Interxion vient de fêter les cinq ans de son premier data center à Marseille et s’apprête à ouvrir son troisième en février 2020. Et d’autres projets sont déjà dans les cartons car le groupe international pense que Marseille sera bientôt dans le top 5 des hub internet mondiaux. Le P-dg d’Interxion France, Fabrice Coquio, explique son pari.
Pourquoi semblez-vous si certain de la montée en puissance de Marseille en tant que centre mondial de la connexion internet ?
Fabrice Coquio : Aujourd’hui, le monde entier est au courant que Marseille est un hub internet mondial. Sauf la France et les Marseillais. Je crois que les politiques n’ont pas encore pris la mesure du potentiel de Marseille comme point névralgique d’internet. Ce sont désormais quatorze câbles sous-marins qui relient la Ville à quatre milliards de personnes en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Inde et en Asie du Sud-Est. Et cela ne cesse de croître de façon exponentiel ! En juillet, le site Telegeography a placé Marseille en neuvième position des hub mondiaux devant Hong-Kong et à quelques encablures de New-York. J’avais fait le pari il y a trois ans qu’on entrerait dans le top 10 et aujourd’hui, je mise sur le fait que Marseille sera dans le top 5, devant Paris, dans deux à trois ans maximum.
De nouveaux câbles vont-ils bientôt venir se connecter à Marseille ?
F. C. Un projet majeur baptisé Ellalink est en cours de construction. Il va relier l’Amérique du Sud à l’Europe à partir de la fin de l’année 2020. Au départ, il devait s’arrêter au Portugal mais le groupement a finalement décidé de le prolonger à Marseille et de doubler sa capacité car les Chinois, déjà présents chez nous à Marseille, y ont vu l’opportunité de se connecter à l’Amérique du Sud en contournant les Etats-Unis. Marseille est au centre d’enjeux géopolitiques majeurs grâce à sa position géographique stratégique. Au final, Ellalink disposera d’une capacité de 320 terabits, soit le double de la capacité des quatorze câbles actuels cumulés.
Et vos data center à Marseille en profitent ?
F. C. Bien évidemment. La demande explose littéralement. On ne construit pas assez vite par rapport aux besoins de nos clients. A peine, un projet est annoncé que l’ensemble des emplacements sont déjà réservés. Notre chiffre d’affaires à Marseille affiche des croissances hallucinantes avec + 67% en 2017, + 87% en 2018 et + 95% en 2019. On va livrer MRS 3 sur l’ancienne base sous-marine du port en mars et tout est déjà réservé.
Vous allez construire d’autres data center à Marseille pour suivre la demande ?
F. C. On travaille effectivement déjà sur MRS 4 et même MRS 5. MRS 4 devrait voir le jour entre fin 2021 et début 2022. On ne peut pas vous en dire beaucoup plus pour l’instant à part qu’on restera certainement près du Port car il y a les réseaux électriques et surtout la plateforme d’atterrage qui est en train de se construire pour recevoir directement les câbles au niveau de la digue du large alors qu’ils arrivaient aujourd’hui sur la plage du Prado.
Vous avez une idée de la taille et de l’investissement nécessaire pour ce quatrième data center ?
F. C. On est en train de réaliser les études qui détermineront ces spécificités. Mais en règle générale, la tendance est de réaliser des data center de plus en plus grands avec l’investissement qui suit en conséquence. Pour vous donner un ordre d’idée, MRS1 a coûté 48 millions d’euros, MRS2 75 millions et MRS3 est monté à 140 millions d’euros. Les sommes ne cessent d’augmenter mais c’est notre métier d’investir dans ces bâtiments stratégiques.