Avec 142 000 habitants et la tradition historique d’une ville parlementaire et universitaire, Aix-en-Provence se distingue au sein de la Métropole comme un véritable moteur économique et culturel. Si la ville jouit indéniablement d’un vrai prestige sur le plan national et international, elle n’en reste pas moins sujette à des évolutions qui menacent son cadre de vie. La pollution engendrée par les axes routiers qui traversent la commune, l’étalement urbain, le manque de desserte du centre en transports publics, la bétonisation rampante du territoire, la difficulté d’accès au logement ou encore la minéralisation excessive du centre-ville font partie des sujets qui animent les débats de la campagne municipale.
Maryse Joissains : un sondage plutôt favorable
Longtemps le doute a-t-il plané sur la candidature de Maryse Joissains. Condamnée à une peine d’inéligibilité prononcée par la Cour d’appel de Montpellier l’an dernier, c’est seulement grâce à un pourvoi validé en cassation le 19 février dernier qu’elle doit sa capacité à briguer un quatrième mandat consécutif. Si l’on prend en compte le mandat effectué par Alain Joissains, mari de Maryse et maire UDF d’Aix de 1978 à 1983, l’idylle entre les Joissains et la cité du Roi René dure depuis 42 ans. Réélue en 2014 avec 37,8 % des voix dès le premier tour (52,6 % au second tour), Maryse Joissains déroule une campagne musclée, contre des adversaire qu’elle a notamment qualifiés de « brêles ».
La candidature de Maryse Joissains confortée par un sondage du 13 mars :
> Un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour La Provence et Sud Radio réalisé entre le 9 et le 11 mars sur un échantillon de 600 personnes selon la méthode des quotas place Maryse Joissains (LR) largement en tête, avec 33% des intentions de vote. Elle arrive loin devant la députée LREM Anne-Laurence Petel et le candidat de la gauche réunie (PCF, LFI, PS) Marc Pena (16 %). Derrière, Jean-Marc Perrin (DVD, 9%), Dominique Sassoon (EELV, 8%) et Nathalie Chevillard (RN, 8%) suivent. Les candidats Stéphane Salord (divers écologie, 5%) et Mohamed Laqhila (Modem, 0,5 %) semblent distancés.
Néanmoins, Maryse Joissains doit cette année faire face à une dissidence dans son propre camp. Membre LR de la majorité municipale depuis 2008 affecté au quartier de la Duranne, Jean-Marc Perrin a décidé de reprendre sa liberté à la faveur des démêlés de Maryse Joissains avec la justice – ce qui lui a valu de perdre ses délégations en novembre 2019. Dans cette campagne, il tente d’assumer le bilan d’une équipe dont il a fait partie, tout en se distanciant de ce qu’il considère comme la « dynastie » Joissains, dans un exercice d’équilibriste qui risque de priver la maire sortante de voix précieuses.
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La gauche réunie derrière Marc Pena, sans les écologistes
A l’instar du Printemps marseillais dans la cité phocéenne, la gauche aixoise part réunie sous la bannière « Aix en partage » dans cette élection. A la tête de cette liste regroupant notamment le PS, le PCF et LFI, Marc Pena est un candidat issu de la société civile et ex-président de l’Université d’Aix. Si la gauche n’a plus dirigé Aix depuis Jean-François Picheral, maire PS de 1989 à 2001, elle pourra s’appuyer sur les bons scores de son candidat Edouard Baldo en 2014, arrivé en deuxième position derrière Maryse Joissains (19,7 % des voix au premier tour, 36,5 % au second tour). Aix en partage fait notamment campagne sur le thème du logement, de l’environnement ou encore des transports.
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[Interview] Marc Pena (Aix en Partage) prône l’écologie sociale pour changer Aix
Malgré d’âpres négociation fin 2019, Aix en partage n’a pu sceller d’alliance avec EELV. Le parti écologiste a préféré partir seul, en portant à sa tête Dominique Sassoon. Encarté à LREM en 2017, ce chirurgien de profession n’est autre que le suppléant de la députée des Bouches-du-Rhône Anne-Laurence Petel, elle aussi candidate. Il doit faire face à une autre liste écologiste, portée quant à elle par Stéphane Salord, un ancien adjoint de Maryse Joissains et habitué de la politique aixoise. Il revendique le soutien de Génération écologie, du Mouvement des progressistes et d’Urgence écologie, et milite notamment pour une écologie du centre, faisant par exemple campagne sur le sujet de la qualité de l’air.
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Petel et Laqhila, députés centristes ambitieux
Les bons scores du mouvement présidentiel à Aix depuis 2017 ont-ils donné des idées ? En tout cas, Anne-Laurence Petel, élue députée de la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône (qui comprend le centre et le nord-est de la ville) en 2017 sous la bannière LREM, est bien candidate avec l’investiture du mouvement. Avec 39,5 % des voix obtenues aux législatives dès le premier tour (60,1 % au second tour), elle sera l’opposante principale de Maryse Joissains dans une ville qui avait voté à 73,6 % en faveur d’Emmanuel Macron au second tour des élections présidentielles. Les 29,1 % de vote aixois en faveur de la liste LREM aux élections européennes de 2019, arrivée largement en tête, n’ont fait que conforter l’assise du parti présidentiel à Aix.
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> Anne-Laurence Petel (LREM) : « Aix n’appartient pas aux Joissains »
> Le député Modem Mohamed Laqhila candidat à la mairie d’Aix en 2020
Toutefois, l’autre candidature centriste portée par Mohamed Laqhila, expert-comptable de carrière et député MoDem de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône (qui comprend le sud, l’ouest et le nord d’Aix) depuis 2017, pourrait créer une division des voix au centre de l’échiquier politique aixois. Enfin, Nathalie Chevillard, conseillère régionale RN, tentera de faire prospérer le vote d’extrême droite sur une terre qui lui est traditionnellement peu acquise (10,5 % des voix lors des municipales de 2014, 17,6 % lors des élections européennes), bien que le RN y soit en progression.
Ils sont également candidats :
> Jean Batista, ancien employé municipal, pour la liste sans étiquette « Pour Aix »
> Valérie Michon, maître de conférence à Aix-Marseille Université, pour la liste « Aix animaliste »
Document source : toutes les listes et tous les colistiers à Aix-en-Provence
Lien utile : [Vidéo] Revivez les débats télévisés entre candidats à Aix-en-Provence et Arles