La corrida goyesque qui se tenait à l’occasion de la Feria du riz samedi 7 septembre en fin de journée dans les arènes antiques d’Arles (construites sous l’empire romain il y a 2000 ans) a tenu ses promesses. Le mano a mano de deux figures de la tauromachie, d’un côté l’Espagnol Enrique Ponce qui fait ses adieux au public français au soir de près de 35 ans de carrière, et le Français Sébastien Castella qui revient en tête des matadors les plus brillants, n’a pas pas atteint des sommets. Mais avec un total de cinq oreilles coupées, la partie fut plus qu’honorable.
Feria du riz : le vent perturbe la goyesque
Ponce (deux fois récompensé) a partagé encore toute sa classe malgré une première séquence ratée. Sébastien Castella, toujours déterminé et spectaculaire a encore montré qu’il méritait d’être sur le podium des meilleurs mondiaux cette année. Face à des toros pas toujours très volontaires pour entrer dans la danse, les deux torreros n’ont pas démérité, d’autant que le vent soufflant en rafale, n’a pas facilité leur tâche.
Mais l’ambiance spéciale de la goyesque ,avec un habillage particulier réalisé par le peintre Tom Garcia et le décorateur Christian Marti donnait un éclat particulier à la scène avec des barrières habillées de peintures et de reproduction de portraits réalisés par Francisco Goya. Mais il a manqué le grande grande fresque éphémère qui devait recouvrir la piste de sable, finalement enlevée avant le spectacle en raison du vent.
Le message des Arènes d’Arles samedi avant la corrida goyesque : « Voilà à quoi ressemblait la piste à midi aujourd’hui après le superbe travail de Christian Marti et Tom Garcia accompagnés de l’équipe des areneros pendant toute la nuit. Malheureusement, ce travail, le vent du sud a décidé de le faire disparaitre tout au long de l’après-midi… Pour la sécurité des toreros en piste et le confort des spectateurs, nous avons décidé d’enlever les restes de la sciure qui décorait la piste.»
Bravo à la soprano Muriel Tomao
Les gradins bien remplis (mais pas complets) ont pu apprécié le spectacle en musique avec le chœur d’Escandihado d’Arles, de l’orchestre Chicuelo II (Nîmes) et de la remarquable soprano Muriel Tomao. Ils ont su accompagné les passes au bon moment et avec les bons choix musicaux. L’Ave Maria sur la dernière faena de Sébastien Castellla fut magique. Et La Marseillaise en ouverture fut reprise en cœur comme en 2023 à le Feria de Pâques au moment où pesait une menace politique sur l’avenir de la corrida. La feria du riz qui fête la nouvelle récolte venue de Camargue se poursuit ce dimanche. Les traditions sont bien vivantes à Arles.
Feria du riz : la corrida goyesque 2024 en vidéo
La corrida goyesque et la feria du riz : Arles dans son ancrage culturel et territorial
Arles est une terre de traditions fortes ancrées dans une histoire riche à l’image de son positionnement géographique au débouché de la vallée du Rhône et en bordure de Méditerranée avec la Camargue en zone tampon. Ici les influences romaines se mêlent aux cultures hispaniques, occitanes et provençales dans une alchimie unique incarnée chaque année à l’occasion des ferias.
Celle du riz se tient en septembre célèbre les prémices de la récolte du grain d’exception des riziculteurs de Camargue. Elle succède à la Feria de Pâques en avril, la corrida goyesque, en hommage au peintre espagnol du 18e siècle grand amateur de tauromachie Francisco de Goya, est venue enrichir les festivités depuis 2005 à Arles. Elle habille avec des arts multiples la corrida du jour, tant par le décor que par la musique et les habits des toreros qui sont à cette occasion différents des habits de lumière d’une corrida classique. Des créateurs, décorateurs, peintres, architectes y sont intervenus comme Christian Lacroix, Lucien Clergue ainsi que Rudy Ricciotti.