021. Une programmation influencée par les événements vécus au théâtre cette dernière année, comme le souligne sa directrice Macha Makeïeff : « C’est une saison très particulière car on s’est aperçu que les artistes avaient un temps d’avance sur la marche du monde. Dans les œuvres présentés, on trouve le constat d’un monde qui va mal mais aussi une forme de rédemption ». Sur les 80 projets que comptabilise cette programmation (à retrouver page suivante), 29 d’entre eux sont des reports qui n’ont pas pu se tenir cette année en raison de la crise sanitaire. C’est le cas par exemple du « Le jeu des ombres », de Jean Bellorini et Valère Novarina, ou de « La réponse des Hommes » de Tiphaine Raffier.
Mais de nombreuses nouveautés seront aussi à découvrir. Pendant la crise, le théâtre – qui est un « théâtre d’invention » rappelle Macha Makeïeff – n’a pas cessé de bouillonner pour proposer des créations maison dans ce programme : on pourra ainsi retrouver une version du classique Molière de Tartuffe, revisitée par Macha Makeïeff ; ou encore « Les âmes offensées », un spectacle toujours imaginé par la directrice du théâtre sur les Hadza, un peuple de chasseurs-cueilleurs de Tanzanie. La programmation explore aussi l’univers de la tragédie grecque avec une autre coproduction made in La Criée, « Médée », inspirée du mythe du même nom et mis en scène par Tommy Milliot, avec les textes authentiques de Sénèque.
« le réel dans la fiction est encore plus fort que le réel lui-même »
Macha Makeïff
Pour la directrice du théâtre, la programmation s’articule donc autour de deux grands thèmes : « mystère et réalité … ». La réalité parce que, fatalement, elle rattrape la fiction, comme l’a démontré la crise : « le réel dans la fiction est encore plus fort que le réel lui-même », souffle Macha Makeïeff. Le mystère, parce qu’on retrouve dans cette programmation l’univers fantasque et utopique de La Criée, déjà présent dans la saison passée, Joies Souveraines ou le spectacle « Lewis versus Alice ». On retrouvera ainsi cette saison « quelque chose du conte et de l’invention » promet Macha Makeïeff, qui poursuit « La fantaisie est une forme d’insolence : elle permet de dénoncer tout ce qui est restrictif de liberté ». Le théâtre, par la fantaisie, trouve donc des armes pour prendre sa revanche contre les restrictions sanitaires …