Le salon Art-o-rama 2022 vient d’ouvrir ses portes à la Friche Belle-de-mai. 47 galeries de 18 pays dont 22 présentes pour la première fois accueillent collectionneurs, acheteurs occasionnels et public sur leur stand jusqu’au dimanche 28 août.
Première fois, première foire
Pour les visiteurs, venir à Art-o-rama, c’est certes découvrir des artistes mais aussi leurs galeristes, ceux et celles qui choisissent d’investir du temps, de l’argent, de l’énergie pour défendre leurs choix. À quelques heures de l’ouverture du salon au public, l’excitation grandit et l’émotion est palpable pour certains qui vivent leur première expérience de foire. Venu présenter le travail de Leontios Toumpouris, Tassos Stylianou de la galerie chypriote Eins est de ceux-là. Inspiré par sa terre natale et ses paysages mais aussi par le corps, Leontios Toumpouris met en place des rituels personnels et inattendus comme réciter des courts mantras lorsqu’il travaille aussi bien le verre fondu que l’acier ou la terre cuite. Quant à Tassos Stylianou de préciser qu’il souhaite également « prendre contact avec des artistes afin de les inciter à venir exposer à Limassol ».
C’est à Londres qu’Isaac Simon a ouvert sa galerie – South Parade – en décembre 2020. En 2021, il y exposait les oeuvres de James Fuller, rencontré à Mexico deux ans plus tôt. Aujourd’hui, c’est une première foire également pour lui, avec, raconte-t-il, l’envie de « montrer ces oeuvres à un plus grand nombre de personnes que Londres ». Et notamment ces étonnants panneaux, issus de matelas, légèrement rayés au laser et devant lesquels il faut trouver la bonne distance pour découvrir des images de hache, de bracelet de survie… tirées d’un référentiel de brevets abandonnés autour du thème de la protection individuelle.
En fondant la galerie associative Sissi Club après leurs études d’histoire de l’art à l’université Aix-Marseille, Élise Poitevin et Anne Vimeux ont souhaité trouvé « un “project space” pour exposer la jeune création et surtout la scène locale, raconte Anne Vimeux. Aujourd’hui, nous travaillons avec cinq artistes dont Inès di Folco ci-contre. Nous aidons également d’autres artistes à trouver ponctuellement le financement de leur production et nous continuons aussi nos travaux de recherche ». Et bien qu’elles aient déjà organisé des expositions, notamment avec les jeunes artistes de l’École supérieure d’art et de design de Marseille, participer à Art-o-rama est aussi pour elles une façon de poursuivre leur « questionnement sur la légitimité de curatrice, de galeriste et sur le statut de l’artiste ».
Art-o-rama 2022 : des paris réussis à renouveler
Quant aux galeries qui reviennent à Marseille, preuve qu’elles ont été satisfaites des éditions passées. Parmi la grande variété de propositions, on remarquera le travail minutieux de Théo Massoulier présenté par la galerie Meessen de Clerq (Bruxelles). À partir d’assemblages hétéroclites de reliquats technologiques, l’artiste crée, méticuleusement, une série de micro sculptures qui rencontre un grand succès auprès des visiteurs.
Fondée à Saint-Étienne en 2006, la galerie Ceysson & Bénétière est désormais implantée à Paris, Lyon, Luxembourg, New-York et représente plus d’une cinquantaine d’artistes. Cette année, elle accroche les toiles de Nicolas Momein, sa nouvelle série 2021-2022. Face à ces grands formats aux couleurs très vives, l’une des caractéristiques de l’artiste, on est tenté de se rapprocher pour comprendre la technique. On aperçoit par endroit la trame de la toile de chanvre à travers laquelle passe la peinture. C’est le verso que l’artiste enduit en premier, puis il revient sur le recto donner un effet tufté et carvé au tableau qui rappelle les tapisseries murales.
Nouveauté 2022 : la section Édition s’ouvre au design
« On n’y pensait depuis un certain temps » signale Jérôme Pantalacci. Et les exposants sont ainsi passés de 8 à 22, obligeant la section a grimpé au 3e étage. Ici, on peut repartir plus facilement avec un objet ou une pièce de mobilier édités en série limitée comme les lampadaires de 13 desserts (Paris), la serviette de Nadim Vardag chez And the éditions (Vienne), les mobiles de Javier Pividal avec Ogamipress (Madrid). Quant à la galerie Fracas (Bruxelles), elle a proposé à 9 artistes de travailler sur le thème du pot de fleurs. En céramique, en impression 3D, en aluminium, à poser ou à suspendre, ces 27 pots, d’une grande diversité à l’image des végétaux, sont parfaitement utilisables.
Fidèle d’Art-o-rama, l’atelier Tchikebe (Marseille) a accroché, entre autres, quelques constructions géométriques imaginaires de l’artiste Nathalie du Pasquier qui expose actuellement à la villa Savoye. Et puisqu’il est question d’architecture, les lampes en placoplâtre de Marion Maelander sont bien, comme elle l’inscrit en toutes lettres sur le mur de son stand, à emporter, ainsi que ses tables basses en acier thermolaqué inspirées des grilles des jardins publics.
Au final, si l’offre picturale est moins présente cette année, l’édition 2022 est plutôt plaisante et remarquable par la diversité des propositions. Jusqu’alors, après les quatre journées commerciales d’Art-o-rama en présence des galeristes, l’exposition des œuvres se poursuivait pendant une dizaine de jours. Désormais, le salon s’est recentré sur son objectif marchand. Quant à la version immatérielle dédiée aux œuvres numériques, elle est accessible sur immateriel.art-o-rama.fr
Informations pratiques et liens utiles :
Art-o-rama salon jusqu’au 28 août 2022 de 14h à 20h
Friche de la belle-de-mai – 41, rue Jobin – Marseille 2e
Programme détaillé en ligne sur https://art-o-rama.fr/fr/a-la-foire/
Tarifs : Entrée 5€/3€
Salon + toutes les expositions de la Friche 8€ / 5€
Conversations et films : entrée libre
Gratuité : voir liste sur le site
Les précédentes éditions d’Art-o-rama dans les archives de Gomet’