Initié depuis un an, le tiers-lieu L’Épopée, porté par l’association d’innovation éducative Synergie Family, se développe au rythme de l’arrivée de ses locataires. Récemment devenue propriétaire des anciens locaux du siège Pernod Ricard France dans le 14e arrondissement de Marseille, l’association compte insuffler des projets à impacts positifs pour le territoire. Comment ? En misant sur la complémentarité et les valeurs communes des nouveaux occupants de L’Épopée.
C’est un événement. La CMA CGM, 3e armateur mondial basé à Marseille, a choisi L’Épopée pour installerLe Phare, l’incubateur social de sa fondation présidée par Tanya Saadé Zeenny. La responsable de la fondation CMA CGM, Marion Dupuy, étaye ce choix pour Gomet’ : « Nous avons choisi d’occuper un espace de 60 m² pour cette 1ère promotion afin de faire bénéficier chaque entrepreneur d’un espace de coworking de qualité pour travailler, éventuellement accueillir des partenaires et organiser de petits événements. »
Arrivés en septembre, les sept porteurs de projets incubés semblent déjà conquis par L’Épopée à l’instar de Karine Richarme, la fondatrice de Kipawa, un projet d’apprentissage de la langue française pour les demandeurs d’asile. « Je retrouve dans le discours de plusieurs résidents les différentes approches pour faire émerger les savoir-faire et les talents. Ça fait du bien ! » s’exclame-t-elle. Sur la même longueur d’ondes, Marie-Dominique Champloy,une autre incubée et présidente de Marseille Capitale de la Mer – en attente de labellisation auprès de l’Union Européenne – se confie à Gomet’ : « Cet univers véhicule de l’énergie positive, c’est une ressource psychologique. Ici, on sent que tout est possible. »
Ces deux projets du Phare voient déjà des opportunités se dessiner avec Synergie Family. « Les jardins partagés de l’Épopée pourraient être entretenus par les apprenants qui Kipawa » explique Karine Richarme. Vecteur de rencontres avant tout, l’Épopée est décrit par Marion Dupuy comme « un véritable village qui facilite les échanges entre ceux qui le font vivre. » Pour elle, cette ambiance provient des « programmes éducatifs, ludiques et des événements mis en place. »
L’Épopée vous présente les jardins partagés.
— L’Epopée Marseille (@EpopeeMarseille) October 27, 2021
Chaque mardi de 12h30 à 14h00 les structures résidantes de l’Épopée se passent la main afin de construire ensemble des jardinières qui seront ensuite disposées sur l’ensemble du site de l’Épopée.😜🌱 pic.twitter.com/SjircplgJa
La rencontre au cœur de L’Épopée
L’organisation d’événements est l’une des promesses de l’Épopée pour les résidents. Clément Reynaud, docteur en physique et cofondateur du projet Celsius, utilise l’événementiel pour « tester les offres » auprès des résidents et des habitants. En témoigne le festival qu’il a organisé avec son associé Guillaume « pour sensibiliser et former au changement climatique » en marge de la COP26 de Glasgow. Par la même, le cofondateur raconte la convivialité qui émane de son nouveau lieu de travail. « Ici, tout le monde mange dehors sous les platanes. L’équipe gestionnaire du lieu se démène pour que les gens se parlent ».
« Ici, tout le monde mange dehors sous les platanes. L’équipe gestionnaire du lieu se démène pour que les gens se parlent ».
Clément Reynaud, cofondateur du projet Celsius et locataire de L’Épopée
Ces moments de convivialité sont précieux pour favoriser les rencontres et envisager des projets communs, soulève Camille Mandel, la responsable développement du réseau Cap au Nord Entreprendre (CANE). « Le tiers-lieu offre un temps différent. Ce n’est pas que le travail. Il y a les déjeuners, les expos… bientôt le potager ». Ainsi, s’installer à l’Épopée n’est pas qu’un lieu de travail pour Camille, confiante à l’idée de créer des projets avec d’autres locataires à proximité. Cet environnement permet aussi à CANE de « s’acculturer à l’univers des start-up » observe Camille qui entend « moderniser » le fonctionnement du réseau.
Accentuer sur la mobilité du quartier
L’Épopée ne se situe pas au cœur d’une zone d’activité économique. De fait, ses locaux sontuniquement accessibles par le TER – arrêt St-Marthe – ou par le bus en 30 minutes au départ du centre-ville.Karine, qui vit en centre-ville de Marseille, n’a pas caché son appréhension du trajet au départ. En revanche, elle dit avoir été « surprise de découvrir qu’en train c’est hyper accessible ».
Pour faciliter la mobilité des résidents et des habitants, les responsables du tiers-lieu « ont négocié avec la SNCF pour augmenter le nombre de train en circulation sur la ligne de TER » explique Clément Reynaud qui accompagne L’Épopée sur son empreinte écologique. « La mobilité est un des leviers d’actions pour réduire les émissions de gaz à effets de serre du lieu. Aujourd’hui, L’Épopée est en train de mettre en place un plan de mobilité électrique. C’est un vrai laboratoire. Ici on teste et on avise » assure le professionnel.
L’Épopée espère devenir l’un des quatre « carrefours de l’entrepreneuriat » dans le cadre du plan Marseille en Grand lancé par Emmanuel Macron début septembre. Ce tiers-lieu ajouterait donc, à sa feuille de route, la mission d’attirer et accueillir les jeunes entrepreneurs du quartier pour les aider à développer des projets à haute valeur sociale. Le résultat de l’appel à manifestation d’intérêt lancé par l’Etat est attendu pour début 2022
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