La Métropole Aix-Marseille Provence inaugure jeudi 1er septembre à Marseille sa première zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m). À compter de cette date, les automobilistes doivent mettre en évidence, sous leur pare-brise, une vignette Crit’Air notée de 0 à 4, ou disposer d’un justificatif provisoire de paiement, pour circuler ou stationner en toute quiétude dans le centre élargi de la cité phocéenne. Rendez-vous sur le site officiel dédié pour se procurer un certificat – montant total de la facture : 3,70 euros.
Pas de panique pour les retardataires. « Une période pédagogique s’étendra du 1er septembre au 1er octobre 2022 afin de faciliter l’appropriation de ces mesures », rassure la Métropole. Passé ce délai, en cas de circulation ou de stationnement non autorisé, ou en cas d’absence de certificat dans la ZFE-m, les propriétaires des véhicules s’exposeront à une amende forfaitaire. Elle s’élève à 68 euros pour les véhicules légers ou les deux-roues, et à 135 euros pour les poids lourds.
Qui est concerné ?
La ZFE-m de Marseille est permanente, et concerne toutes les catégories de véhicules motorisés. À savoir les poids lourds, véhicules utilitaires, voitures, deux roues, tricycles et quadricycles. Le niveau de votre vignette – de 0 à 5 – dépend des informations référencées sur votre carte grise (carburant, ancienneté etc.).
La Métropole précise que « des dérogations sont prévues pour certains véhicules : véhicules d’intérêt général, les véhicules de collection, de chantier, les véhicules affichant une carte mobilité inclusion ou carte de stationnement pour personnes handicapées, les véhicules des associations de bienfaisance ».
Une aire de 19,5 km² au cœur de Marseille
Le budget alloué à la ZFE-m marseillaise avoisine les 2,5 millions d’euros. Au total, il aura fallu aux services de la Métropole plus de trois ans d’études et de procédures, avec l’appui de la Ville de Marseille, pour accoucher d’un tracé définitif. Le périmètre de la ZFE-m est délimité par l’intérieur strict des axes Prado 2, Rabatau, Sakakini, Fleming, Plombières et Gèze – hors tunnels et passerelles. La zone s’étend sur 19,5 km² et englobe 314 000 habitants. Après une grande consultation publique lancée en début d’année par le tandem institutionnel, le conseil métropolitain a officiellement voté en juin la création de la ZFE-m.
Faire reculer le tout-voiture à Marseille
Déjà mise en place dans plusieurs grandes villes françaises comme Paris, Lyon ou encore Grenoble, la circulation différenciée vise avant tout à protéger la santé des populations locales en réduisant la pollution chronique liée au trafic routier. Celle-ci représente en métropole une des trois principales sources d’émissions d’oxyde d’azote (NOx) selon l’observatoire de la qualité de l’air AtmoSud.
La méthode ZFE-m consiste à exclure des voies fréquentées les véhicules les plus polluants, et à favoriser l’utilisation des modes doux. À Marseille, le développement du réseau de transports en commun devrait s’accélérer dans les prochaines années grâce au milliard du GIP Transport – une enveloppe de 256 millions d’euros en subventions et 744 millions d’euros en avances remboursables versés par l’État, principalement pour financer de nouvelles lignes de tramway et BHNS.
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Un déploiement progressif sur trois ans de la ZFE-m à Marseille
La ZFE-m de Marseille sera instaurée de manière progressive. En effet, les restrictions engendrées ne concernent aujourd’hui que les vignettes Crit’Air 5 et les véhicules non classés (les plus anciens, ceux qui n’entrent pas dans la classification). Selon la Métropole, 2% des véhicules personnels, 4,4% des poids lourds et 1% des véhicules utilitaires entrent dans ces deux catégories.
Dans un an, en septembre 2023, la ZFE-m perdra de sa perméabilité en interdisant l’accès aux Crit’Air 4, puis aux Crit’Air 3 à la rentrée 2024. Selon AtmoSud, les “mauvais élèves”, les véhicules Crit’Air 4-5 et non classés, ne représentent que 10% du parc automobile marseillais. À noter que la pastille de couleur verte, la Crit’Air 0, n’est attribuée qu’aux véhicules électriques ou à hydrogène. En 2025, la Métropole espère une diminution de 46% des émissions de particules fines.
Pollution de l’air : entre 67 000 et 100 000 décès par an en France
À la suite de la Loi d’orientation des mobilités (Lom) du 26 décembre 2019, la mise en place d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) est rendue obligatoire dans les territoires les plus exposés à la pollution. D’ici 2025, toutes les communes de plus de 150 000 habitants devront s’approprier le dispositif pour se plier aux exigences de la nouvelle loi climat et résilience.
Les principaux émetteurs de NOx à Aix-Marseille (crédit : AtmoSud)
Le transport routier, le transport maritime et l’industrie sont les trois principaux émetteurs d’oxyde d’azote (NOx) en métropole. À Marseille, près de 37 000 personnes sont exposées à un taux d’émissions polluantes supérieur aux valeurs limites européennes. Les décès prématurés liés à la pollution sont estimés à 2 500 chaque année – entre 67 000 et 100 000 en France d’après les dernières études scientifiques relayées par AtmoSud.
Les élus écolos marseillais veulent revoir le périmètre de la ZFE-m
Les élus écologistes marseillais saluent l’apparition d’une ZFE-m à Marseille, tout en rappelant dans un communiqué que ce dispositif est « imposé par l’État » et qu’il n’est donc pas de l’initiative des pouvoirs publics locaux. Le groupe emmené sur ce dossier par l’adjoint marseillais à la transition écologique, Sébastien Barles, regrette cependant le manque de considération sociale dans ce projet, et alerte sur les dangers de l’écologie punitive. « On ne peut pas forcer les ménages les plus modestes à changer de véhicule alors qu’ils n’en ont pas la capacité financière », estiment les élus écologistes.
Les enjeux de la ZFE-m et l’impact sur le vélo et l’impact sur les mobilités douces…
On en parlera lors des premières Rencontres du vélo et des mobilités douces
organisées par Gomet’ au Mucem le 14 octobre.
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Ils demandent des aides supplémentaires pour l’acquisition d’un véhicule propre – en plus de la prime à la conversion et du bonus écologique. Et un accompagnement des TPE-PME pour le retrofit des véhicules, ou l’acquisition de vélos-cargos. Plus globalement, les élus écologistes marseillais demandent à la Métropole d’accélérer le développement des alternatives à la voiture pour les professionnels et les particuliers. Ils souhaitent également élargir le périmètre de la ZFE-m aux tunnels (Joliette, Prado-Carénage, Prado Sud et Schloesing), ainsi qu’au port. Une manière de « lutter contre la pollution des navires et des navettes maritimes ».
Document source : le dépliant de la Métropole AMP sur la ZFE-m
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