Gomet’ apporte sa contribution en prélude au Congrès mondial de la nature avec la publication de dix avis d’experts de notre région qui éclairent à partir de leur expérience et de leurs analyses les problématiques territoriales. Ces textes ont été publiés dans notre Guide de l’élu éco-responsable qui a été adressé cet été à 752 décideurs de notre territoire. Après, le premier volet de notre série avec François Fouchier, délégué Provence Alpes Côte d’Azur du Conservatoire du littoral, c’est au tour d’Audrey Michel de nous livrer son analyse.
Audrey Michel
Audrey Michel est titulaire d’un diplôme en Environnement & chimie de l’Institut universitaire professionnalisé, Génie de l’environnement. Elle a commencé sa carrière dans l’association Autrement (Insertion et aménagement/gestion des espaces verts et naturels) comme chargée de mission. Elle est entrée à l’Arpe, l’Agence régionale pour l’environnement en 2005, où elle s’est occupée des problématiques d’emploi et de développement des métiers de l’environnement. En 2006, elle dirige le service « Écodéveloppement et projets territoriaux » et en 2019 « Transition écologique des territoires » au service des collectivités et de leurs actions de transition écologique toujours dans l’agence devenue Arbe, Agence régionale pour la biodiversité et l’environnement.
Les plantes, les animaux, les insectes… La nature est partout en ville et joue un rôle prépondérant dans la vie des habitants. La biodiversité nous nourrit, nous soigne, nous protège, nous inspire et nous réconforte… Elle est à l’origine même de la vie et doit être à tout prix préservée. La demande de nature des citoyens est de plus en plus forte, d’autant plus avec la crise du coronavirus. Les élus doivent donc répondre à cet enjeu avec en vue, le fait que la nature en ville apporte aussi de véritables solutions à la crise climatique. Alertes et pistes d’actions avec Audrey Michel, spécialiste écodéveloppement de l’Agence régionale de la biodiversité et de l’environnement (Arbe).
Des îlots de fraîcheurs face à la canicule des villes
Les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents et particulièrement impactant dans les grandes villes. Aussi, la multiplication des espaces naturels permet de créer des îlots de fraîcheur pour combattre ces hausses de températures. Les végétaux essentiellement les arbres jouent à plein leur rôle de séquestrateur de carbone améliorant ainsi de manière globale la qualité de l’air. Enfin, les végétaux sont des surfaces perméables qui offrent des points de rétention temporaire, de ralentissement de l’écoulement, voire d’infiltration des eaux pluviales. Ils limitent ainsi les risques d’inondations car les eaux de pluies sont absorbées par les végétaux et dans les sols permettant d’évacuer les surplus et d’éviter les débordements. Les communes et les collectivités sont de plus en plus conscientes qu’un environnement naturel est aussi un outil d’attractivité pour les nouveaux habitants et même les entreprises. On dit toujours que l’environnement coûte mais en fait, c’est plutôt un investissement très rentable pour l’avenir.
Inscrire la nature au cœur des documents d’urbanisme
Les maires des grandes comme des petites communes ont pour responsabilité de répondre au besoin d’habitat et d’urbanisme de leurs citoyens. Ils ont la main sur les documents d’urbanisme comme les plans locaux d’urbanisme (PLU) et doivent y inscrire des règles simples pour préserver leur environnement naturel. Avant toute chose, la commune doit élaborer un atlas communal de la biodiversité. Le principe est de réunir l’ensemble des acteurs locaux (élus, acteurs socio-économiques, grand public, associatifs) pour élaborer un inventaire précis et cartographié des habitats, de la faune et de la flore. L’État, la Région et différents organismes comme l’office français pour la biodiversité peuvent accompagner les municipalités dans ce travail qui fait gagner énormément de temps sur les politiques à mettre en place. De plus, c’est un excellent outil de base pour les campagnes de sensibilisation du grand public.
Lors de l’élaboration des documents d’urbanisme, les collectivités doivent également formaliser sur une carte les trames vertes et bleues du territoire. Les trames vertes suivent les espaces naturels, les forêts, les champs et les trames bleues suivent les cours d’eau. Ces trames sont des zones d’habitat naturel et de déplacements des animaux et ne doivent pas être perturbées par les constructions humaines. Les élus doivent associer des règles précises à ces trames. Parfois, ce travail est fait de manière encore un peu trop succincte.
Pour aider les collectivités, l’Arbe a aussi édité un guide « PLU (i) & biodiversité ». Ce document technique et pratique répond aux questions que se posent les collectivités dans le cadre de l’élaboration de leur document d’urbanisme : pourquoi intégrer la biodiversité dans mon projet de territoire ? Quels préalables à cette prise en compte, comment rédiger mon cahier des charges et sélectionner mon prestataire, quelles dispositions opposables et non opposables puis-je mettre en œuvre dans mon PLU (i) Le document d’urbanisme d’une commune ou d’une intercommunalité permet notamment de favoriser la nature en ville, via les orientations d’aménagements et de programmation (OAP). Par exemple, l’élu peut imposer un minimum d’espace de pleine terre sur une certaine zone de son territoire ou demander des compensations de végétalisation sur les bâtiments ou dans les résidences.