Le premier tour des élections départementales et régionales qui s’est tenu ce dimanche 20 juin a permis de dégager une légère avance pour le candidat RN Thierry Mariani, suivi de près par le président de Région sortant Renaud Muselier. La politologue Virginie Martin répond aux questions de Gomet’. Si elle considère que Renaud Muselier s’est imposé en patron au premier tour, elle estime que rien n’est encore joué dimanche prochain.
Quels premiers constats peut-on établir aux vues de ce premier tour ?
« Il y a eu une prime aux sortants considérable »
Virginie Martin, politologue
Virginie Martin : La droite résiste extrêmement bien, contrairement à ce qui était annoncé. On observe une ligne anti-FN se former, comme dans les Hauts-de-France avec Xavier Bertrand. Pour les régionales, la stratégie de Renaud Muselier a fonctionné car la campagne a été très courte et parce qu’il y a eu une prime aux sortants considérable. Idem pour les départementales. Cette prime aux sortants s’explique par une campagne aux enjeux peu visibles, et puis il ne faut pas oublié que les sortants ont été à la manoeuvre pendant la crise du covid-19 ! Dans ce contexte incertain, on ne va pas s’amuser à partir à l’aventure en essayant le Rassemblement National. Muselier adopte une attitude très dure vis-à-vis du Rassemblement National, une attitude à la chiraquienne. Dans son discours de dimanche soir, il a employé un vocabulaire très passionné, très dur, un discours à l’ancienne comme on pouvait l’entendre dans les années 90-2000. Ce genre de discours peut d’ailleurs parler aux électeurs de gauche, nostalgiques du front républicain. Il a mis à terre La République en marche. Il lui a dit : « je te prends dans mon giron, mais c’est toi qui te soumets à moi ». Il a agit en véritable patron dans cette élection, il s’est imposé.
Le candidat du Rassemblement écologique et social Jean-Laurent Félizia vient d’annoncer son retrait. Il appelle à voter Renaud Muselier. Une bonne décision, selon vous ?
« Il aurait pu faire preuve d’un peu plus de discernement politique, dire qu’il réfléchissait »
Virginie Martin, politologue
V.M : C’est une bonne décision, qui à mon avis était nécessaire car ce que certains appellent le risque RN n’était pas écarté en cas de triangulaire (il ne l’est pas non plus en cas de duel, d’ailleurs). Mais à mon sens, cette décision de Jean-Laurent Félizia intervient trop tard. Ce n’est pas cohérent de jouer les gros bras, de critiquer les instances nationales qui lui demandent de se retirer, pour finalement opérer un revirement de situation au dernier moment. Il aurait pu faire preuve d’un peu plus de discernement politique, dire qu’il réfléchissait.
Qu’est-ce qui, à votre avis, a pu le faire changer d’avis ?
V.M : C’est toujours très difficile d’envisager que l’on va peut être celui qu’on va tenir pour responsable en cas de victoire du RN. Vous vous rendez compte si Félizia s’était maintenu et que le RN passait à la tête de la Région dimanche prochain ? Au-delà des pressions, des tractations, tous les regards se seraient tournés sur lui. Est-ce qu’il aurait pu assumer ? C’est très compliqué. Si le RN gagne néanmoins dimanche, au moins, il n’y sera pour rien.